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Peuples Indigènes

5ème émission juin 2005

 

Bonjour à toutes, bonjour à tous. Le mois dernier, j’annonçais ainsi la présente émission :

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« Le 5ème épisode de juin 2005, intitulé « Peuples indigènes » insistera sur la diversité de notre monde et sera consacré à un monde qui fût le nôtre il y a très longtemps, et qui existe encore. Savez-vous que les peuples autochtones de notre planète représentent 300 millions de personnes, réparties en quelques 5000 groupes distincts, dont 70 groupes n’ont aucun contact avec le reste du monde. Parmi ces derniers, une cinquantaine se trouve en Amazonie. Nous parlerons des tribus de chasseurs-cueilleurs d’avant la révolution néolithique, il y a plus de 10 000 ans ».

 

Eh bien, je vous propose tout de suite une introduction sur ces peuples indigènes, appelés aussi avec des significations assez voisines, groupes autochtones, populations tribales, ou minorités ethniques, et, ensuite, pour bien vous imprégner, je vous propose un vaste tour du monde impressionniste d’une vingtaine de peuples, à travers, pour chacun d’eux, les mêmes questions : « Qui sont-ils ? Comment vivent-ils. A quels problèmes sont-ils confrontés ? ».

 

                   I.         Introduction

* Voilà, démarrons donc cette introduction avec quelques points qui leur sont communs : Ces minorités ethniques ou ces peuples indigènes, sont si nombreux qu'il est impossible de les nommer tous. Présents sur les cinq continents, ils représentent encore 300 millions de personnes, répartis dans plus de 70 pays dans le monde. 300 millions, c’est une goutte d'eau par rapport à ce qu'ils étaient au début du siècle. Ces peuples ont tout connu : colonisés, massacrés, dominés, chassés, dépouillés, conquis avec leur environnement dévasté…

Que leur reste-t-il ? Dans le monde entier, des colons se sont installés sur des terres qui ne leur appartenaient pas, puis en ont coupé les arbres.

L'industrie pétrolière a eu des effets désastreux sur la vie et l'environnement de ces peuples, les routes ont dévasté des territoires entiers. Les indigènes ont été tués par milliers à cause des épidémies apportées par les colonisateurs.

 

C'est en 1923 que la Société des Nations fut saisie pour la première fois de la question des communautés autochtones,...puis l’ONU a pris le relais. Afin de venir en aide et de soutenir ces peuples minoritaires, la Société Civile s’est mobilisée.

Pour cette émission, je m’appuierai sur l’association « Survival », de renommée internationale, qui soutient activement les organisations indigènes pour la défense de leurs terres et qui bénéficie d'un statut de consultant auprès des Nations unies, ce qui a permis à un grand nombre de représentants indigènes de faire connaître leurs problèmes. Enfin, son objectif est aussi d'accroître la prise de conscience du public pour un changement durable.

 

Quant à l’action de l’ONU : la protection des droits des peuples autochtones est un de ses récents volets d’activité. Bien que leurs cultures divergent, les divers groupes du monde entier ont les mêmes problèmes. Les peuples autochtones de par le monde se sont efforcés de faire reconnaître leur identité, leur mode de vie et leur droit aux terres et aux ressources traditionnelles. Or, leurs droits sont violés depuis toujours. La nécessité de prendre des mesures spéciales pour la protection de leurs droits est de plus en plus reconnue, cela concerne un large éventail de problèmes touchant les droits fondamentaux notamment dans les domaines de la santé, du logement et de l’éducation.

 

                 II.         Tour du Monde

Maintenant, partons pour notre tour du monde auprès de ces peuples, à travers 25 brèves escales : 7 africaines, 10 américaines, et enfin 8 asiatiques au sens large. Parmi ces 25 peuples visités, la moitié sont des chasseurs-cueilleurs. Il est bon de préciser que l'homme a vécu de chasse et de cueillette 99 % de son temps depuis son émergence, il y a bien longtemps sur notre terre.

 

  1. Partons tout de suite vers l'Afrique, vers l'Afrique méridionale au Botswana, où nous allons faire connaissance avec les Bushmen qui sont au nombre de 200 000. Ceux sont les plus anciens habitants de l'Afrique méridionale où ils vivent depuis au moins 20 000 ans. Leur habitat est le vaste désert du Kalahari. Ils sont constitués de groupes différents, on les désigne par les termes de Bushmen, ce qui signifie hommes de la brousse.

* « Comment vivent-ils ? » Les Bushmen sont des chasseurs-cueilleurs qui, pendant des milliers d'années, ont trouvé leur subsistance dans le désert grâce à leurs connaissances et à leurs compétences. Ils chassent, principalement plusieurs espèces d'antilopes, mais leur nourriture quotidienne a toujours été surtout constituée de fruits, baies et racines du désert. Ils se construisent des abris de bois temporaire. Beaucoup d'entre eux ont été forcés de quitter leur territoire et de vivre dans des villages situés dans des zones impropres à la chasse et à la cueillette ; ils doivent faire un peu de culture ou travailler dans des fermes.

« A quels problèmes sont-ils confrontés ? » Le territoire des Bushmen a été envahi par les éleveurs bantous il y a environ 1500 ans et par les colons blancs ces 100 dernières années. Depuis cette époque, ils doivent faire face à la discrimination, à l'expulsion de leurs terres ancestrales, aux meurtres et à l'oppression qui ont abouti à un génocide massif, mais dont on ne parle pas, qui a réduit leur nombre de plusieurs millions à 100 000. Au Botswana, les Gana et les Gwi de la réserve de gibier du Kalahari central sont parmi les plus persécutés. Ils n'ont aucun droit sur leur terre et le gouvernement du Botswana tente depuis 16 ans de les faire partir de force de leur habitat ancestral.

