REGARDS DU SUD (R34)
34ème
émission : diffusion les 1er
mardi du mois à 20h30
« Radio Voix du
Béarn » 95,10 Mhz, le 4 mars 2008
http://jackdesendets.blogspot.com
Thème :
« Le Mouvement International pour la
Terre et l’Humanisme » en gestation accélérée
Bonjour
à toutes et bonjour à tous. Je suis très heureux de vous retrouver aujourd’hui,
que vous soyez auditeurs ou lecteurs de cette 34ème émission. Le
thème du mois dernier était intitulé « Retour sur un superbe forum
fondateur » et j’avais tracé une synthèse de la quinzaine thématique
au pays basque ainsi que du forum « Vivre en conscience, Agir
autrement » qui, à Biarritz, la clôturait, en feu d’artifice, à mi
novembre 2007. Je m’étais impliqué profondément dans ce forum parce qu’il me
paraissait potentiellement porteur de nombreux enseignements, dans les temps de
transition accélérée que nous vivons. Et j’envisageais pour l’émission
d’aujourd’hui d’apporter en partage, ma propre analyse et mon regard plus personnel.
A mes
yeux, ce forum fut encore beaucoup plus riche que je ne l’espérais, ce fut un
bouillonnement de rencontres, d’échanges, de partages, d’émotions, de joies et
d’enseignements et j’avais beaucoup travaillé et galéré pour vous en restituer la
substantifique moelle et la saveur. J’envisageais d’insister sur la dimension
fondatrice de ce forum, première étape régionale du lancement du
« Mouvement pour la Terre et l’Humanisme », et j’avais donc abordé
cette émission en vagabondant, par touches impressionnistes, avec quelques
questions majeures, telles que : Comment construire tous ensemble un
cheminement collectif à partir de nos cheminements individuels ? Comment
retrouver ou conserver la maîtrise de son temps, c’est-à-dire de sa vie ?
Comment retrouver ou conserver son enthousiasme et son énergie vitale ? Ou
exprimé autrement : comment avancer vers l’essentiel sans être rabougri ou
détruit par son environnement ? Il était question de témoignages, de
principes, de méthodes, de perspectives sur le Béarn et mon département des
Pyrénées Atlantiques, le 64, et bien sûr, il était question du « Mouvement
pour la Terre et l’Humanisme ». A la réflexion, il m’a paru préférable
d’exprimer uniquement ce dernier point et de baptiser l’émission « Le
Mouvement International pour la Terre et l’Humanisme, en gestation accélérée ».
Cette
émission s’adresse à toutes et à tous, quels que soient votre situation, vos préoccupations,
vos engagements, etc. Elle s’adresse bien sûr à tous ceux qui ont déjà choisi
de s’impliquer dans cette dynamique. Et elle s’adresse aussi tout particulièrement
à tous ceux qui répondraient « oui » aux deux questions
suivantes : Souhaitez-vous un monde plus humain et plus
fraternel ? Souhaitez-vous un avenir pour vos enfants et vos petits enfants ?
Cette émission se veut donc une présentation globale d’un Mouvement en
construction, initié et présidé par Pierre Rabhi, aussi j’ai choisi de
m’appuyer sur des documents existants sur le site du mouvement www.mvt-terre-humanisme.org , sur des échanges,
des réunions… et ailleurs, pour vous proposer, en toute transparence, cette
intervention que vous pouvez librement démultiplier à votre initiative et à
votre façon. Cette intervention se veut également appel lancé à chacun de nous,
à chacune de nos consciences.
Entrons
donc tout de suite dans le vif du sujet, avec un résumé de ce que vous allez
entendre :
Tout
d’abord un texte d’introduction de Pierre Rabhi « Pour une insurrection des consciences » qui donne la tonalité, ensuite nous survolerons
successivement six parties :
I ère
partie : C’est quoi ce Mouvement ? où il sera question de la charte qui fédère sur l’essentiel,
II ème
partie : Qui est Pierre Rabhi ? avec quelques éléments éclairant son parcours,
III ème partie : Pourquoi ce Mouvement ?
Quelle est sa finalité ? qui
précisera quelques axes forts,
IV
ème partie : Quels sont les objectifs du Mouvement ? où il sera question des moyens existants ou envisagés, du
réseau local et international, …
V ème
partie : Quels sont les projets concrets envisagés ? pour avancer vers les objectifs et la finalité définis,
VI ème
partie : Quels sont les résultats attendus, à court et à moyen
terme ?
