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Emergence des Créatifs Culturels

 

 

Bonjour à toutes et bonjour à tous. Depuis plus de trois ans, cette émission mensuelle « Regards du Sud » se veut recherche et partage pour élargir nos Regards aux dimensions du monde et pour répondre à la question urgente et lancinante « Comment construire tous ensemble un monde plus fraternel ? ».

Un monde plus fraternel, c’est d’abord un monde où chacun mange à sa faim.

A une période où les crises alimentaires prévisibles explosent et vont s’accroître dramatiquement, il est stupéfiant d’entendre des solutions totalement surréalistes, voire cyniques, émanant souvent de pyromanes pompiers, d’affairistes sans conscience ou de soi-disant scientifiques avec des CV longs comme le bras. Soyons très clairs, et je vais répéter ce que j’ai exprimé à de multiples reprises dans cette émission : nous connaissons maintenant depuis quelques dizaines d’années, les solutions durables au problème de la faim dans le monde, qui peuvent se récapituler en deux volets indissociables : d’abord  une agriculture propre (agriculture respectant la Nature, de type agriculture biologique, agroécologie etc.), bien sûr sans OGM et sans intrants chimiques, que ne peuvent d’ailleurs pas se payer les paysans du monde, principales victimes paradoxales de la faim, ensuite en 2ème volet la souveraineté alimentaire, c’est-à-dire une priorité absolue aux cultures vivrières, avec une diversité de semences locales pour une alimentation locale protégée.

 

Dans les temps actuels, deux priorités s’imposent : d’abord hélas porter secours en jouant aux pompiers avec tout l’arsenal des aides d’urgence et la mobilisation de la communauté internationale, ensuite cesser de jouer aux pyromanes en mettant en œuvre et en urgence les deux volets évoqués : une agriculture propre et la souveraineté alimentaire. C’est-à-dire, très clairement, il est impératif de lancer en concertation et à tous niveaux (local, national, européen, mondial) un grand projet mobilisateur de mutation de nos agricultures, qui transférerait à son service l’essentiel de nos moyens agricoles de toutes natures (moyens de formation, moyens financiers,…). Cette mutation, au service de tout homme et de tout l’homme, redonnant sa dignité au paysan, devrait pouvoir s’appuyer sur une trilogie, qualifiée par certains de « trilogie infernale », trop souvent hélas à juste titre : FMI, BM et OMC, une  trilogie mutante, enfin empreinte d’authentique sagesse. L’optimiste forcené et non suicidaire que je suis est convaincu que cette mutation se fera un jour, seules quelques incertitudes subsistent : Combien faudra-t-il de catastrophes alimentaires préalables ? Quel sera le niveau de violence de ces crises alimentaires et crises connexes ? Combien de millions de victimes seront-elles nécessaires pour déclencher cette décision de sagesse ? La seule certitude est que plus nous attendrons, plus les crises seront violentes et plus nous serons directement concernés.

L’agriculture est le levier d’entrée essentiel dans un monde humanisé, l’agriculture qui impacte tous les enjeux majeurs et donc conflits potentiels du 21ème siècle et je cite : réchauffement climatique, eau, biodiversité, emploi et organisation sociale, migrations, pauvreté, autonomie et souveraineté alimentaire des populations, préservation des patrimoines nourriciers, érosion, désertification, santé publique.

 

Si vous voulez en savoir plus, je vous recommande deux personnes, deux amis et leur sites respectifs Maurice Oudet et son site www.abcburkina.net , Pierre Rabhi et un de ses sites http://www.mouvement-th.org  . Priorité à l’agriculture paysanne, cela nous concerne tous. Stop aux enfantillages, stop à la logique criminelle du fric illimité, pitié, priorité à la logique du Vivant.

Pardon pour ce cri du coeur et de la raison. Puisse-t-il raisonner au cœur de chaque conscience pour faire enfin avancer ensemble notre monde vers plus d’humanité.

 

En relation très directe avec le cri précédent, entrons donc maintenant dans l’émission de ce mois de mai 2008, intitulée « L’émergence des Créatifs Culturels ». Peut-être n’avez-vous jamais entendu parler des « créatifs culturels », peut-être en faites-vous partie ? Rassurez-vous, j’ai découvert il y a peu de temps cette espèce intéressante d’homo sapiens sapiens. Aussi je me propose de vous la faire découvrir en m’appuyant sur le premier ouvrage du type, aux éditions Yves Michel, dont le titre est « L’émergence des Créatifs Culturels » et le sous-titre « Enquête sur les acteurs d’un changement de société ». L’enquête s’est déroulée aux USA, et les auteurs de l’ouvrage sorti en 2000 et traduit en 2001, sont l’un sociologue Paul H Ray et l’autre psychologue, Mme Sherry Ruth Anderson. Précisons que prochainement nous devrions disposer des conclusions de cette même enquête dans plusieurs pays européens. Ce que nous savons aujourd’hui, c’est que les conclusions en France et en Europe sont ou devraient être très voisines de celles décrites dans l’ouvrage, ce qui, de fait, a justifié mon choix de vous le présenter lors de cette 36ème émission.