 

   

 

 

  1. Notre 2ème escale nous conduit au Kenya et en Tanzanie à la rencontre des Maasaï, qui sont quelque 300 000. Les Maasaï, éleveurs et guerriers réputés, ont autrefois dominé les plaines de l'Afrique orientale. Ils sont maintenant confinés dans une infime partie de leur ancien domaine.

* « Comment vivent-ils ? » Pour les Maasaï, le bétail est ce qui rend la vie belle ; la viande et le lait sont les meilleurs aliments. Leur idéal était de ne vivre que du bétail mais à présent ils doivent aussi pratiquer l'agriculture. Et les Maasaï ont été de plus en plus forcés de se sédentariser dans des villages et beaucoup d'entre eux sont contraints de chercher un travail salarié.

« A quels problèmes sont-ils confrontés ? » Depuis la période coloniale, la plupart des terres Maasaï ont été accaparées au profit de fermiers et de domaines privés, de projets gouvernementaux ou de parcs consacrés à la vie sauvage. Il ne leur a été laissé que les terres les plus arides et les moins fertiles. Ceux sont des éleveurs très efficaces qui ont rarement plus d'animaux que ne l'exigent leurs besoins ou que la terre ne peut en supporter. Mais le sol a été surexploité et la majorité de Maasaï, à qui trop peu de terres ou les plus mauvaises ont été laissées, se sont considérablement appauvris.

 

 

 

 

 

 

  1. Notre 3ème étape nous conduit en Afrique occidentale au Cameroun où vivent les1,85 millions de Mbororo, qui appartiennent au groupe des Fulani, l'un des plus importants groupes ethniques d'Afrique occidentale. Ils vivent dans au moins 18 états africains dont le Nigéria, le Niger, la Guinée, le Sénégal, le Mali, la Mauritanie et le Cameroun. Parmi les 1,85 millions de Mbororo qui vivent au Cameroun, 120 000 à 130 000 d'entre eux vivent sur les prairies du plateau de Bamenda dans la province du nord-ouest.

* « Comment vivent-ils ? » Contrairement à la majorité des Fulani, les Mbororo ont conservé leur mode de vie pastoral, élevant leur bétail dans les vastes prairies du plateau. Ils sont fiers de leur identité et de leur culture qui enseigne l'indépendance, la discrétion et le contrôle de soi. Ils se sont convertis à l'islam durant le siècle dernier. Ils sont longtemps restés à l'écart des autres peuples, mais sont désormais dans une période de transition qui passe pour certains d'entre eux par la scolarisation de leurs enfants et l'abandon progressif de l'agriculture et de l'élevage.

« A quels problèmes sont-ils confrontés ? » L'installation de colons sur leurs pâturages communaux et l'intensification de leurs activités agricoles et pastorales génèrent de nombreux conflits territoriaux. Les politiques officiels marginalisent leur mode de vie pastoral. De plus les Mbororo de la province Nord Ouest sont en proie aux agissements de gros éleveurs et des politiciens qui tentent de gagner le contrôle de leurs terres.

 

 

 

 

 

 

  1. Notre 4ème étape nous conduit en Ethiopie à la rencontre de trois ethnies : les Mursi qui sont entre 8000 et 10000, les Bodi entre 5000 et 6000 et les Konso quelques 200 000. Ces trois peuples du sud-ouest de l'Éthiopie vivent à 500 km les uns des autres. Tous trois ont leur propre système politique démocratique fondé sur la division en classes d'âge, où chaque groupe, de l'enfance à l'âge le plus avancé, a ses propres responsabilités.

* « Comment vivent-ils ? » Les Mursi et les Bodi vivent dans les environs de la vallée de la rivière Omo. Ils collaborent et commercent entre eux et se livrent parfois à des conflits. Ces deux peuples vivent d'agriculture, majoritairement du sorgho. Cependant en raison de l'instabilité de l'agriculture due à la sécheresse de la région, ils dépendent également de l'élevage. Par contre les Konso vivent dans les montagnes au sud du lac Chamo. Grands fermiers, ils ont développé un système de terrasses où ils cultivent entre autres du coton qu'ils tissent pour en faire un vêtement local exporté dans le reste de l'Ethiopie. Ils formaient dans le passé des communautés indépendantes et ont gardé un fort sentiment identitaire.

« A quels problèmes sont-ils confrontés ? » Le manque d'eau et la désertification progressive de l'environnement des Mursi et des Bodi provoquent des conflits dont la terre est le principal motif. De plus en 2004, plus de 2000 colons Konso ont été déplacés sur le territoire des Bodi par le gouvernement éthiopien. Ces méthodes ne peuvent qu'exacerber la situation. Dans un environnement inhabituel, les colons Konso sont de leur côté victimes de malaria et d'autres maladies.

 

 

  1. Notre 5ème étape africaine nous conduit au Soudan, à la rencontre des Nuba qui sont environ un million. Alors au Soudan central, les monts Nuba se dressent abruptement au-dessus de la plaine sans former une chaîne continue. Ils constituent l'habitat de groupes indigènes totalisant environ un million de personnes. On désigne ceux-ci par le nom de Nuba qui sont en fait très diversifiés et parlent une cinquantaine de langues différentes.

* « Comment vivent-ils ? » Les Nuba sont des fermiers très compétents qui cultivent sur des terrasses à flanc et, quand la paix le permet, dans les plaines fertiles ; ils ont aussi du bétail. Ils honorent les morts et respectent leurs chefs religieux qui sont aussi guérisseurs.