En introduction, Pierre Rabhi,
plaide Pour une insurrection des
consciences :
Le vingtième siècle
finissant a été dominé par l’alliance de la science et de la technique au
service du «progrès». Certes, des prouesses considérables ont été réalisées
dans divers domaines mais qu’en est-il du destin des humains et de celui de la
planète qui les héberge ? Dans cette épopée matérialiste, la violence de
l’homme contre l’humain a atteint des seuils désastreux et la nature a subi des
détériorations sans précédent.
Ces constats rendent plus que jamais
nécessaire et urgente une alternative globale. Nous sommes de ceux qui pensent
que le 21ème siècle ne pourra être sans tenir compte du caractère « sacré » de
la réalité, et sans les comportements et les organisations qui témoignent de
cette évidence ; car les bons voeux, les incantations, les analyses et les
constats cumulés ne suffiront pas. La première utopie est à incarner en
nous-même. Les outils et les réalisations matérielles ne seront jamais facteur
de changement s’ils ne sont les oeuvres de consciences libérées du champ
primitif et limité du pouvoir, de la peur et de la violence.
La crise de ce temps n’est pas due aux
insuffisances matérielles. La logique qui nous meut, nous gère et nous digère,
est habile à faire diversion en accusant le manque de moyens. La crise est à
débusquer en nous-même dans cette sorte de noyau intime qui détermine notre
vision du monde, notre relation aux autres et à la nature, les choix que nous
faisons et les valeurs que nous servons.
Incarner l’utopie, c’est avant tout témoigner
qu’un être différent est à construire. Un être de conscience et de compassion,
un être qui, avec son intelligence, son imagination et ses mains rende hommage
à la vie dont il est l’expression la plus élaborée, la plus subtile et la plus
responsable.
Entrons
dans la Ière partie : C’est quoi ce Mouvement ?
En bref, deux notions peuvent le
récapituler : comprendre ou prendre conscience (c’est un peu
pareil), et inventer l’avenir.
Le Mouvement pour la Terre et
l’Humanisme :
- Participe à la
sensibilisation du plus grand nombre à l’urgence écologique et humaine,
- Propose des alternatives
dans les domaines de l’agriculture, de l’habitat, de l’éducation... sur le
thème : « Comment vivrons-nous demain ? »,
- Facilite la mise en
relation du grand public et des acteurs de terrain, afin d’encourager la
société civile à adopter de nouvelles pratiques conviviales, respectueuses de
l’humain et de la nature et à devenir ainsi moteur du changement.
Il réunit et s’appuie sur six associations
fondatrices (Terre et Humanisme, les Amanins, les Oasis en tous lieux, la
Ferme des Enfants, le Mapic, les Amis de Solan) et une compagnie théâtrale
(les Enfants du Paradis) représentant une quarantaine de salariés, une
centaine de
bénévoles, plusieurs milliers
d’adhérents, le Mvt s’appuie aussi sur un vaste réseau national et
international.
Le Mouvement initié par Pierre
Rabhi en juin 2006, explicité au forum fondateur de Biarritz en novembre 2007, sera
officiellement lancé en 2008 par une série d’événements dans toute la France. Ces
rencontres permettront d’impulser une vaste dynamique populaire, qui devrait
être concrétisée par la création d’antennes locales, ces rencontres permettront
aussi de faire connaître la structure, son message et ses initiatives. Le
Mouvement est une jeune association qui, grâce à son vaste réseau, a déjà une
très longue expérience.
Le Mvt est un appel à chacun
de nous, à chacune de nos consciences, car nous est-il dit, « nous envisageons ce projet comme une fédération
d’initiatives et de personnes, se reconnaissant dans des valeurs communes et
souhaitant, ensemble, contribuer à les promouvoir de manière concrète.
L’urgence et la gravité des enjeux écologiques et humains nécessitent cette
union ».
De nombreux organismes partenaires : associations, entreprises, fondations, ont déjà rejoint le mouvement afin de donner vie à cette action et la mener à bien : WWF, Nature et Découvertes, Actes Sud, Fondation SQLI, Fondation Luciole, Epargne en conscience...etc.
Le Mouvement n’est pas un
mouvement politique, mais un mouvement de « politique en actes »,
pour redonner la possibilité à chacun de s’engager, en conscience, là où il
est, avec la volonté que les choses bougent partout : dans le monde
associatif, politique, médiatique, dans le monde de l’entreprise, …et en chacun
de nous. Le Mouvement, qui est une
association loi 1901, n’a pas pour objectif d’accumuler des adhérents, mais de
permettre au maximum de personnes de s’impliquer localement.