  

J’ai choisi dans un premier temps de vous proposer un bref résumé de l’ouvrage, ensuite en 2ème temps de vous faire participer, crayon et papier seront nécessaires, pour savoir si vous faites partie de cette sympathique catégorie des créatifs culturels, puis en 3ème temps de vous extraire une partie des conclusions de l’ouvrage « aller de l’avant, quels chemins pour l’avenir ? ». Enfin, un 4ème et ultime temps nous ramènera vers la situation en France. Il me semble que ces quelques échantillons devraient titiller votre curiosité pour aller plus loin vers la connaissance de ces créatifs culturels, acteurs probablement majeurs d’un changement de société. Aussi je salue les auditeurs et les lecteurs de mon blog en leur disant amicalement « Bienvenue au club des Créatifs Culturels potentiels ».

 

Commençons par un bref résumé de l'ouvrage « L'émergence des Créatifs Culturels ».

Les changements de société se font progressivement, organiquement ; les porteurs de nouvelles valeurs sont temporairement isolés ; puis, la masse critique atteinte, une nouvelle population apparaît aux yeux de tous.

Au terme d'une enquête sociologique de 14 ans aux USA, les auteurs de ce livre ont repéré les représentations communes à plusieurs sous-groupes et identifié les créateurs d'une nouvelle culture en Occident. Ils les ont appelés les « Créatifs Culturels », ils ont établi qu'ils représentent 24 % de la population aux USA, soit le quart de la population, et qu’ils sont en rapide croissance.

Prenant ses distances vis-à-vis de la société de consommation et de la technologie érigée en mythe, cette population cultive une sensibilité résolument nouvelle et cohérente jusque dans ses comportements quotidiens : notre société est sur le point d'écrire une nouvelle page de son histoire.

Les créatifs culturels conjuguent avec bonheur l'écologie, l'alimentation biologique, le développement personnel, les médecines douces, avec l'implication sociale, souvent locale, les valeurs féminines et une dimension spirituelle. Ils sont au coeur d'une transformation active de la société dans un sens plus humain.

Ce livre s'adresse particulièrement à celles et à ceux qui vivent ces valeurs au quotidien ; ils se reconnaîtront dans ces portraits et descriptions, découvriront qu'ils sont bien plus nombreux qu'ils ne croient, et oseront alors vivre au grand jour leurs convictions personnelles.

Êtes-vous un Créatif Culturel ?

 

Êtes-vous un Créatif Culturel ?

Les auteurs interpellent les auditeurs avec cette interrogation, aussi tout de suite en 2ème temps de notre émission, je vous propose de répondre personnellement à cette interpellation. N’hésitez pas à prendre un crayon et un papier, ce sera très simple, il suffira de tirer un trait si vous répondez oui à une question, puis de compter les traits. C’est bon, nous pouvons y aller. C’est parti, vous allez bientôt savoir si vous êtes un Créatif Culturel, et croyez-moi, c’est pas rien. Vous allez devoir répondre à 18 questions :

 

1-vous aimez la nature et sa destruction vous inquiète.

Si vous répondez oui, vous tirez un trait, si vous répondez non, vous ne faites rien.

2-une question un peu longue : le sort global de la planète vous touche (réchauffement climatique, destruction des forêts tropicales, surpopulation, prise en compte insuffisante des impératifs de la durabilité écologique dans le système en place, exploitation des populations des pays pauvres) et vous souhaitez que l'on fasse plus pour l'améliorer, même si ceci implique de limiter la croissance économique. N’oubliez pas le tiret si vous répondez oui.

3-vous seriez prêts à payer plus d'impôts ou de taxes, ou à payer des biens de consommation plus chers si vous aviez la preuve que l'argent récolté est bien utilisé pour la protection de l'environnement.

4-vous attachez beaucoup d'importance à la qualité des relations humaines.

5-vous considérez qu'il est important d'encourager et d'aider chacun à mettre en valeur les dons, talents et richesses uniques de sa personnalité.

6-vous faites du bénévolat pour une ou plusieurs causes.

7-le développement spirituel et psychologique est un domaine qui vous est familier.

8-la spiritualité et la religion sont des aspects importants de votre vie, mais vous vous inquiétez de l'influence des intégrismes religieux.

9-vous souhaitez que les femmes soient traitées à l'égal des hommes, notamment dans le monde professionnel, voir plus de femmes à la tête des entreprises et des partis politiques.

10-vous êtes alarmés par les violences et les mauvais traitements que subissent les femmes et les enfants dans le monde entier.

11-vous souhaitez que les dépenses publiques et la politique en général soient plus orientés vers l'éducation et le bien-être des enfants, vers la réhabilitation des quartiers des communautés, vers la création d'un système écologiquement stable et durable permettant de préserver l'avenir.