« A quels problèmes sont-ils confrontés ? » Pendant des siècles, les Nuba ont du se défendre contre les recruteurs d'esclaves et autres ennemis. A partir des années 1960 leurs plaines ont été accaparées par d'énormes fermes commerciales. Ceux qui refusent d'abandonner leurs terres sont harcelés, emprisonnés ou assassinés. Les Nuba sont aussi pris en tenaille dans la longue guerre civile qui met aux prises le gouvernement et les rebelles du sud, leurs villages sont bombardés, beaucoup sont assiégés, la population est déportée et internée.

 

 

 

 

 

 

   

  1. Notre 6ème et avant-dernière étape africaine nous conduit au Kenya à la rencontre des Ogiek, qui sont environ 20 000. C’est l'un des derniers groupes de chasseurs-cueilleurs de l'Afrique de l'Est. Depuis des temps immémoriaux, ils habitent la forêt des monts Mau surplombant la vallée kenyane du Rift.

* « Comment vivent-ils ? » Ceux qui vivent dans la forêt profonde ne pratiquent que la chasse et la cueillette mais la majorité cultive des légumes et élève du bétail. Traditionnellement ils chassaient les antilopes et les porcs sauvages, ce qui est devenu illégal. Ils cueillent des plantes sauvages et recueillent le miel des ruches aménagées dans des tronçons d'arbres creux qu’ils placent dans les branches élevées des arbres. Le miel occupe une place importante chez les Ogiek, il est utilisé comme aliment, pour fabriquer la bière et pour commercer avec des populations voisines, hors de la forêt.

« A quels problèmes sont-ils confrontés ? » Dès les débuts de l'ère coloniale, il y eut des tentatives pour chasser les Ogiek de leurs forêts ancestrales, sous prétexte qu’ils la dégradaient. Cependant , le départ des Ogiek ne protège pas leur forêt qui est livrée à l'exploitation forestière et aux plantations de thé, parfois propriétés de fonctionnaires du gouvernement.

 

 

 

 

 

 

 

  1. Pour notre 7ème et dernière étape africaine, nous allons en Afrique centrale et occidentale à la rencontre des 250 000 Pygmées. Il y a de nombreux groupes Pygmées qui vivent disséminés dans une vaste région de l'Afrique centrale et occidentale, en République démocratique du au Congo, au Cameroun, au Gabon, en République Centrafricaine, au Rwanda, au Burundi et en Ouganda. Dans beaucoup * d'endroits, ils sont reconnus comme les premiers habitants de la région. Les différents groupes Pygmées parlent des langues distinctes.

« Comment vivent-ils ? » Les Pygmées sont des gens de la forêt qu'ils connaissent et dont ils connaissent intimement la faune et la flore. Ils sont chasseurs d'antilopes, de porcs sauvages et de singes ; ils pêchent, récoltent le miel, les ignames sauvages, les baies et d'autres végétaux. Tous les groupes Pygmées ont des liens étroits avec les agriculteurs villageois voisins et travaillent pour eux : en échange des produits de la forêt, ils reçoivent des plantes cultivées et d’autres marchandises.

« A quels problèmes sont-ils confrontés ? » Les Pygmées voient leur forêt tropicale humide menacée par les coupes de bois ; eux-mêmes sont chassés par les colons. En certains endroits ils ont été expulsés et leur terre a été déclarée parc national. Ils sont continuellement privés de leurs droits par le gouvernement qui ne considère pas ces habitants de la forêt comme des citoyens égaux.

 

 

 

 

 

 

  1. Notre 8ème étape va nous conduire aux Amériques pour une dizaine d'escales. Elle va nous conduire au Brésil à la rencontre des Awa, qui sont quelque 300. C 'est une des dernières populations nomades * du Brésil mais pour elle comme pour beaucoup d'autres, ce nomadisme en soirée est le résultat de la fuite devant les persécutions et du choix de l'isolement comme refuge dans les forêts, aujourd'hui dévastées, de l'Est amazonien. Ils sont en grave danger d'être tous anéantis.

« Comment vivent-ils ? » Au tout début du 19e siècle, les Awa ont abandonné la vie sédentaire et l'agriculture pour la vie nomade afin d'échapper aux violentes attaques des envahisseurs européens. Tous assurent leur subsistance par la chasse et la cueillette. Les groupes nomades, très mobiles, ne comportent pas plus de 20 ou 30 personnes. Lors de leurs déplacements, ils conservent les braises de leurs feux qu'ils rallument quand ils trouvent un nouvel endroit pour s'installer.

« A quels problèmes sont-ils confrontés ? » Durant les 100 dernières années, les Awa ont été victimes des tentatives d'extermination, perverses et systématiques, de la part des fermiers et des colons. Nombre de ceux qui sont en contact avec l'extérieur, sont les survivants de massacres et gravement traumatisés. Ils resteront vulnérables tant que leur terre ne sera pas légalement protégée. L'accroissement des empiètements de leur territoire par l'industrialisation, les fermiers et les colons expose les Indiens à la violence et aux maladies.

 

 

 

 

  1. Notre 9ème étape va nous conduire au Paraguay et en Bolivie à la rencontre des Ayoreo, qui sont quelque 5000. C 'est l'une des 18 ethnies indigènes vivants au Paraguay. Leur habitat traditionnel est le Chaco, une vaste région de forêts broussailleuses entrecoupées de rivières et de *marécages.