Les valeurs communes, qui fédèrent sur l’essentiel, sont récapitulées
dans une charte, qui exprime des constats et des propositions, dont le
sommaire est le suivant :
Constats : La Terre et
l’Humanité gravement menacées
Le mythe de la croissance
infinie, Les pleins pouvoirs de l’argent, Le désastre de l’agriculture chimique,
Humanitaire à défaut d’Humanisme, Déconnexion entre l’humain et la nature
Propositions : Vivre et
Prendre soin de la Vie
Incarner l’utopie, Agroécologie,
Relocalisation de l’économie, La logique du Vivant,
Le féminin au coeur du
changement, Sobriété heureuse, Une autre éducation.
Entrons
dans une IIème partie indispensable : Qui est Pierre Rabhi ?
D’abord
quelques éléments biographiques
-Pionnier de l’agriculture
écologique pratiquée depuis plus de 40 ans,
-Créateur en 1985 du premier
centre de formation à l’agroécologie au Burkina Faso en partenariat avec le
Point Mulhouse et avec le soutien du président Sankara (aujourd’hui plus de 90
000 paysans pratiquent cette méthode),
-Initiateur et président du
CIEPAD (Carrefour International d’Echanges et de Pratiques
Appliquées au Développement ) en
collaboration avec le Conseil Général de l’Hérault
jusqu’en 1998,
-Reconnu Chevalier dans l’Ordre
National de la Légion d’Honneur et expert international pour la sécurité
alimentaire avec sa participation à l’élaboration de la Convention des Nations
Unies pour la lutte contre la désertification,
-Candidat à l’élection
présidentielle de 2002
-Conférencier et auteur de
nombreux ouvrages dont « L’Offrande au crépuscule »
primé par le Ministère de
l’Agriculture français, « Graines de possibles » avec Nicolas Hulot, « La
part du Colibri »... et je pourrais citer encore « Terre-Mère,
homicide volontaire ? » « Parole de terre », « Conscience
et Environnement », « Le chant de la Terre », « Le Gardien
du feu », …sans oublier son premier « Du Sahara aux Cévennes »
en 1983.
Evoquons maintenant, pour être
concret et à titre d’illustration, quelques
associations initiées par Pierre Rabhi. Nous choisirons trois associations
membres du « Mouvement pour la Terre et l’Humanisme » :
L’association « Terre et Humanisme » (PESI : Pratiques Ecologiques et Solidarité internationale), où j’ai la joie d’être en responsabilité bénévole : il s’agit d’une structure de formation à l’agroécologie, avec des actions en France et à l’international (Mali, Niger, Burkina Faso, Maroc...). Son objectif principal est de contribuer à l’autonomie et à la souveraineté alimentaires des peuples, particulièrement les plus démunis, tout en régénérant et préservant leurs patrimoines nourriciers.
En réponse à une question
fréquente et pour lever toute ambiguïté éventuelle entre l’association
« Terre et Humanisme » et le mouvement « Terre et
Humanisme », j’exprime souvent que l’association est au mouvement ce que
la France est à l’Europe, c’est-à-dire une composante qui explore et met en
œuvre une alternative en matière d’agriculture : l’agroécologie, en
rappelant toujours que « la Terre-mère et l’éveil de l’Humanisme sont
deux éléments fondamentaux et indissociables ».
Ensuite l’association « Les
Amanins » : c’est un Ecosite pilote sur 55 ha, un lieu
expérimental situé dans la Drôme, à capacité d’accueil de 300 à 400 personnes, comprenant
une ferme, avec culture et élevage, un village d’accueil et une école à deux
classes.
Ses objectifs principaux sont d’être
un lieu d’expérimentation d’un nouveau mode de vie
individuel et collectif,
d’Accueillir le public pour des vacances, des séminaires ou des stages... pour le sensibiliser à de nouvelles pratiques
respectueuses de l’humain et de la nature qu’il s’agisse de construction, d’énergie,
d’agriculture, d’éducation....
Un troisième exemple avec l’association
« Les Oasis en tous lieux », qui sont des lieux de vie visant une
autonomie fondée sur la terre nourricière, la pluriactivité et les échanges
favorables à la reconstitution du lien social local. Les Oasis peuvent être des
structures familiales ou regroupant plusieurs foyers et visant l’autonomie ou
des réseaux de plusieurs structures proches. Ses objectifs principaux sont de Permettre
la mise en oeuvre d’un ensemble de savoirs, savoir faire et valeurs culturelles
avec des pratiques solidaires intergénérationnelles et en lutte contre les
exclusions.
Une
IIIème partie : Pourquoi ce Mouvement ? Quelle est sa finalité ?
La réponse peut se résumer ainsi :
« pour
inspirer et pour promouvoir de nouveaux modes de vie ».