12-en politique, vous n'êtes satisfaits ni par la droite ni par la gauche, ni même par un centre mitigé.

13-votre vision de l'avenir est plutôt optimiste et vous vous méfiez du pessimisme et du cynisme que véhiculent les médias.

14-vous souhaitez vous impliquer activement dans la transformation de la société.

15-vous désapprouvez les méfaits des entreprises accomplis au nom du seul profit (licenciements, dégradation de l'environnement, exploitation des pays pauvres et de leurs populations).

16-vous surveillez vos dépenses et évitez de « surconsommer ».

17-vous désapprouvez la manière qu'a la culture moderne de toujours mettre l'accent sur la compétition, le succès et la réussite, sur l'acquisition et l'accumulation de nouveaux produits, et sur les signes extérieurs de richesse et le luxe.

18-vous êtes ouvert à ce qui vous est étranger : personnes, lieux et modes de vie.

Voilà maintenant, vous comptez votre nombre de « tirets » correspondant à autant de oui que de tirets. Si vous êtes d'accord avec au moins 10 déclarations de la liste sur les 18, vous êtes probablement un Créatif Culturel.

 

Entrons maintenant dans notre 3ème temps. Que vous soyez ou non un Créatif Culturel, je vous propose quelques extraits choisis dans la dernière partie de notre ouvrage « Aller de l’avant, quels chemins pour l’avenir ? » :  

Karl Polyani, le célèbre historien de l'économie, avait choisi, en 1944, d'intituler son livre, sans doute l'un des meilleurs sur l'apparition du monde moderne, urbain et industriel, « La grande transformation ». C'est un titre qui conviendrait tout à fait à notre époque. Tout semble montrer en effet que nous entrons précisément dans une période de grande transformation : des changements structurels fondamentaux dans nos manières de vivre et de travailler, dans notre perception de nous-mêmes, dans notre manière de faire de la politique et des affaires, ainsi que dans notre rapport à la technologie. Si nous parvenons à nous sortir au mieux de ces changements, peut-être l'humanité sera-t-elle capable de vivre sur cette planète sans la détruire, et nos petits-enfants auront un futur qui vaille la peine d'être vécu.

 

À cette fin, il faut non seulement « traverser » cette période de grande transformation, mais aussi, et c'est le plus important, évaluer les meilleures façons de la traverser. C'est l'objet de cette troisième partie : étudier les cartes, les modèles et les métaphores qui vont nous aider à traverser cet « Entre-deux » vers un nouveau mode de vie intégré et durable. Dans le livre de James Cowa, A Mapmaker’s Dream », Fra Moreau, cartographe à la cour vénitienne au XVIe siècle, décrit les rôles respectifs du cartographe et des marchands, voyageurs, érudits, missionnaires et ambassadeurs qui l'informent sur le grand monde, bien au-delà de sa propre expérience. « Nous sommes assis sur des tabourets, face à face, écrit-il, et la brise de l'Adriatique rafraîchit nos visages par ces chaudes après-midi d'été. Nous regardons les cartes que nos yeux devinent dans le coeur de chacun. Ensemble, le cartographe et l'aventurier discutent de distances et de routes, tandis qu'ils savent bien intérieurement que tout n'est que diversion et qu’en fait, ils s'efforcent simplement de donner un sens à une connaissance morcelée. Nous sommes alors comme les rameurs d'un bateau, essayant de rester en rythme avec les autres et de tirer une puissance motrice de cette synchronisation, tout en sachant que nous allons tous de toute façon dans la même direction. »

Il en sera de même pour nous aussi, au moment où s'étendent devant nous les différentes routes à suivre pour notre voyage à venir. Les Créatifs Culturels sont en avant, devant nous, aventuriers du XXIe siècle qui nous sommes déjà détachés du Modernisme. Ils ne seront pas les seuls à nous indiquer le chemin ; nous allons faire appel à d'autres informateurs : historiens et scientifiques, artistes et marchands, et aux voyageurs qui ont traversé cet « Entre-deux » avant, alors que nous n'étions pas encore nés. Bien sûr, nous garderons une certaine distance critique par rapport à leurs idées et nous nous efforcerons d'analyser minutieusement leurs observations. Mais comme le dit Jean Houston, nous sommes « ceux de la parenthèse » et il nous faut donc nous libérer de nos visions du monde trop étroites et commencer enfin notre voyage sur le nouveau territoire, en terre inconnue, la terre de l’entre-deux.

 

 L’Entre-deux : « Nous vivons une époque entre parenthèses, une époque entre deux époques », déclarait John Naisbitt en 1984 dans son best-seller Mega Tendances. Nous ne nous sommes pas encore complètement détachés des valeurs du passé : le vieux monde de l'économie centralisée et industrielle, avec ses institutions et ses hiérarchies toutes puissantes et ses solutions à court terme. Et nous ne sommes pas encore entrés de plain-pied dans le monde du futur. Ce que nous sommes en train de faire est « tout à fait humain : nous nous accrochons à un passé familier par crainte d'un avenir inconnu ».