« Comment vivent-ils ? » Les Ayoreo sont des chasseurs-cueilleurs nomades qui habitaient autrefois une grande région de forêts et de brousse épineuse. Ils connurent leur premier contact durable avec les blancs quand des fermiers mennonites établirent des colonies sur leurs terres. La majorité du territoire Ayoreo est maintenant aux mains de propriétaires fonciers qui louent des équipes de travailleurs pour abattre les espèces d'arbres les plus rentables et introduisent le bétail sur la terre défrichée.

« A quels problèmes sont-ils confrontés ? » Pendant les années 1970 et 1980, les Ayoreo furent confrontés à une intense activité missionnaire qui encourageait ceux qui étaient convertis à poursuivre en forêt leurs ennemis traditionnels, les groupes nomades pour les amener de force à leur base. Il en est résulté de violents conflits. Leur terre fût aussi presque totalement confisquée par les fermiers, les indigènes ont beaucoup souffert de ce vol et, chassés de leurs forêts, eurent les plus grandes difficultés à assurer leur subsistance.

 

  1. Notre 10ème étape va nous conduire au Paraguay à la rencontre des peuples Enxet (prononciation Enklet), qui sont 17000. C 'est l'une des nombreuses populations indiennes du Paraguay. Leur habitat traditionnel se trouve aussi dans les forêts broussailleuses du Chaco.

* « Comment vivent-ils ? » Ils étaient autrefois des chasseurs-cueilleurs auto subsistants mais sont maintenant devenus des ouvriers agricoles exploités dans les grandes fermes d'élevage qui ont absorbé leurs terres. Ils arrivent à se nourrir, au moins en partie, grâce à la chasse et à la cueillette. Certains essaient encore de vivre de ces activités en y ajoutant la culture de quelques légumes.

« A quels problèmes sont-ils confrontés ? » La terre des Enxet a été presque entièrement accaparée par les éleveurs qui ont abattu d'énormes zones de leurs forêts, souvent délibérément pour rendre la terre impropre aux activités de chasse et de cueillette. Ces dernières années, ils ont été soumis à un harcèlement et à des violences extrêmes pour leur faire quitter la terre qu'ils occupent encore ou pour qu'ils y meurent de faim.

 

 

 

 

 

 

 

  1. Restons en Amérique du Sud pour notre 11ème escale à la rencontre des quelques 80 000 Guarani. Les Guarani font partie de la grande famille linguistique Tupi en Amérique du Sud. Ils sont constitués de groupes différents, même à l'intérieur des pays où ils vivent. Ils sont parmi les premiers peuples contactés par les Européens à leur arrivée en Amérique du Sud, il y a plus de cinq siècles. Ils sont environ 40 000 au Paraguay et 30 000 au Brésil ce qui fait d'eux la plus nombreuse population indigène du pays ; d'autres Guarani vivent dans les terres voisines d'Argentine et de Bolivie.

* « Comment vivent-ils ? » Les Guarani sont profondément spiritualistes. Malgré leur division en différents sous-groupes, tous partagent une religion qui place la Terre au-dessus de tout. Chaque communauté a une maison de prière et un leader religieux dont l'autorité est plus fondée sur le prestige que sur le pouvoir formel.

« A quels problèmes sont-ils confrontés ? » Les Guarani du Brésil ont terriblement souffert du vol de presque toutes leurs terres ; ils considèrent que cela constitue une offense contre leur religion aussi bien qu'une destruction de leur mode de vie et de leurs moyens d'existence. Des milliers d'entre eux sont maintenant entassés sur de très petites parcelles de plus en plus cernées par les fermes d'élevage et les plantations. La terre dont ils disposent n'est pas suffisante pour qu'ils puissent subsister de leurs activités traditionnelles : la chasse, la pêche et l'horticulture. Ce qui cause leur exploitation par les fermiers et les propriétaires comme main-d'œuvre bon marché.

 

 

 

 

 

  1. Restons au Brésil pour notre 12ème escale, à la rencontre des 350 000 Indiens répartis en 215 groupes. On estime qu'entre 5 et 13 millions de personnes réparties en au moins 1000 groupes vivaient au Brésil lorsque les Européens y débarquèrent en 1500. Cinq siècles de massacres, de tortures, de maladies et d'exploitation ont ravagé cette population indigène. Aujourd'hui le Brésil ne compte plus que 350 000 Indiens répartis donc en quelques 200 groupes dispersés dans toutes les régions de ce vaste pays.

* « Comment vivent-ils ? » Actuellement les indiens du Brésil constituent des sociétés très diverses, vivant dans des environnements aussi variés que des forêts tropicales humides, des savanes, des forêts d'épineux ou des déserts. Leur expérience de contacts avec les Européens est également très variée : certains d'entre eux sont en contact avec les Blancs depuis cinq siècles, d'autres ne le sont que depuis très récemment, enfin certains groupes demeurent encore isolés. La plupart des Indiens du Brésil vivent de chasse, de pêche, de cueillette et d'agriculture itinérante. Seuls les groupes non contactés comme les Awa et les Maku d'Amazonie sont totalement nomades et vivent exclusivement de chasse et de cueillette.

« A quels problèmes sont-ils confrontés ? » Depuis l'arrivée des Européens, les Indiens du Brésil ont subi un génocide à très grande échelle et ont été spoliés de la plupart de leurs terres par les propriétaires terriens, les industriels, les mineurs ou les colons. Ils meurent toujours, soit des maladies transmises par les envahisseurs, soit de malnutrition lorsqu'ils sont privés de leurs territoires de chasse, ou bien encore de la violence perpétrée par les hommes de main recrutés par les fermiers et les propriétaires terriens pour les chasser de leurs terres. Un racisme profondément enraciné vis-à-vis des Indiens est à l'origine de cette situation et l'exigence première des Indiens est de pouvoir exercer le contrôle de leurs terres.

