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Réchauffement climatique et disparition des plages ? *

28ème émission 4 et 17 septembre 2007

 

 

 

 

Bonjour à toutes et bonjour à tous. Comme le mois dernier, le réchauffement climatique sera à notre ordre du jour, en nous focalisant tout particulièrement sur les plages avec une vraie et lourde question « Les plages vont-elles disparaître ? ». Ce sera en quelque sorte un prolongement de l’émission du mois dernier qui était intitulée « Jusqu’où la mer va-t-elle monter ? », ce sera aussi un zoom sur les plages chères au cœur des habitants des communes littorales et des nombreux touristes. Je rappellerai que ces deux interrogations correspondent à deux ouvrages d’un grand géographe, disparu il y a peu en 2005, et se veulent * hommage à Roland Paskoff.

 

Chers auditeurs, chers lecteurs de mon « blog », chers amis. Par respect pour vous et pour votre emploi du temps, il me paraît intéressant de vous faire systématiquement un bref résumé préalable de ce que je vais vous dire aujourd’hui : la présente 28ème émission, intitulée « Réchauffement climatique et disparition des plages ? », avec un gros point d’interrogation devrait nous permettre d’avoir des éléments sérieux de réponse, en nous appuyant sur une succession de réponses à des questions plus élémentaires, telles que : C’est quoi une plage ? Quelles sont les caractéristiques de ce milieu ? Pourquoi est-il menacé ? Quelle est notre part de responsabilité ? Avons-nous les moyens d’enrayer le processus d’érosion ?

Quatre temps jalonnent l’ouvrage évoqué et paru en juin 2005, aussi je vous propose également quatre temps pour cette émission : la nature des plages, l’érosion des plages, les remèdes à l’érosion, et dernier temps « vivre en harmonie avec les plages ».

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Avant d’aller plus loin, je voudrais exprimer pour les nouveaux auditeurs et rappeler aux autres que j’ai énormément apprécié la lecture des deux ouvrages cités de Roland Paskoff, cela est du à une écriture simple et agréable conduisant à une bonne compréhension dans un domaine complexe où je crois, nous avons tous des idées simplistes et archi fausses. J’ai aussi découvert et beaucoup aimé cette remarquable édition Le Pommier, qui les a édités, où les ouvrages sont appelés « Les Petites Pommes du Savoir » avec un argumentaire pleinement justifié : « des réponses brèves, claires et sérieuses aux questions que vous vous posez sur le monde ».

Avant d’entrer dans les quatre temps annoncés, je ferai un très bref rappel de l’émission précédente quant à la montée des eaux passée et prévisible :

La majorité des spécialistes pense qu’elle se sont élevées au XXème siècle, en moyenne de 17/18 cm et le réchauffement pour le XXème siècle a été estimé à 0,74°C.

Qaunt au XXIème : Le GIEC (Groupe intergouvernemental sur l’évolution du climat) a annoncé pour 2100 une élévation liée à l’effet de serre d’origine humaine comprise entre 14 et 80 cm, avec 44 cm comme valeur la plus probable. La vitesse d’élévation du niveau de la mer pourrait donc être trois fois supérieure à celle du XXème siècle. Le GIEC 2007 a établi six scénarios prospectifs, variant selon les effectifs de la population mondiale, l’ampleur de la croissance économique, et le recours plus ou moins massif aux énergies fossiles, qui conduisent à un réchauffement moyen de la Terre de 1,8° à 4°C au cours de ce XXIéme siècle, sans exclure un emballement jusqu’à 6,4°C, au lieu des 0,74°C pour le siècle précédent.

Pour la France métropolitaine, il est bon de savoir que les communes littorales représentent 4% de la superficie mais 10% de la population permanente du pays plus quelques 30 millions de visiteurs par an.

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En France, comme ailleurs dans le monde, on constate que beaucoup de plages sont actuellement en cours d'érosion et qu’elles cèdent du terrain sous les assauts de la mer, au point que peut se poser le problème de leur longévité.

Pendant des siècles, les plages sont restées désertes, en revanche, de nos jours, les plages sont de plus en plus occupées car elles offrent l'environnement le mieux adapté au tourisme balnéaire. Les plages sont passées en peu de temps du territoire du vide à celui du plein, voire du trop-plein.

Et il existe une situation de risque entre, d'une part, une occupation de l'espace qui, de manière imprudente, s'est souvent avancée au plus près de la mer et, d'autre part, des plages qui se rétrécissent, exposant les constructions à un endommagement par érosion et submersion. Et, dans cette situation de risque, les mesures de protection prises et que l'on continue souvent * encore à prendre se traduisent par des dégradations irréversibles de l'environnement.

* La commission européenne s'est intéressée à travers le programme Eurosion, au défi, que représente pour la société l'érosion et le recul des plages, et ceci est d'autant plus préoccupant que « la défense contre la mer », pour reprendre la formulation traditionnelle, coûte cher par exemple 3 200 millions d'euros en 2001.