-Une première phase de
sensibilisation aux enjeux écologiques, avec notamment Nicolas Hulot, Al
Gore, Yann Arthus Bertrand... a contribué à éveiller la conscience du grand
public à l’échelle internationale,
-Le Grenelle de l’Environnement a
amorcé une implication politique à l’échelle nationale,
-Le temps est aujourd’hui à l’action
conjuguée des citoyens, des entreprises et des élus. Un très grand nombre
d’initiatives sont développées par la société civile depuis des années et il
est aujourd’hui possible de les partager avec les responsables politiques et
économiques.
Or, c’est à l’échelle locale que
cette collaboration prend le plus de sens et trouve le plus de facilité. C’est
à l’échelle locale qu’élus ou citoyens sont les plus libres d’inventer les
fonctionnements de demain, en lien avec les particularités des territoires et
des habitants, dans une collaboration libérée de certains cloisonnements
politiques et administratifs.
Le Mouvement pour la Terre et
l’Humanisme, fort de son vaste réseau et des propositions qu’il a développées
depuis une vingtaine d’années dans les domaines de l’agriculture, de l’habitat,
de l’éducation et de la solidarité internationale a donc choisi de focaliser
son action sur l’inspiration et la promotion de nouveaux modes de vie, au Nord,
comme au Sud, avec trois axes forts, au N, au S et entre le N et le S :
Au
Nord, promouvoir écologie, responsabilité et lien social.
Nous savons aujourd’hui qu’une
grande part du désastre écologique mais également de la détresse des pays dits
« du Sud » est directement lié au modèle économique du « Nord » et aux modes de
vie qui le sous-tendent. Repenser nos modes de production, de transformation,
de distribution, d’achats, d’échanges est aujourd’hui le meilleur moyen de
venir en aide aux pays du Sud, de construire un monde écologiquement viable,
plus équitable mais également de redonner du sens à nos organisations et de ré
humaniser nos relations. Par une forte démultiplication des initiatives
locales, le Mouvement peut y contribuer.
Au
Sud, redonner les moyens de l’autonomie et de la souveraineté alimentaire.
La famine, la malnutrition, la
pauvreté continuent de miner une partie importante de la planète tandis que les
richesses s’entassent dans une autre. Redonner aujourd’hui aux populations les
moyens de se nourrir par elles-mêmes et de reprendre la maîtrise de leur
destinée est un des axes majeurs de l’action du Mouvement. L’application de
l’agroécologie comme mode de vie dans les pays du Sud a d’ores et déjà démontré
sa pertinence dans ce domaine et demande à être amplifiée. C’est une des tâches
que nous poursuivons.
Entre
le Nord et le Sud, encourager l’équité, la solidarité et la coopération.
Répartir équitablement les richesses
de la planète ne pourra se faire sans une drastique réduction de notre
consommation de ressources naturelles et une profonde réorientation de notre
modèle économique. A ce titre, les territoires ne sont pas égaux et des
solutions très différentes doivent être mises en place par les acteurs locaux,
en collaboration avec leurs homologues internationaux. Une relocalisation des
activités, ouvrant la voie à des territoires autonomes, tournés vers de
nouveaux types d’échanges est l’un des objectifs poursuivis par le Mouvement.
Une
IVème partie : Quels sont les objectifs du Mouvement ?
On peut dire qu’il y a deux
objectifs majeurs que nous allons maintenant développer :
-le 1er Favoriser
l’action locale et la mise en réseau au Nord, pour l’émergence de nouveaux
modes de vie,
-le 2ème Propager
l’agroécologie.
Commençons par le 1er Favoriser l’action locale et la mise en réseau au Nord
:
L’accélération des processus de
destructions écologiques (climat, biodiversité, sols…) et sociales (réfugiés,
famines, malnutrition…) rend plus que jamais impérative la création d’une
alternative globale au modèle économique et social actuel. Cette alternative
trouve aujourd’hui ses germes dans la société civile où de multiples
innovations ont déjà eu lieu : nouvelles technologies, nouveaux modes de
production, de distribution et de consommation, nouveaux modes de communication
et d’échanges entre les individus ou les organisations, nouveaux processus
décisionnels, nouveaux modes d’habitation individuels et collectifs, nouveaux
modes d’éducation… Ces initiatives doivent être encouragées, mises en valeur,
coordonnées, articulées entre elles afin de prendre une forme visible par le
plus grand nombre. S’il est impératif d’alerter, nous croyons qu’il est encore
plus capital d’inspirer par la mise en lumière de modèles alternatifs,
conviviaux et porteurs de qualité de vie.
Si de grands efforts doivent
évidemment êtres faits pour porter secours aux populations en détresse, si des
mesures doivent être prises pour limiter ou réparer les dégâts liés aux
pollutions, il est d’autant plus crucial de s’attaquer à la source de toutes
ces catastrophes. C’est la raison pour laquelle nous avons choisi de concentrer
nos efforts sur la transformation des consciences et des modes de vie dans la
société civile, en France et plus généralement en Occident.