 

   

  1. Notre 13ème escale nous conduit au Canada à la rencontre des Innu qui sont quelque 15 à 20 000. Ce sont les indigènes de la plus grande partie de la péninsule du Labrador au Canada. Ils ne sont pas apparentés aux Inuits, qu'on appelait aussi les Esquimaux, qui vivent plus au nord.

* Le territoire traditionnel des Innu qu'ils occupent depuis des millénaires est une vaste région de forêts de conifères, de lacs et de rivières.

« Comment vivent-ils ? » Jusqu'à la seconde moitié du XXème siècle, ils étaient des chasseurs nomades. La plus grande partie de l'année, les cours d'eau étaient gelés et ils devaient se déplacer en petits groupes de deux ou trois familles sur des raquettes à neige, poussant des traîneaux. A la fonte des glaces, ils se rendaient en canoë sur la côte ou sur une grande île lacustre pour pêcher, commercer, retrouver leurs parents et amis. Ils chassaient l'ours, le castor et le porc-épic, pêchaient et cueillaient des baies mais vivaient aussi sur les troupeaux de caribous qui migrent à travers leur territoire au printemps et à l'automne. Jusqu'à très récemment, les Innu obtenaient tout ce dont ils avaient besoin du caribou. A présent, de nombreuses Innu ont été sédentarisés dans des villages.

« A quels problèmes sont-ils confrontés ? » Durant les années 1950 et 1960, les Innu nomades subirent les pressions du gouvernement canadien, de l'église catholique pour se fixer dans les villages. La vie sédentaire en communautés est traumatisante et marquée par un haut degré d'alcoolisme, de drogue chez les enfants, de violence et un taux record de suicides. Beaucoup d'Innu lutte toujours pour retrouver leur mode de vie traditionnel mais c'est devenu très difficile, le gouvernement attribuant des concessions minières sur leurs terres, inondant le cœur de leur territoire pour la construction d'usines hydroélectriques et sillonnant le reste par des routes.

 

 

  1. Restons encore au Brésil pour notre 14ème escale, au Brésil et au Guyana à la rencontre des Macuxi qui sont quelques 24 000. Ce sont des chasseurs et des *agriculteurs vivant dans la région montagneuse à la frontière du Brésil et du Guyana.

« Comment vivent-ils ? » La terre des Macuxi est une magnifique région montagneuse couverte de forêts de savanes tropicales où ils élèvent du bétail. Pendant les longs mois de la saison sèche, ils chassent et pêchent dans toutes les rivières qui ne sont pas asséchées et rendent visite aux villages du voisinage.

« A quels problèmes sont-ils confrontés ? » Dés le début de la colonisation au XVIIIème siècle, les Macuxi ont enduré de terribles violences et le vol de leurs terres. Aujourd'hui ils souffrent particulièrement de l'invasion des fermiers et des orpailleurs qui non seulement détruisent leurs terres et leur apportent des maladies, mais les traitent avec une extrême brutalité ; certains fermiers engagent des hommes de main pour les intimider ou les assassiner. L’armée brésilienne constitue maintenant une nouvelle menace pour le Macuxi par la militarisation de la région.

 

 

 

 

 

 

 

  1. Restons toujours au Brésil pour notre 15ème escale avec les Yanomami, les 27 000 Yanomami qui habitent la forêt tropicale humide à la frontière entre le Brésil et le Venezuela. Il n’est pas possible de dire avec certitude, depuis combien de temps ils occupent cette terre *mais il est probable qu'ils y sont depuis les débuts du peuplement de l'Amérique du Sud, vieux peut-être de cinquante mille ans.

« Comment vivent-ils ? » Chaque communauté Yanomami vit dans une très grande maison collective, qui peut abriter jusqu'à 400 personnes, bien qu'ils soient généralement moins nombreux. Les Yanomami se nourrissent du produit de leur chasse, de leur pêche, de leur cueillette et aussi des plantes cultivées dans de vastes jardins défrichés dans la forêt. Les sols amazoniens n’étant pas très fertiles, les jardins se déplacent tous les deux ou trois ans. 60 espèces environ poussent dans les jardins dont une vingtaine utilisés dans l'alimentation, le reste servant à l'artisanat, à la pharmacopée ou à la fabrication d'objets rituels. Le gibier est toujours échangé entre les voisins et les familles, celui qui l’a tué ne le consomme pas mais reçoit sa part d’un autre chasseur.

« A quels problèmes sont-ils confrontés ? » Durant les années 1970 et 1980 les Yanomami ont considérablement souffert de l'invasion des chercheurs d'or sur leurs terres. En 20 ans 20 % d'entre eux sont morts. De plus le Brésil refuse toujours de leur reconnaître la propriété de leurs terres, malgré le droit international dont ce pays est signataire.

 

 

 

  1. Notre 16ème escale nous conduit vers le Sud Est du Pérou à la rencontre des Yora, qui sont probablement entre 500 et 1000. C’est une des populations indigènes isolées de la forêt tropicale humide du sud-est péruvien. Leur territoire se trouve dans une région isolée où *prennent leur source plusieurs affluents de l'Amazone.