 

Après cet aperçu global, entrons maintenant dans le premier temps de notre émission en nous interrogeant sur :

I-La nature des plages

* Les plages correspondent à des secteurs de côte où des sédiments, sables et galets, sont accumulés par la mer. Ces sédiments ne sont pas réunis par un ciment et ils sont constamment mis en mouvement par les vagues, les courants littoraux et, dans le cas des sables, également par le vent. Les plages constituent ainsi des systèmes naturels très dynamiques.

À quoi ressemblent les plages ?

En profil, les plages montrent une courbe plus ou moins concave, avec un haut de plage qui prend la forme d'un gradin, due à l'accumulation de sédiments par les mers les plus hautes, et un bas de plage qui est submergé à chaque marée. Ce bas de plage est prolongé dans les petits fonds par une avant-plage, toujours sous l'eau, qui est une partie intégrante du système, comme l'est d'ailleurs aussi le bourrelet dunaire, construit par le vent, qui accompagne les plages de sable, côté terre.

En plan, les plages peuvent présenter des formes différentes : en arc de cercle au fond des baies, rectiligne comme sur la côte Aquitaine. Il existe aussi des plages décollées de la Terre, comme les lidos languedociens qui sont d'étroits rubans de sable ou de galets isolant des lagunes, ou comme les flèches, cordons de sédiments qui s'avancent en mer.

L’alimentation des plages s’effectue par des sédiments qui ont des origines diverses. Certains viennent du domaine côtier, mais ce ne sont pas aujourd'hui les plus abondants. L'érosion marine fournit en général que peu de matériaux, sauf là où de hautes falaises de roche tendre, reculent rapidement. Aussi les plus gros volumes de sédiments frais susceptibles de nourrir les plages sont-ils, de nos jours, dus aux alluvions livrées par les fleuves à la mer où elles sont prises en charge par un courant côtier qui joue un rôle essentiel dans l'évolution des plages. C'est ce qu'on appelle la dérive littorale, qui résulte de l'arrivée souvent oblique des vagues par rapport au rivage et qui donne le sens du transit sédimentaire, c'est-à-dire du déplacement des sables et des galets le long d'une plage à l'échelle de l'année.

* La dérive littorale est capable d'apporter des sables et des galets aux plages en particulier en période de beau temps, mais elle peut en enlever lors des tempêtes en arrachant des sédiments aux plages et en les évacuant. À cette action s'ajoute celle des courants d'arrachement, courants perpendiculaires au rivage, susceptibles d'entraîner aussi vers le large des sables et des galets. Si, au bilan, il y a plus de sédiments apportés que de sédiments enlevés, la plage s'élargit. Si les sédiments enlevés sont plus importants que ceux apportés, la plage se rétrécit, ce qui, à terme, peut conduire à sa disparition. Pour analyser la situation, les plages sont habituellement découpées en compartiments sédimentaires homogènes dont les limites correspondent le plus souvent à des caps ou à des embouchures de fleuves. Toute intervention humaine à un endroit donné a des répercussions immédiates à l’aval de ce point dans le sens du transit sédimentaire.

Il existe aussi une variation saisonnière des plages : chacun se rend compte que, lors de tempêtes d’hiver dans nos régions, les vagues sont érosives et attaquent la plage et même la dune côté terre. Les sédiments enlevés vont partiellement enrichir l’avant-plage sous forme de bancs et constituer des brise-lames naturels, freinant ainsi l’érosion de la plage. Pendant l’été, les vagues moins hautes sont constructives et remontent depuis l’avant-plage des sédiments qui s'accumulent en surélevant le haut de plage. Mais la récupération ne s’effectue pas toujours, le trait de côte, limite entre la terre et l’eau recule, et une tendance chronique à la régression est fréquente sur de nombreuses plages.

 

Entrons maintenant dans notre deuxième temps, en analysant :

* II- L’érosion des plages

* En France métropolitaine, on estime que sur environ 50 % de leur longueur, les plages reculent ; les plus affectées sont celles des côtes d'Aquitaine et du Languedoc. Une enquête conduite à l'échelle du monde a montré que les plages sont actuellement sur 70% de leur longueur en situation d'érosion, sur 20% en état de stabilité et sur seulement 10 % en cours d'engraissement. Pourquoi donc cette situation de crise érosive généralisée ?