Or, le Mouvement pour la Terre et
l’Humanisme possède des atouts majeurs pour être l’un des leaders de cette
nouvelle phase :
- Pierre Rabhi est une
personnalité charismatique, d’une exemplarité certaine et possédant une grande
capacité de mobilisation populaire,
- Le Mouvement a développé de
nombreuses alternatives dans les domaines de l’agriculture, de l’alimentation,
de l’habitat, de l’éducation, de l’énergie et de la solidarité internationale
qu’il est aujourd’hui possible de mettre en valeur auprès du grand public et de
propager à l’échelle locale,
- Il possède d’ores et déjà un
vaste réseau national et international à très forte implication locale et
collective. Il est aujourd’hui possible de s’appuyer sur ce réseau, son
expérience et ses pratiques pour mobiliser une large frange de la population
interpellée par les problèmes environnementaux et démultiplier les actions
locales,
- De nombreux partenaires sont
prêts à s’investir à ses côtés pour porter cette initiative.
Arrêtons-nous sur ce Réseau
local et international :
Nous avons vu que le Mouvement
réunit et s’appuie sur six associations fondatrices composées d’une
quarantaine de salariés, d’une centaine de bénévoles, de plusieurs milliers
d’adhérents et sur un vaste réseau national et international. Au cœur du réseau
il y a donc ces six associations fondatrices, initiées par Pierre Rabhi, et
déjà citées : Terre et Humanisme, les Amanins, les Oasis en tous lieux, le
MAPIC, les Amis de Solan et la Ferme des Enfants. Se déployant en éventail et
non en pyramide, autour de ce coeur, on trouve d’abord les comités locaux,
qui sont des structures locales montées au moment de la candidature de Pierre
Rabhi aux élections présidentielles de 2002 : 90 comités locaux
historiques, qui font historiquement partie du MAPIC, le Mouvement
d’Appel pour une insurrection des consciences.
Ensuite, on trouve des associations
partenaires, certaines créées dans la mouvance des idées de Pierre R fonctionnant
de façon totalement autonome : Terre d’Adèle (Pessac), A petits pas (Nord), De
l’humus à l’humain (en pays basque), etc.
et d’autres structures amies ayant manifesté l’envie de
collaborer avec Pierre et avec le Mouvement : Kokopelli, WWF France, Nature et
Découvertes, Fondation SQLI, Epargne en Conscience, Nature Humaine, Awareness
Consulting,…
On trouve également des sympathisants, signataires de la charte ou donateurs du mouvement, ou participants aux conférences de Pierre Rabhi, lesquels sont environ quelques
10 000 par an. C’est là aussi que
se situent également de nombreuses structures susceptibles de travailler en
synergie avec le mouvement : Agrisud, Les amis de la Terre, Cari, Fondation
Nicolas Hulot, Goodplanet...
Quant au réseau international :
on peut citer au Burkina Faso : l’ADTAE (Association pour la Diffusion des
Techniques Agro-Ecologiques), l’AVAPAS (Association pour la Vulgarisation et
l’Appui aux Producteurs agroécologistes du Sahel ) et l’AGED (Association pour
la Gestion de l’Environnement et la promotion du Développement Durable), au
Maroc : Terre et Humanisme Maroc, l’association Al Hadaf, ... au Mali l’UAVES
(Union pour un Avenir Ecologique et Solidaire) en Tunisie : l’Oasis de Chenini sans
oublier le réseau actuellement informel en Algérie, Belgique, Corée, Niger,
Scandinavie, Suisse, Roumanie
Afin d’encourager la mise en
action de la société civile et l’émergence de ces nouveaux
modes de vie, le Mouvement pour
la Terre et l’Humanisme développe une Stratégie
en trois temps, pour à la fois articuler la vision et l’action ainsi que
favoriser l’action locale et la mise en réseau :
1. Communication :
Sensibiliser aux grands enjeux de
la crise écologique et humaine et particulièrement aux
problématiques de la terre et de
l’alimentation,
2. Aide à l’action :
Mettre en relation le grand
public et les acteurs de terrain. Promouvoir des alternatives
dans les domaines de
l’agriculture, de l’habitat, de l’éducation, de la solidarité internationale...
3. Animation de réseau :
Constituer et animer un vaste
réseau capable de démultiplier les initiatives personnelles, de mettre en place
des alternatives concrètes à l’échelle locale ou régionale, de peser sur et
d’encourager les orientations politiques et économiques.
Sans entrer dans le détail
aujourd’hui, des outils existent déjà ou sont en cours de création pour appuyer
cette stratégie, citons des sites web, des films, des pièces de théâtre,
medias, publications, conférences, stages, évènements, un manuel d’actions, et
des outils de mise en réseau. .