« Comment vivent-ils ? » Comme d’autres populations indigènes, les Yora se sont enfuis pour se réfugier dans cette région, il y a une centaine d’années. Ils ont ainsi tenté d'échapper aux massacres, à la chasse aux esclaves et aux maladies à l'époque du « boom » du caoutchouc. Aujourd'hui, ils s'isolent volontairement et évitent le contact avec le monde extérieur. Ils sont nomades, vivant en petits groupes familiaux qui se déplacent fréquemment. Pendant la saison sèche, ils se rapprochent des rivières pour pêcher plus facilement et ramasser les œufs de tortues sur le sable des berges ; ils se retirent dans la profondeur de la forêt à la saison des pluies pour chasser et cueillir les fruits, les baies et les noix d’Amazonie.

« A quels problèmes sont-ils confrontés ? » Dans les années 1980 le territoire des Yora a été envahi par la compagnie pétrolière Shell puis en 1996 ce fût la compagnie Mobil qui explora la région, mais la protestation internationale l’obligea à se retirer et contraint également le gouvernement à déclarer la région « réserve indigène ». Les compagnies d'exploitation du bois qui opèrent à proximité font de très fortes pressions sur le gouvernement pour y pénétrer.

 

 

 

 

 

  1. La 17ème escale la dernière américaine nous conduira vers les Wichi.

* Les quelque 40 000 Wichi en Argentine et en Bolivie. Depuis des millénaires, ils occupent le nord de l'Argentine et avec d'autres groupes indiens, ils vivent près des frontières entre l'Argentine, le Paraguay et la Bolivie.

« Comment vivent-ils ? » Traditionnellement les Wichi sont des chasseurs, pêcheurs et cultivateurs. Autrefois, les forêts et les prairies fertiles de leur territoire leur procuraient tout ce dont ils avaient besoin. Mais l’introduction du bétail a transformé celui-ci en un désert sablonneux et aride les rendant vulnérables à des périodes de disette et même de famine, et plus dépendants pour leur survie, d'emplois occasionnels chez les étrangers.

« A quels problèmes sont-ils confrontés ? » Ces cent dernières années, leur territoire a été systématiquement envahi, les coupeurs de bois ont abattu la forêt, les colons ont introduit le bétail. Non seulement le bétail désertifie la terre mais pénètre dans les petites parcelles que les Wichi ont réussi à maintenir et détruit leur culture. Les Indiens ont été privés de leurs terres et de leurs moyens d'existence.

 

 

 

 

 

  1. Après l’Afrique et les Amériques notre 18ème escale va nous conduire vers l'Asie, vers l'Indonésie et plus précisément vers la Papouasie, où nous allons connaître rapidement un million de Papous répartis en 250 ethnies. La Papouasie, moitié ouest de l'île de Nouvelle Guinée, fait officiellement partie de l'Indonésie. L'île possède une extraordinaire diversité linguistique et culturelle, ne comprenant que 0,1% de la population mondiale elle représente 15% de toutes les langues connues. Mis à part le Brésil, l'île est l'endroit du monde où se trouve le plus grand nombre de populations non contactées. Au total, les indigènes se répartissent en 250 ethnies environ.

* « Comment vivent-ils ? » La région centrale montagneuse de la Papouasie est l'habitat des populations des hautes terres qui élèvent des porcs domestiques et cultivent des patates douces, celles des basses terres vivent dans les régions côtières, marécageuses et impaludées, où elles chassent un gibier abondant et cueillent des végétaux sauvages. Certaines langues indigènes sont apparentées entre elles mais d'autres sont complètement distinctes les unes des autres. Les populations papoues sont ethniquement différentes des Indonésiens qui contrôlent leur pays.

« A quels problèmes sont-ils confrontés ? » Les Papous ont grandement souffert de la violente occupation indonésienne depuis 1963. L 'armée indonésienne s'est rendue coupable de nombreuses violations des droits de l'homme, les militaires, racistes, considérant généralement les indigènes à peine plus que des animaux. Les ressources naturelles du pays ont été exploitées pour le plus grand profit du gouvernement indonésien et des milieux d'affaires étrangers mais aux dépens des Papous et de leurs terres.

 

 

 

 

  1. Notre 19ème escale va prolonger notre séjour en Papouasie, puisqu’en fait nous allons découvrir les 13000 Amungme, qui sont une des 250 ethnies indigènes *des hautes terres, vivant dans la région centre sud de la Papouasie.

« Comment vivent-ils ? » Le climat de leur région est froid et humide. Ils sont essarteurs (agriculteurs sur brûlis), chasseurs, éleveurs de porcs et cueilleurs de racines, noix et baies. Ils attachent beaucoup d'importance sociale à la générosité et à la réciprocité. Les pics montagneux qui entourent leurs terres sont leurs sites les plus sacrés.

« A quels problèmes sont-ils confrontés ? » Comme tous les peuples indigènes de la Papouasie, les Amungme ont grandement souffert de l'oppression et de la violence depuis l'invasion indonésienne dans les années 1960. Ils ont aussi particulièrement souffert de l'installation d'un énorme complexe minier d'extraction de cuivre et d'or dans leur territoire. Les propriétaires anglo-américains des mines ont détruit leurs montagnes sacrées. L'armée indonésienne réprime violemment les protestations.

 

 

 

 

  1. Notre 20ème escale va nous conduire vers l’Inde, vers les îles Andaman, dont il a été question lors du tsunami de décembre 2004. Et là nous allons découvrir les quelques 200 à 300 personnes estimées du peuple Jarawa.

* C’est un peuple isolé, sans contact avec les étrangers, vivant dans les îles Andaman de l'Océan indien. Durant les 150 dernières années, des colons britanniques et indiens se sont installés sur leurs îles mais les Jarawa ont choisi de se maintenir dans un isolement presque total. Leur apparence est très différente de celle de leurs voisins Indiens et les tests d'ADN suggèrent un apparentement avec les Africains.