Nous sommes dans une période de pénurie naturelle en sédiments, qui succède à une période de profusion naturelle : quelques mots d'explications. Lors de la dernière grande glaciation qu'a connue la terre, entre 80 000 et 10 000 ans avant aujourd'hui, le niveau de la mer se situait à environ 120 mètres au-dessous de son niveau actuel. Les plates-formes continentales qui sont les prolongements des continents sous la mer jusqu'à une profondeur d'environ 200 mètres, étaient alors largement émergées. Il y avait alors des sables et des galets apportés par les glaciers, les fleuves ou les vents. Aussi, lorsqu'il y a environ 18 000 ans, commence la fusion des glaciers avec le réchauffement climatique, la mer en s'élevant repousse devant elle ces sédiments. Il y a 5000 à 6000 ans, cette avancée de la mer liée à la hausse de son niveau s'est achevée et les sables et les galets accumulés ont formé les plages que nous connaissons actuellement. Ensuite commence une période de pénurie sédimentaire naturelle dans le domaine littoral, avec une phase d'érosion, qui s’est manifestée dès les premiers siècles de l'ère chrétienne et qui se poursuit toujours.

* Dans ce contexte de pénurie sédimentaire naturelle, regardons maintenant les interventions humaines. Le rôle important de pourvoyeurs en sables et en galets que jouent les fleuves pour les plages a été considérablement réduit par leur équipement en barrages. Ceci constitue des pièges efficaces pour les alluvions en transit, qui sont ainsi empêchées d'arriver jusqu'à la mer. La tentation a été grande, à une époque d'augmentation rapide des besoins en granulats pour le secteur du bâtiment et des travaux publics, de recourir aux gisements qu'offraient le lit des cours d'eau et les plages. Cette exploitation destructrice a été interdite à la fin des années 1970, mais le mal était fait. Le long des plages, la tendance a été de construire au bord même de la mer. Des immeubles, des villas, des promenades en trop souvent été implantés sur l'emplacement du bourrelet dunaire voire sur le haut de la plage. Or, une plage ainsi amputée voit son économie sédimentaire sérieusement perturbée car le bourrelet dunaire joue un rôle important de réserve en sable. Des installations portuaires peuvent perturber profondément le transit sédimentaire qui se manifeste le long d'une côte. Des dépôts de sédiments se * forment contre les jetées qui constituent un obstacle à l'écoulement de la dérive littorale, tandis qu'au-delà d'elle, les plages, privées d'apports de sable ou de galets sont fortement érodées.

 

La multiplication des ports de plaisance a généralisé ce type de situation, qui s'accentuera avec l'élévation prévue du niveau de la mer au XXIe siècle : les vagues seront plus agressives et, plus hautes, elles seront moins freinées par le fonds marin. Par ailleurs, les modèles prévoient que le réchauffement attendu engendrera, dans les latitudes tempérées, une circulation atmosphérique plus active, avec pour conséquence une augmentation de la fréquence et de la force des tempêtes. Et dans les latitudes tropicales, sur des eaux marines plus chaudes, les cyclones violents seront plus fréquents. Or, ce sont les tempêtes et les cyclones qui sont à l'origine des érosions irréversibles sur les côtes. L'avenir des plages reste donc très sombre.

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Maintenant, dans notre 3ème temps, nous regarderons s’il existe :

III- Des remèdes à l’érosion

Longtemps, on a préconisé un recours à une défense lourde pour atténuer les conséquences des deux agents principaux de l’érosion des plages, les vagues et les courants littoraux. Aujourd'hui, une méthode plus douce consiste à porter remède à la cause première de l'érosion des plages, leur déficit sédimentaire, en le corrigeant par des * apports artificiels en sables et en galets. On compose avec les phénomènes dynamiques naturellement en jeu sur les côtes au lieu de s'opposer à eux. La défense lourde est représentée par les murs et des cordons d'enrochement, implantés parallèlement au rivage sur le haut des plages. Il y a des murs maçonnés, des cordons d'enrochement constitués parfois de pièces de béton comme les tétrapodes, il y a aussi fréquemment de gros blocs de pierre dense. La liste des inconvénients des murs et des cordons d'enrochement est longue et la course au renforcement des ouvrages est sans fin. Dans cette défense lourde, il y a aussi les épis qui sont faits de matériaux divers implantés perpendiculairement au rivage et s'avançant sur l'avant-plage, il y a aussi les brise-lames qui sont des ouvrages édifiés en avant du rivage et parallèlement à lui dans les petits fonds pour briser les vagues avant d'atteindre la plage. Cette défense lourde illustre le principe des dominos où le problème de l'érosion des plages est toujours déplacé ailleurs.