2-Propager
l’Agroécologie :
Le second objectif du Mouvement
est de diffuser au maximum la pratique de l’agroécologie à l’échelle locale, au
Nord et au Sud. La problématique de la terre et de l’alimentation est en effet
au carrefour d’un très grand nombre des enjeux du 21 ème siècle. Y répondre de
façon adaptée peut avoir un impact considérable sur notre avenir et sur notre
qualité de vie. Avant de passer en revue ces grands enjeux, nous allons nous
arrêter sur ce qu’est l’agroécologie, qui pourrait s’identifier à une pratique
écologique, sociale et solidaire.
Pierre Rabhi a coutume de dire
que l’agroécologie est à la fois protestation et
proposition. Avec l’agroécologie, nous dit-il, ce n’est pas seulement une
alternative agricole, mais un fait de société, c’est véritablement changer le
modèle qui gère nos sociétés.
S’inspirant de l’ordre et de
l’équilibre naturels, l’agroécologie est donc à la fois une éthique et une
pratique respectueuse du vivant, permettant la préservation et
l’amélioration de la fertilité de la terre. Elle permet de répondre aux
critères de sécurité et de salubrité alimentaires tout en sauvegardant les
patrimoines nourriciers.
Avantages écologiques :
Entretien et régénération des sols, fourniture d’humus garant de leur bonne
fertilité, optimisation de l’usage de l’eau, respect et sauvegarde de la
biodiversité, lutte contre l’érosion et la désertification, applicable sur
terre aride.
Avantages économiques :
Réduction considérable des coûts de production due à l’inutilité des intrants
chimiques (engrais, pesticides…etc.), intrants nuisibles et onéreux : c’est une
alternative adaptée à la précarité des moyens des pays du Sud.
Relocalisation de l’économie par
la valorisation des ressources locales : réduction des transports générateurs
de dépendance énergétique et destructeurs des espaces naturels.
Avantages sociaux :
Autonomie alimentaire des individus et des collectivités locales tout en
maintenant les échanges complémentaires, facteurs d’ouverture et de
convivialité : réduction des flux migratoires et de l’émigration de la misère. Production
quantitative d’une alimentation de qualité, garante de bonne santé.
Enumérons maintenant les
grands enjeux que nous allons successivement passer en revue : le
réchauffement climatique, l’eau, la biodiversité, l’emploi et l’organisation
sociale, les migrations et la pauvreté, l’autonomie et la souveraineté
alimentaire des populations, la préservation des patrimoines nourriciers,
l’érosion, la désertification, la santé publique.
Le réchauffement climatique :
le secteur de l’alimentation, intégrant la production, la transformation et la distribution,
est le plus gros poste d’émission de gaz à effet de serre en France : 32%.
A contrario l’application de
l’agriculture biologique à l’ensemble des terres arables de la planète pourrait
permettre de stocker de grandes quantités de carbone présent dans l’atmosphère.
L’eau : aujourd’hui,
l’agriculture continue d’être la plus consommatrice d’eau parmi les activités
humaines. Et pourtant 70% de l’eau utilisée est perdue par évaporation ! Les
activités agricoles conventionnelles utilisant engrais et pesticides entraînent
une forte détérioration de la qualité de l’eau redistribuée dans les sols et
acheminée vers les lacs et rivières, deux fois plus importante que la pollution
des transports maritimes pour les océans.
La biodiversité : l’agriculture
telle qu’elle se pratique aujourd’hui, avec la mise à nu des sols par
l’agriculture intensive et la monoculture..., menace les écosystèmes qui nous
entourent et l’équilibre écologique de la planète. L’exemple de la disparition
des colonies d’abeilles, nous programme seulement 4 petites années de survie
alimentaire après leur extinction, car elles sont responsables de 90% de la
pollinisation des fruits et autres plantes constituant une réserve de
nourriture indispensable.
L’emploi et l’organisation
sociale : premier employeur mondial jusqu’en 2006, l’agriculture
traditionnelle est aujourd’hui menacée. L’intérêt des métiers de service plutôt
que du primaire entraîne un déséquilibre villes/campagnes sans précédent, ces
dernières n’ayant plus assez de «bras» pour alimenter les plus de 50% de la
population mondiale vivant en ville.
Les migrations et la pauvreté :
l’intensification de l’exode rural mondial, avec l’endettement des petites
exploitations, les cultures d’exportation plutôt que les cultures vivrières...,
creuse les disparités sociales et régionales. Au cours des 50 dernières années,
selon la FAO, quelques 800 millions de personnes dans les pays en développement
ont abandonné les campagnes (désertification, pauvreté...) en quête d’un
«meilleur» salaire.