« Comment vivent-ils ? » Du fait de leur isolement volontaire et qu'aucun étranger ne parle vraiment leur langue, on sait très peu de choses sur eux. Nous savons qu'ils vivent de la chasse, notamment des cochons sauvages et des « lézards moniteurs », qu'ils pêchent avec des arcs et des flèches, qu'ils cueillent des graines, des baies et collectent du miel. Ils sont nomades, groupés en bandes de 40 à 50 personnes. Ils ont résisté à tout contact jusqu'en 1998 quand certains d'entre eux sortirent de la forêt pour visiter les villes et les villages voisins, surtout des femmes et des enfants. Ils continuent à vivre en auto subsistance dans la forêt.

« A quels problèmes sont-ils confrontés ? » Les menaces principales sont constituées par les empiètements sur leur territoire – fragmenté, depuis 1970 par la construction d'une route à travers la forêt – et le risque surtout de sédentarisation forcée. La sédentarisation forcée fut fatale à d'autres peuples des îles Andaman, comme elle l'est, partout dans le monde, aux populations jusque-là isolées, elle introduit toujours des maladies, détruit la conscience identitaire et le sens de l'appartenance sociale, prive les populations de leur autosuffisance et les livre sans défense à l'alcoolisme et au désespoir.

 

   

  1. Notre 21ème escale sur les 25 prévues, va nous conduire au Bangladesh, à Chittagong Hill Tracts, où nous allons voir les Jumma, qui sont approximativement 600 000, c’est le nom collectif donné aux onze tribus des Chittagong Hill Tracts au Bangladesh.

*Les Chakma et les Marma sont bouddhistes, les autres tribus sont hindouistes ou pratiquent leurs propres religions.

« Comment vivent-ils ? » Les Chittagong Hill Tracts sont une région montagneuse et accidentée rendant toute culture difficile. Pour tirer le meilleur parti des pentes escarpées de leur territoire, les Jumma pratiquent l’agriculture sur brûlis, cultivant de petites parcelles durant un cycle annuel avant de se déplacer vers de nouvelles parcelles, laissant les anciennes en jachère.

« A quels problèmes sont-ils confrontés ? » Le gouvernement du Bangladesh a longtemps considéré la région des Chittagong Hill Tracts comme une terre vierge où il pouvait installer les Bengali pauvres et sans terre et n’a apparemment aucune considération pour les Jumma, qui en sont pourtant les habitants originels. Tout en ayant été chassés par ces derniers auxquels on attribue les meilleures terres, les Jumma ont longtemps été confrontés à une violente répression de l’armée. Depuis l’indépendance obtenue en 1971, les Jumma ont été assassinés, torturés, violés et ont vu leurs villages incendiés au cours d’une campagne génocidaire. Cependant, bien que la situation se soit quelque peu améliorée, les Jumma continuent de subir des violences et la spoliation de leur terre.

 

  1. Notre 22ème escale, pas très loin du bout, va nous conduire en Malaisie, au Sarawak, à la rencontre des Penan qui sont quelques 10 000 (dont 350 à 500 nomades). Ils vivent au Sarawak, dans la partie malaisienne de l'île de Bornéo, le plus grand des Etats de Malaisie.

* Ce territoire est recouvert d'une dense forêt tropicale et son sous-sol est extrêmement riche en ressources naturelles comme le gaz et le pétrole. Les Penan sont l'un des nombreux peuples indigènes du Sarawak, mais ils sont les seuls nomades.

« Comment vivent-ils ? » Les Penan sont des chasseurs-cueilleurs nomades. Bien que nombre d'entre eux soient désormais sédentarisés, près de 500 Penan nomadisent encore dans la forêt. Les Penan sédentarisés dépendent encore étroitement de la forêt qui leur fournit tout ce dont ils ont besoin pour vivre. Leur organisation socio-économique est fondée sur l'égalité et la réciprocité.

« A quels problèmes sont-ils confrontés ? » Depuis les années 1970, tous les peuples indigènes du Sarawak ont été spoliés de leur terre pour faire place à l'exploitation forestière, à la construction de barrages et aux plantations de palmier à huile, les contraignant à vivre dans des villes et villages où ils sont réduits à une extrême pauvreté. Au fur et à mesure de l'exploitation des forêts, les rivières s'envasent, la pollution tue les poissons et le gibier s'enfuit dans ce qu'il reste de forêt. Depuis 1987, les Penan qui mènent une lutte en bloquant les routes de transport du bois n'ont plus la possibilité de se nourrir. Certaines compagnies acceptent maintenant de ne plus exploiter les forêts penan.

 

Nos trois dernières escales vont nous conduire en Sibérie, en Russie.

 

 

  1. La 23ème escale sera relative aux peuples indigènes de Sibérie, qu’on désigne plus habituellement sous le nom des « petits peuples du Nord ». Ils représentent plus de 200 000 personnes réparties en 30 ethnies. Ils vivent dans une région qui couvre 58 * % de la superficie de la Russie. Les chiffres de population des 30 ethnies différentes varient de 200 personnes à 34 000.

« Comment vivent-ils ? » Certains sont des éleveurs de rennes nomades vivant dans la toundra, d'autres, qui vivent dans la forêt de la toundra ou de la taïga ont une économie mixte d'élevage de rennes, de chasse et de cueillette et sont souvent sédentaires. Aujourd'hui seulement 10% des peuples de Sibérie ont une vie nomade ou semi-nomade contre 70% d'entre eux il y a 30 ans.