Près de 20 ans plus tard, la situation est toujours à peu près la même. Plus que jamais, nous nous trouvons dans cet « Entre-deux », cette époque entre deux époques. Ce passage d'une époque à l'autre peut en effet être parfois très long. Cet Entre-deux n'a rien à voir avec le changement de millénaire, bien que cet événement puisse donner à certains d'entre nous l’envie et le prétexte d'essayer des choses nouvelles. L'Entre-deux est bien plus un « passage », une époque entre deux visions du monde, deux ensembles de valeurs, deux modes de vie : une époque entre les récits, entre les discours. Cette période de transition, selon Naisbitt, est « une période fructueuse et fantastique pleine d'opportunités  ». Mais ce, à une seule condition : que nous puissions  « faire de l'incertitude notre compagne » et  « que nous ayons en tête une idée claire de la route à suivre ».

N'y a-t-il pas là une contradiction dans les termes ? Pourquoi doit-on faire de l'incertitude notre campagne, si l'on doit aussi avoir une idée claire de la route à suivre ? Pourquoi ne pas tout simplement aller de l'avant ? La réponse, c'est que quand la route qui s'étend devant nous s'enfonce tout droit au coeur d'une sombre forêt, le point d'entrée dans le futur devient l'incertitude elle-même. À la lisière, un panneau nous signale : « la route est inconnue ». Si l’on va plus loin, si l'on s'engage dans l'étape suivante, on est sûr de se sentir perdu, et confus, voire même un peu idiot. Mais c'est précisément ce qu'il faut pour être en bons termes avec l’incertitude et en faire son amie.

Si par contre on refuse de pénétrer dans l'obscurité de cette forêt devant nous, de s'enfoncer dans le marécage ou dans les méandres inconnus qui s'offrent à nous, on est certain de faire du sur place, de n'aller nulle part. À  l'opposé, si l’on est déterminé  à foncer droit devant sans réfléchir, on a de fortes chances, comme Don Quichotte, de partir dans toutes les directions à la fois. Dans une pièce de Naomi Newman, un vieux personnage plein de sagesse nommé Rifka dit : «Et ne crois pas que tu sais où tu vas. Parce que si tu sais où tu vas, ça veut dire que tu y es déjà allé, et à l'arrivée, tu vas te retrouver exactement à l'endroit d'où tu es parti ».

 

Cette vision, cette idée claire de la route à suivre est en fait peut-être plus une affaire de conscience que d'information. Nous ne sommes pas seulement au coeur de cette « époque fructueuse et fantastique, pleine d'opportunités » dont parlait Naisbitt, mais bien plus à un tournant crucial de notre civilisation, un carrefour plein de dangers pour notre planète. Cette nécessité de trouver la meilleure route à suivre pour avancer est en fait, sans aucun doute, l'une des questions les plus importantes et les plus urgentes de notre époque. Comme le dit très succinctement le critique d'art Suzy Gablick, « la question n'est plus : comment en sommes-nous arrivés là, et pourquoi ? Mais plutôt : où pouvons-nous bien aller maintenant, et comment ? ». La réponse à la première question, où aller, c'est vers un nouveau mode de vie plus responsable et soucieux de durabilité. La réponse à la deuxième question, comment faire pour y aller, c'est précisément ce que nous allons tenter de voir maintenant. Et la première chose à faire avant de partir est de rassembler, comme les explorateurs de jadis, nos cartes et plans de route pour le voyage qui nous attend. Ces documents, ces informations sur le chemin à suivre, nous allons les trouver dans les scénarios des futurologues, dans les enseignements de l'histoire, ainsi que dans les modèles scientifiques, culturels et mythologiques qui tous tentent de présenter les dangers qui nous attendent au sein de cet « Entre-deux ».

 

Scruter l'entre-deux : depuis notre avant-poste aux frontières terminales du Modernisme, là où l'époque se finit, nous voyons s'étendre devant nous, sous nos yeux, une terre inconnue : « l'Entre-deux ». Que l’on détourne le regard et qu'à la place on se concentre sur les morales absolues des fondamentalismes et des orthodoxies religieuses, on se retrouvera happé par les forces du Traditionalisme. Comme eux nous croirons alors qu'après un lent déclin de la morale, la fin nous attend, toute proche, avec son lot de récompenses et de punitions, comme ils le répètent sans cesse dans leurs discours. Qu’au contraire on se tourne vers le Modernisme, on sera confronté à un autre discours, quelque chose comme le « long essor » décrit par le futuriste Peter Schwartz, la course effrénée « d'une économie en pleine et rapide expansion qui s'attache à résoudre des problèmes en apparence insolubles, tels que la pauvreté, et d'apaiser les tensions de par le monde. Et tout cela, sans toucher à l'environnement ». Mais si, avec les Créatifs Culturels, on adopte la manière de voir de l'écologie, on s'aperçoit bien vite que le sort de la planète se trouve à un moment crucial de son histoire, un croisement fondamental, et que la suite dépend des choix que nous ferons.