L’autonomie et la souveraineté
alimentaire des populations : notre civilisation moderne s’apparente à
une civilisation «hors-sol», complètement déconnectée de la terre. La
multiplication des intermédiaires de la chaîne agroalimentaire, la
privatisation des semences, confisquent désormais le pouvoir et la capacité des
peuples à maîtriser leur survie, et par conséquent, la possibilité pour les générations
futures d’organiser leur propre autonomie alimentaire.
La préservation des patrimoines
nourriciers, l’érosion et la désertification : plus de 10 millions
d’hectares de terres arables se dégradent tous les ans. La stérilisation des
sols par les intrants chimiques appauvrit et finit par lessiver totalement les
sols de toute leur richesse organique, sols qui cumulent 80% de la biomasse
vivante.
La santé publique : vache
folle, poulet à la dioxine, obésité... Vouloir impunément intervenir sur les
processus naturels de fertilisation des sols, d’une grande complexité, dépasse
notre capacité à les maîtriser et relève d’une véritable question de salubrité
alimentaire et de santé publique : 1/3 des cancers sont considérés aujourd’hui
comme venant directement de l’intoxication alimentaire.
La Stratégie pour notre 2ème objectif, de propager
l’agroécologie se résume en 5 points :
1-Sensibiliser aux
problématiques de la terre : Création et développement des stages grand
public et entreprise,
2-Encourager la production individuelle
: Sensibilisation aux vertus et au plaisir du jardin potager. Formations grand
public à la culture d’un jardin potager. Aide à la création de filières de
compost dans les collectivités. Stages de cuisine créative et végétarienne.
Fiches pratiques sur le web...
3-Favoriser les réseaux
d’agriculture locale et biologique : Communication auprès du grand public
sur les initiatives telles que les AMAP ou les jardins de Cocagne. Aide au développement
de filières telles que les ventes à la ferme, les marchés de producteurs
locaux, etc. Organisation de collaborations entre producteurs locaux et
cantines scolaires, cantines de collectivités, restaurateurs...
4-Repenser la solidarité
internationale : Sensibiliser à la solidarité comme aide à l’autonomie
plutôt qu’assistanat. Communication des programmes internationaux de Terre et
Humanisme,
5. Multiplier les formateurs
: Création d’un corps d’agroécologistes sans frontières pouvant
intervenir en France et à
l’International.
Une
Vème partie : Quels
sont les projets concrets envisagés ? que nous analyserons en 4 volets :
communication/sensibilisation, démultiplication de l’action locale individuelle
puis collective et enfin large diffusion ou propagation de l’agroécologie.
1.
Communication -sensibilisation
A. Documentaire de Coline
Serreau sur l’Agrécologie
Après les films constats sur le changement climatique (Une
Vérité qui dérange d’Al Gore) ou sur l’alimentation (Notre Pain Quotidien et We
feed the World, ayant totalisé plus de 180 000 entrées en France), voici un film proposition présentant l’alternative agroécologique
à travers le monde (France, Mali, Inde, Brésil...). Un outil de sensibilisation
international décliné sur l’ensemble des supports : salle, DVD, Internet (en
films courts)...
B. Lancement du Mouvement pour
la Terre et l’Humanisme
Evénement de lancement officiel à
Paris en septembre 2008 comprenant :
- La sortie officielle du livre
de Pierre Rabhi chez Actes Sud « Pour une
insurrection des consciences »,
- Une conférence de Pierre Rabhi,
entouré de plusieurs personnalités,
- La création d’un jardin potager
agroécologique en plein coeur de Paris,
- L’organisation d’un forum
ouvert sur le thème : « Que peut faire chacun
d’entre nous à l’échelle locale et collective ? »,
- La projection en avant première
du film de Coline Serreau suivie d’un débat,
- L’organisation simultanée de
projections-débats dans toute la France.
C. Publications en partenariat
avec Actes Sud
Coordination de la collection « Comment vivrons-nous demain ? » chez Actes Sud,
présentant des alternatives dans le domaine de la terre et de l’alimentation,
de l’habitat, de l’éducation, sur la base de projets existants.
D. Théâtre
Diffusion des spectacles adaptés
des écrits de Pierre Rabhi par la compagnie des Enfants du Paradis : « Parole de Terre » et « Humus ».
2.
Démultiplication de l’action locale individuelle
A. Site ressource et moteur de
recherche
De plus en plus de films, de
livres, de sites, d’émissions de TV contribuent à sensibiliser le grand public
à la crise écologique sans précédent que nous traversons. Pourtant peu de
personnes touchées sont aujourd’hui en mesure de dire « quoi faire » et «
comment le faire ».