« A quels problèmes sont-ils confrontés ? » Sous le régime soviétique les « petits peuples » de Sibérie ont perdu leurs terres au profit d'industries d'État. Avec l'industrialisation, la région fut envahie par des gens de l'extérieur qui s'employèrent énergiquement à supprimer les langues, les cultures et les modes de vie indigènes. Aujourd'hui les plus gros problèmes sont ceux posés par la dégradation de l'environnement causée par l'exploitation du pétrole, du gaz naturel, des industries du bois et par l'opacité qui entoure la question des droits sur la terre.

 

 

 

 

 

 

  1. Pour notre 24ème escale et avant-dernière, nous resterons en Sibérie parmi les 22 500 Khanty, qui sont un des trente « petits peuples » de Sibérie. Ceux sont des éleveurs de rennes. Ils sont semi-nomades comme la plupart des peuples pasteurs. Dans leur habitat traditionnel, la taïga de Sibérie occidentale, la température peut descendre à -50°C et la végétation est maigre.

* « Comment vivent-ils ? » Traditionnellement les Khanty se déplacent avec leurs troupeaux, demeurant parfois dans des « chum » (tentes en peau de renne) ou dans des maisons en rondins. Les Khanty dépendent largement des rennes qui leur fournissent une grande part de leur nourriture et de leurs matériaux. Ils chassent aussi, pêchent et cueillent des baies et se procurent des produits de première nécessité grâce à la vente des rennes et des fourrures.

« A quels problèmes sont-ils confrontés ? » Dans les années 1930, sous le régime soviétique, les Khanty furent persécutés : leurs enfants enlevés et placés dans des internats, leurs chamanes tués. Aujourd'hui, ils sont menacés par les compagnies pétrolières. L'exploitation du pétrole sur leurs terres pollue leurs forêts et leurs lacs sacrés, tue les rennes et effraie le gibier. De nombreux Khanty ont été chassés de leurs terres. Ils en sont réduits à vivre dans des « villages nationaux » loin de leur territoire de chasse ancestral et sont devenus dépendants de l’administration et des compagnies pétrolières pour leur survie.

 

 

 

 

 

 

  1. 25ème escale et dernière, toujours en Sibérie, un autre « petit peuple de Sibérie », les Udege, qui sont au nombre de 2000, c’est l'une des 30 ethnies indigènes de Sibérie, collectivement connues comme « les petits peuples du nord ». Ils vivent dans l'extrême orient de la Sibérie où les hivers sont longs et extrêmement froids. Leur forêt très dense abrite aussi beaucoup d'espèces animales et végétales.

* « Comment vivent-ils ? » Ils vivent au bord des rivières qui coulent à travers la forêt et leurs différents sous-groupes tirent leur nom de ces rivières. Ils obtiennent de la forêt tout ce dont ils ont besoin, se nourrissant de chasse, de pêche et de cueillette, faisant aussi parfois pousser des légumes. Par le commerce des fourrures, du saumon et du ginseng, ils acquièrent d'autres marchandises.

« A quels problèmes sont-ils confrontés ? » Comme celui de nombreux peuples indigènes, le mode de vie des Udege fut détruit avec perversité par le régime soviétique. Les petits groupes familiaux arrachés à la forêt furent forcés de s'établir dans des villes, de parler russe et leur religion fut interdite. Les fâcheuses conséquences sur leur vie sociale s'en font encore sentir. Aujourd'hui les richesses en bois et en minerais de leur forêt attirent les intérêts économiques extérieurs. La plupart des Udege veulent que leur territoire soit déclaré « Territoire à usage de ressources naturelles traditionnelles », ce qui les protégerait contre de telles menaces.

 

 

 

 

Voilà ce large survol des peuples indigènes effectué, je pense que cela devrait permettre de donner une idée aux auditeurs.

 

               III.         Quelques références.

Pour mieux connaître ces « Peuples indigènes », nos frères humains :

*      Sur Internet, deux sites, le site « Survival », utilisé largement pour cette émission, à partir d’un moteur de recherche, google par ex., également le site de l’ONU, avec google, vous indiquez ONU et peuples indigènes, ceux sont deux sites intéressants,

*      J’évoquerai aussi chez Plon, la collection « Terre Humaine », qui a fêté en 2005 son cinquantième anniversaire et qui constitue, comme le précise son fondateur Jean Malaurie, « le sol d’un terreau de respect multiculturel, indispensable à l’avenir du monde ».

*      Bien sûr, au cœur de cette collection, je citerai « Tristes Tropiques » (2ème édit) de C. Lévi-Strauss.

 

             IV.         Thème prochain

 

* Alors, maintenant pour terminer, comme d’habitude l’annonce de la prochaine émission. Dans l’éventail des sociétés humaines, nous avons survolé aujourd’hui une multitude de peuples indigènes, il me paraît intéressant, pour la prochaine émission, de nous centrer sur une seule société humaine, située au milieu de l’éventail, et d’approfondir son mode de fonctionnement. Lors de la 1ère émission, j’avais évoqué, en boutade que j’étais un « samo blanc de Toma », aussi nous parlerons de l’ethnie samo au Burkina Faso, et plus précisément des samos du Sud, appelés aussi les Maka. Pour la préparation de cette émission, je sais déjà pouvoir m’appuyer sur le travail de chercheurs français et burkinabè. La 6ème de « Regards du Sud » s’intitulera donc « Les samos du Sud au Burkina Faso ».

Et donc, à très bientôt, avec mon amical et fraternel bonsoir.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 


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