Ainsi, au moment où nous essayons de voir clair dans cette incertitude à venir, nous sommes tiraillés dans toutes les directions par des courants contradictoires. C'est un peu comme si nous nous retrouvions sur Mars, plongés au milieu de champs magnétiques multiples, et que nous nous cramponnions à notre boussole en essayant désespérément de trouver le Nord. Mais l’aiguille s'agite dans tous les sens. Pour savoir où il nous faut aller, il faut savoir d'où l'on part. Quelle est cette époque ? Est-ce une période de chaos ou de transition, une étape dans notre évolution en tant qu'espèce ? La mort, ou la gestation vers une nouvelle naissance ? Tout dépend de la manière dont on interprète les signaux et de ce qu'on est prêt à voir. C'est sans doute l'historien William Irvin Thompson qui décrit cela le mieux quand il écrit que nous vivons « à la frontière de l'histoire ».

Trois scénarios : quand on se trouve à la lisière d’un monde inconnu, au-delà de notre expérience, et qu'il nous faut nous défaire de notre cadre de référence habituel, le mieux est sans doute de partir de ce qui nous intéresse et de commencer à construire des scénarios. L’objectif n'est pas de jouer les devins, mais plutôt de faire comme les plongeurs en haute mer : s'immerger sous la surface, aller sous les apparences pour envisager les différentes alternatives et leurs implications.

Mais les scénarios ne sont utiles que quand on en a plusieurs. L’idée en effet est d'évaluer plusieurs possibilités, plusieurs avenirs possibles, différents les uns des autres. C'est ainsi qu'on se prépare le mieux à affronter l'inconnu. Afin de bien cerner les menaces et les opportunités de cet Entre-deux dans lequel nous avançons, nous avons envisagé trois scénarios pour l'avenir de la planète. Et pour chacun, nous nous intéresserons plus particulièrement aux manières dont les Créatifs Culturels peuvent, ou ne peuvent pas, jouer un rôle dans ce voyage que nous venons tout juste de commencer.

 

Scénario 1 : Désagrégation

Dans ce scénario, on insiste sur la fragilité de la planète, l'énorme pouvoir des marchés financiers et des entreprises multinationales. On suppose aussi que la convergence des mouvements sociaux, psychologiques et spirituels, n'a qu'un impact très limité et que les Créatifs Culturels ne prennent pas conscience collectivement de leur potentiel en tant que groupe.

C'est un monde dans lequel nous n'avons pas eu trop de chance et où nous avons pris les mauvaises décisions : nous regardons impuissants les institutions modernistes s'accrocher tant qu'elles peuvent au XXe siècle. La majorité de la population mondiale est exclue des bénéfices de l'économie et la télévision occidentale, vitrine brillante de la société de consommation, renforce encore plus leur sentiment de privation. C'est ainsi que commencent guerres et révolutions, initiées par la masse des exclus insatisfaits. La mondialisation pénètre la vie de chacun et balaie tout sur son passage, comme un train lancé à toute vapeur. Au premier virage un peu abrupt, la machine déraille. En même temps, la prolifération des armes nucléaires, chimiques et biologiques fait ses premières victimes. Les problèmes écologiques se révèlent bien plus catastrophiques que ce qui avait été prévu. La surpopulation entraîne une surmortalité liée aux guerres, aux famines et aux crises sanitaires causées par la pollution et les maladies. Pendant un moment, les superpuissances occidentales continuent de dominer grâce à la supériorité de leur arsenal militaire. Mais à long terme, tout s'effondre : la démocratie et les droits de l'homme sont les premières victimes et le résultat final n'est rien moins que la désintégration de la civilisation.

 

Scénario 2 : Adaptation

Le second scénario prend comme hypothèse de départ que le grand courant de changement et la convergence des mouvements ont un impact réel sur le monde et que les Créatifs Culturels prennent conscience de leur identité en tant que groupe, et, du coup, renforcent encore plus leur efficacité. Il suppose que les gens sont capables de travailler ensemble pour résoudre les problèmes auxquels ils sont confrontés, s'attachent à mettre en place un système écologiquement viable et durable et qu’ils se détachent des modes de fonctionnement conflictuels et dichotomiques caractéristiques du XXe siècle. Ainsi, certains modernistes deviennent des créatifs culturels et d'autres acceptent de travailler avec les créatifs culturels ou les traditionalistes pour trouver ensemble de nouvelles solutions. Les traditionalistes, de leur côté, s'associent avec les créatifs culturels sur des projets de collaboration basés sur leurs valeurs morales communes.