C’est à ces deux interrogations
que tâche de répondre le « site-ressource » créé par le Mouvement pour la Terre
et l’Humanisme avec :
• des fiches propositions,
présentant de nouvelles pratiques, de nouveaux modes de vie respectueux de
l’humain et la nature,
• des fiches pédagogiques
permettant d’approfondir la compréhension des thématiques,
• des fiches pratiques permettant
de mettre en oeuvre les propositions du site (ex : comment faire son jardin potager,
comment monter une AMAP, comment monter une cantine bio...)
• un annuaire / moteur de
recherche recensant les acteurs de terrain permettant de mettre en pratique les
différentes propositions.
3.
Démultiplication de l’action collective locale
A. Propagation d’un manuel
pratique d’actions locales, individuelles et collectives dans l’ensemble du
réseau du Mouvement : comment monter une AMAP, créer une cantine bio, créer des
filières d’écoconstruction, de compost, d’énergies renouvelables, jumeler des
producteurs locaux et des restaurateurs, des cantines de collectivités ou
scolaires, sensibiliser ses élus locaux...
B. Financement d’un poste et
d’un outil web permettant l’animation et la démultiplication du réseau
national et international du Mouvement par :
• La mise en place d’un forum
extranet de mise en réseau, de bases de données centralisées et de newsletters,
• La transmission d’outils de
communication (livres, films, documents, DVD éducatifs...),
• L’organisation de formations
(agroécologie, communication non-violente, forums ouverts, sociocratie...),
• L’organisation d’événement
locaux, régionaux et nationaux.
4.
Propagation de l’agroécologie
A. Formation d’un corps
d’agroécologistes sans frontières
Financement d’un centre de
formation de formateurs permettant de diffuser les techniques de l’agroécologie
partout dans le monde et particulièrement dans les pays à très forte population
rurale.
B. Développement des
formations « grand public » et entreprises
Séminaire de sensibilisation aux
enjeux de la terre et de l’alimentation (2j.)
Initiation à la terre (7j.)
Mon potager agroécologique (7j.)
Cuisine créative (7j.)
C. Création d’un jardin
agroécologique au Domaine de Longchamp en partenariat avec le WWF
Dans le cadre du Projet
Longchamp, création d’un jardin potager agroécologique permettant :
- la sensibilisation d’un public
urbain aux problématiques de la terre et à leurs alternatives biologiques
- un parcours pédagogique
(agriculture, récupération des eaux, irrigation goutte à goutte, etc.),
- des formations à destination du
grand public et des entreprises.
Une
VIème partie : Quels
sont les résultats attendus, à court et moyen terme ?
L’objectif global du Mouvement
pour la Terre et l’Humanisme est de participer à une transformation de la
société. A cette fin, il encourage la transformation de ses acteurs, tant dans
leur conscience que dans leurs modes de vie. Tout particulièrement il promeut
une nouvelle vision de l’agriculture, de l’écologie et des relations sociales.
Résultats
escomptés
Parmi les résultats principaux
que le Mouvement souhaite obtenir nous pouvons citer :
Propagation de l’agroécologie
:
Formation d’un corps
international d’agroécologistes. Démultiplication des terres cultivées
agroécologiquement en France et à l’International. Reconversion ou installation
d’agriculteurs en agriculture biologique. Augmentation de la production et de
la consommation de produits issus de l’agriculture biologique. Autonomisation
alimentaire de populations locales
Emergence de nouveaux modes de
vie :
Développement de la coopération
et de la solidarité : création de collectifs locaux et démultiplication des
projets à l’échelle locale impliquant le plus grand nombre possible et la plus
grande variété d’acteurs. Augmentation de la consommation de produits locaux. Développement
des circuits courts. Baisse de la consommation globale d’énergie. Augmentation
de la demande en énergies renouvelables. Développement de l’habitat écologique.
Prise de responsabilité à l’égard de l’éducation environnementale des enfants :
démultiplication des réseaux d’éducation à la nature, aménagement et
enrichissement des programmes scolaires…
Voila, chers amis, cette intervention sur la situation actuelle et très prochaine du « Mouvement International pour la Terre et l’Humanisme » s’achève. Sans aucun doute, nous reparlerons de cette superbe aventure humaine, à laquelle nous sommes tous conviés et appelés à participer. Sans pouvoir dire ce que sera le thème de la prochaine émission, vous me permettrez de vous saluer fraternellement, en vous disant à très bientôt. Et, pour finir en beauté, Pierre Rabhi nous dit :
« Pour que les arbres et les plantes s’épanouissent, pour que les
animaux qui s’en nourrissent prospèrent, pour que les hommes vivent, il faut que la terre
soit honorée ».