Dans ce scénario, un mouvement de fond, tourné vers une plus grande efficience dans l'utilisation des technologies et la manière de diriger les entreprises, met sur pied de nouveaux systèmes de production plus respectueux de tous leurs environnements (sociaux et écologiques). La transition coûte cher mais elle se fait en douceur. De la même façon que le nombre d'internautes est passé d'une toute petite minorité en 1995 à presque un tiers de la population adulte américaine en 2000, les entreprises se lancent massivement dans cette voie, ayant compris que c'était la voie de l'avenir. Les droits de l'homme et la justice sociale s'imposent progressivement dans le monde entier, aidés en cela par les nouvelles technologies de communication. L'intégration planétaire se développe, tandis que parallèlement, les gens se montrent de plus en plus soucieux de l'unicité de leurs identités culturelles et individuelles. Il en résulte une importante revalorisation des sagesses traditionnelles, ainsi que des contributions des musiciens, danseurs et autres artistes de par le monde.

Toutes les parties du monde ne changent pas en même temps. Les conflits entre classes sociales, groupes ethniques, régions et religions demeurent un problème préoccupant, mais grâce à la propagation de nouvelles valeurs, ils sont beaucoup plus faciles à gérer. C'est un monde plein d'espoirs pour l'avenir. Et dans ce monde béni par la chance, les pires problèmes écologiques deviennent possibles à gérer.

 

Les deux scénarios ci-dessus sont des futurs « sans surprise ». Ils représentent respectivement le pire et le plus rose de ce qu'annoncent les commentateurs de notre époque. Mais il semble peu probable que la réalité sera aussi clairement marquée. Ce qui nous amène au troisième scénario.

 

Scénario 3 : Un chemin confus

Supposons que les créatifs culturels prennent effectivement conscience de leur existence en tant que groupe et que le grand courant de changement dont nous avons parlé exerce une véritable pression sur la société dans son ensemble pour se rapprocher d’un nouveau mode de vie. Mais dans l'ensemble des pays développés, les grandes institutions modernes de la finance et les grandes entreprises décident d'acheter le soutien des gouvernements pour s’opposer à tout prix au changement. Les traditionalistes eux aussi cherchent par tous les moyens à résister à la menace toujours plus grande de toutes ces modifications culturelles. C'est un scénario de conflits culturels et de changement inégal.

Dans certains domaines, les créatifs culturels sont les bienvenus et parviennent même à imposer de véritables améliorations culturelles. Certaines entreprises, en particulier celles qui ont compris qu’une relation saine, viable et durable avec l'environnement, avec la révolution des technologies de l'information, est leur plus grande source de profits, comprennent aussi que les créatifs culturels constituent leur marché naturel et décident de s'allier à eux. De même, certains politiciens réalisent que les créatifs culturels représentent leur électorat naturel.

Dans ces domaines, l'économie et la culture se renforcent et se développent, offrant ainsi un énorme potentiel pour l'avenir. Mais ces secteurs de pointe ne sont pas forcément les plus importants. Un certain nombre d'autres domaines de la société demeurent farouchement opposés au changement politique et culturel ; non pas nécessairement à cause de conflits d'intérêts individuels, mais tout simplement parce que la plupart des gens sont réfractaires aux nouveaux paradigmes et aux nouvelles visions du monde, même si une telle résistance les dessert économiquement ou politiquement. Ainsi, face à une telle opposition, les conflits culturels empirent.

Pendant ce temps, la dégradation de l'environnement continue, toujours plus catastrophique, tandis que la surpopulation fait des ravages dans plusieurs régions du monde, et les conflits militaires entre les nantis et les déshérités se durcissent. L’instabilité du monde va croissant, ainsi que les risques d'explosions et de chaos. Ainsi, le monde pourrait bien collectivement «  tomber dans un trou » : une autre grande dépression ou une catastrophe écologique partielle qui entraînerait famines et mortalités massives dans certaines régions du monde, ou encore une importante succession de guerres causées par les inégalités croissantes et les conflits ethniques. De même, la destruction de la forêt tropicale ou les changements climatiques pourraient causer de nouvelles épidémies. Quelle que soit la forme que prendra cette crise, les conséquences en termes de souffrances et de mortalité promettent d'être désastreuses.

Ce qui se passe ensuite est sans doute ce qu'il y a de plus surprenant dans ce scénario : c'est ce que l'historien Arnold Toynbee appelle «challenge et réaction». Quand une société se retrouve en période de troubles, une minorité créative (les créatifs culturels dans ce scénario) développe des croyances et des modes de vie radicalement nouveaux. Mais une fois tombée au fond du trou, la société dispose encore, grâce à cette minorité créative, de ressources et d'une capacité de récupération suffisantes pour rebondir et remonter à la surface, voire même atterrir ailleurs, à un autre endroit. Et cette réaction d'adaptation pourrait bien avoir lieu à l'échelle mondiale, de par la « mondialisation » croissante des sociétés, ainsi que l'étroite interconnexion des créatifs culturels entre eux, par le biais de réseaux de communication ou d'ONG, réseaux qui dépassent et recoupent les frontières, permettant la propagation rapide de leurs initiatives. Dans ce scénario, le monde puise ses forces dans une importante population qui sait comment repenser les choses et mettre en place de nouvelles solutions culturelles. Un nombre croissant de personnes s'intéresse à ce que propose cette population innovante et tous ensemble participent à la construction d'un avenir meilleur. En même temps, un certain nombre de vieilles autorités et d’anciennes tutelles sont discréditées et certains, parmi les nantis et les puissants, voient leur statut et leur pouvoir considérablement réduits. Le phénomène dans son ensemble entraîne une refonte de la structure de nos sociétés. Les sociétés peuvent être très innovantes quand elles se retrouvent au pied du mur, en particulier si elles disposent en leur sein d'une telle population qui provoque le changement culturel. Ainsi, de nombreuses cultures de par le monde pourraient bien se tirer de situations désastreuses et découvrir leur nouveau potentiel. C'est une forme d'apprentissage social assez rude, mais au moins on apprend.

 

Si l'on se lance dans des pronostics, on peut supposer que ce scénario a une chance sur deux de se réaliser, puisqu'il suppose que les humains ne soient ni chanceux ni sages, ni malchanceux ni stupides. C'est la voie du milieu, mais c'est une voix trouble et tordue, dans laquelle différentes combinaisons de plus et de moins amènent au même résultat. C'est un scénario qui prévoit un effondrement général, puis un rebondissement général. Il prévoit que nous apprenons du passé, mais pas aussi vite que nous pourrions l'espérer. Mais surtout, c'est un scénario suivant lequel notre minorité « créative » est suffisamment importante désormais pour que nous puissions réagir positivement aux défis de notre époque : si, au lieu de se plaindre de la conduite habituelle des affaires, et de se reprocher mutuellement toutes les catastrophes de la Terre ou de fermer les yeux sur ces dangers, nous nous montrons capables d'aller, en toute sérénité, à la rencontre de l'avenir.

 

Après les trois scénarios envisagés, je saute quelques pages dans l’ouvrage pour vous offrir quelques propos de sages :

Une fois, quelqu’un a demandé au poète zen vietnamien Thich Nhat Hanh « Que doit-on faire pour sauver le monde ? », et cette personne attendait une réponse qui identifie des stratégies d'actions sociales et environnementales. Le poète a répondu : « Ce qui est le plus urgent, c'est d'écouter en nous les pleurs de la Terre ». Quant le généticien canadien David Suzuki a rencontré E.O. Wilson, il a posé une grande question à cet éminent biologiste : « Que peut-on faire pour mettre fin à l'extinction des espèces qui atteint désormais des proportions catastrophiques ? » Wilson surprit le jeune homme en répondant : « Il nous faut découvrir et être à l'écoute de notre parenté », a-t-il simplement dit. « Il nous faut découvrir nos proches, les autres plantes et animaux auxquels nous sommes reliés par l'ADN. Parce que les connaître, c'est apprendre à les aimer et à les chérir ».

À l'heure actuelle, plus de 70 % de la population est persuadée qu'il est grand temps d'entreprendre quelque chose de sérieux à propos des dangers de la planète. Les conditions semblent bonnes pour que l’on puisse enfin prendre un tournant radical, et aller dans les directions indiquées par Thich Nhat Hanh et Wilson. L'humanité, dans sa grande majorité, veut désormais savoir comment changer les choses. Nous sommes à l'un de ces points cruciaux où les choses peuvent changer incroyablement vite : une fois qu’est apparue une communauté qui puisse prendre en main ces changements.

Comme nous l'avons vu, cela n'a rien à voir avec la qualité de l'information ou de la politique. C'est une question d'imagination morale, de sagesse du coeur. Et c'est dans cette direction que vont la plupart des créatifs culturels, droit au coeur des problèmes de notre monde d'aujourd'hui.

Et enfin, pour conclure cet ouvrage américain, je donnerai la parole au futurologue Fred Polak, qui écrivait en 1955 :

« L'homme est un animal qui s'invente des futurs ». Notre avenir n'est pas simplement quelque chose qui nous arrive, mais quelque chose que nous créons en partie. Et si l'on s'y met consciemment, en faisant attention, on peut peut-être créer un monde «  qui marche ».

Polak a démontré le pouvoir des images que se fait une culture de son avenir. Il a montré comment ces images sont souvent des prophéties « auto-réalisantes ». Son oeuvre est le résultat d’années de luttes et de confrontations à la question la plus urgente et la plus nécessaire de notre temps : comment l'humanité peut-elle créer un avenir meilleur ?

Si la culture ne dispose pas d'une vision positive de son avenir, selon Polak, son pouvoir créatif commence à s'effriter et la société elle-même commence à stagner pour, in fine, disparaître. Les images négatives ont des effets encore plus destructeurs, car elles plongent la société dans un état d'abandon où l'on ne sait plus quoi faire ni où aller, et on n’investit plus dans l'avenir. Un tel pessimisme collectif provoque généralement des comportements de « fin du jeu », où chacun gratte et attrape tout ce qu'il peut pour lui-même avant que tout ne s'effondre. Et c'est ce comportement lui-même qui entraîne l'effondrement qu’ils craignaient. Aujourd'hui, alors que nous sommes assaillis de problèmes planétaires, le risque est grand de nous voir nous comporter exactement de la même façon. Pétrifié par la terrifiante image de notre propre déclin à venir, on pourrait bien le provoquer par notre propre inertie. Une vision positive pour l'avenir, selon l'écrivain David Spangler, « provoque la culture en défi, la force à oser, à s'ouvrir au changement et à accepter un esprit de créativité qui pourrait la modifier dans ses structures mêmes ».

Il n'y a rien d'inévitable dans le genre de vie que nous subissons aujourd'hui dans la société moderniste, et rien d'inévitable dans le genre d'avenir qu'on nous promet. Les créatifs culturels sont clairement décidés à ne pas vivre dans un monde aliéné et déconnecté. Leurs images de référence, qui les guident dans leur avancée, parlent sans cesse de complétude, de totalité : le Grand Tout. Ils répètent sans cesse que chacun d'entre nous est un système vivant inscrit dans un système vivant plus grand encore, une parenté qui nous connecte les uns aux autres au-delà de tout ce qu'on est capable d'imaginer. Et si nous nous préoccupons de cette totalité, on peut commencer à imaginer une culture qui peut guérir les fractures et les destructions de notre temps. L'apparition des créatifs culturels, selon nous, représente précisément cette promesse : une vision créative de l'avenir est en train de se mettre en place. C'est une résurrection de l'espoir, de l'imagination, de la volonté d'agir au nom de l'amélioration de notre civilisation. Cette action en faveur d'une réintégration et d'une « re-conception » d'une nouvelle culture peut avoir un impact important sur l'imagination collective. Notre volonté, et nos choix, peuvent transformer notre avenir.

 

Comme prévu, voici le 4ème et dernier temps de cette émission, où j’évoquerai la situation en France avec l’ouvrage « Les créatifs culturels en France », paru en février 2007, également aux éditions Yves Michel. Cette enquête a été pilotée par la jeune Association pour la Biodiversité Culturelle et cet ouvrage, coordonné par Yves Michel lui-même, nous présente les Créatifs Culturels en France.

Cette enquête sociologique, sur un échantillon représentatif, bouleverse l’image de la société ; elle démontre que de nouvelles valeurs guident désormais les choix des français. Dans les villes comme dans les campagnes, à tous les échelons de la société, les Créatifs Culturels essaiment avec d'autres manières de vivre, ils sont à la pointe du changement sociétal. Les créatifs culturels pensent globalement et agissent localement autour de 6 pôles de valeurs, que je vous détaille quelque peu :

1er pôle -l’écologie et le développement durable : c’est-à-dire le bio, la consomm’action, les méthodes naturelles de santé, 
2- la place des femmes dans la société : c’est-à-dire la place des femmes dans la sphère publique, coopération et préoccupation par rapport à la violence,
3- être, avoir et paraître : c’est-à-dire la prédominance de l’être par rapport à l’avoir et au paraître,
4- le développement personnel : c’est-à-dire la connaissance de soi et l’ouverture aux autres, la dimension spirituelle,
5- l’enjeu sociétal : c’est-à-dire l’implication individuelle et solidaire dans la société, le social avec une dimension locale,
6- l’ouverture culturelle : c’est-à-dire le respect des différences, le multiculturel.

 

17% des Françaises et des Français se reconnaissent dans ces valeurs ! C'est bien l'émergence d'une vague de fond ! Et incarnée à 64% par les femmes. C'est un événement majeur. Un nouveau paradigme qui nourrira une prise de conscience, une dynamique sociale touchant le mode de vie de chacun : la santé, l'éducation, la politique, jusqu'aux entreprises ; et porteuse de solutions innovantes face aux grands défis de notre époque. Un éclairage particulièrement bienvenu à ce moment de notre histoire !

Jean-Pierre Worms, sociologue, qui a préfacé l’ouvrage et assuré la direction scientifique de l'enquête française, assurera notre conclusion, en ces termes : «Les créatifs culturels forment une minorité en pointe, qui annonce un mouvement de fond dans l'ensemble de la société. Ils sont en avance sur les valeurs de demain, notamment la solidarité, et vont jouer un immense rôle d'entraînement ».

 

 C’est sur ces paroles d’espoir, auxquelles j’adhère pleinement dans les temps difficiles actuels, que je vous remercie de votre attention, en vous disant un fraternel bonsoir et à très bientôt.

 


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