* Parlons maintenant des solutions alternatives. Il arrive que l’on remplace les enrochements lourds utilisés pour les cordons de haut de plage, les épis ou les brise-lames par des sacs de forme grossièrement cylindrique, faits d'une toile synthétique et remplis de sable. Il est possible aussi de créer sur l’avant-plage des récifs artificiels, affleurant à peine, appelés à jouer le rôle de brise-lames immergés. On propose aussi parfois de drainer la nappe d'eau souterraine qui existe dans les plages, ce qui favorise le dépôt de sédiments. Ces techniques peuvent localement constituer un recours pour faire face au recul d'une plage, mais elles ne corrigent pas la cause, qui est le déficit sédimentaire. La réponse de fond est l'assistance sédimentaire aux plages. On a vu que les bourrelets dunaires qui accompagnent les plages constituent pour elles une réserve en sable qui contribue à limiter leur érosion et  leur recul, aussi il est important de renforcer les * actions qui fixent le sable. Mais pour compenser le déficit en sédiments, la meilleure façon est d'apporter artificiellement, selon le cas, des sables ou des galets. En agissant ainsi, on permet aux plages non seulement de se maintenir, mais aussi de conserver leur aspect naturel. L'important est donc d'identifier des gisements exploitables de granulats aussi proches que possible et susceptibles de constituer une réserve suffisante, en quantité et en qualité, car des rechargements périodiques seront toujours nécessaires. On privilégie les gisements situés en mer, à une profondeur supérieure à 20 mètres pour qu'ils ne soient pas affectés par le mouvement des vagues à l'approche de la côte : l’exploitation s'effectue grâce à une drague flottante, avec refoulement ensuite vers le rivage par une conduite immergée. Il faut aussi s'interroger sur les dommages causés aux organismes qui peuplent le fond de la mer, ce qui peut conduire à une extraction plus profonde autour de 30/40 mètres et plus éloignée du rivage, d’où une augmentation du coût des opérations de réensablement. L'alimentation artificielle des plages en sédiments représente le meilleur traitement à l'érosion des plages. C'est une méthode largement pratiquée dans les pays développés. En France on est resté jusqu'ici plutôt frileux en la matière, alors que la réussite de la réhabilitation de la plage de Châtelaillon en Charente-Maritime devrait pouvoir servir d'exemple.

 

* Nous avons maintenant toutes les connaissances pour entrer dans notre quatrième temps * intitulé

IV-Vivre en harmonie avec les plages

Dans la situation de crise érosive que traversent aujourd'hui beaucoup de plages en France et dans le monde, et pour que leur aménagement soit durable, il est indispensable de s’appuyer courageusement sur les connaissances et l’expérience acquises. Le premier impératif est de ne pas alourdir le déficit en sédiments. Sans remettre en cause l'existence des barrages qui privent les côtes d’apports importants en sables et en galets, il est possible de minorer les effets aggravants de certains équipements ou de certaines pratiques. Nous avons vu que les jetées des ports de plaisance, dont le nombre s’est considérablement accru, perturbent l'écoulement de la dérive littorale et provoquent une accumulation de sédiments d'un côté et une érosion de l'autre. Le système, connu sous le nom de « by-pass », permet de remédier à ce désordre. Il s'agit d'une opération technique qui, par pompage ici et refoulement là, d’un mélange de sable et d'eau à l'aide d'une installation fixe, a pour résultat de rétablir artificiellement la circulation sédimentaire. C'est une pratique largement répandue aux Etats-Unis, peu en France même si une telle application a ou aura lieu à Capbreton dans les Landes.

* Le déficit en sédiments est également accentué sur les plages touristiques par les machines de nettoyage qui enlèvent du sable en quantité non négligeable. Il conviendrait d'encourager les communes à pratiquer le nettoyage manuel, qui permet de plus un tri sélectif. On peut ainsi laisser sur place les restes d'origine organique, sources d'éléments nutritifs pour la faune et la flore. Par exemple, sur le haut de plage, ces éléments favorisent la croissance du chiendent des sables, une plante qui joue un rôle pionnier dans la fixation du sable apporté par le vent et la formation d'une banquette qui sert de contrefort au bourrelet dunaire. La dépollution des côtes de Bretagne et des pays de Loire après le naufrage de l'Erika 1999 a signifié l'enlèvement de 250 000 t de soi-disant déchets qui ne comprenaient en fait que 40 000 t d'hydrocarbures, le reste étant constitué essentiellement de sables et de galets. Pour les plages menacées de disparition à terme, et que l'on souhaite vraiment maintenir, des apports massifs de sédiments seront nécessaires. C'est en particulier en France le cas des stations balnéaires imprudemment aménagées dans les années 1960 sur les lidos mobiles de la côte du Languedoc. Dans le cadre d'un projet européen de coopération interrégionale en Méditerranée occidentale, des recherches sont actuellement en cours pour identifier des gisements sous-marins susceptibles de fournir des sédiments indispensables au sauvetage des plages de la région. L'apport de sables et de galets prélevés sur l’avant-côte représente en effet la seule véritable solution susceptible d'assurer, dans une conjoncture de pénurie sédimentaire, le maintien de plages non dénaturées.

Il était nécessaire d’insister longuement sur cet équilibre sédimentaire, mais un autre élément est très important aussi pour la survie des plages, le besoin d’espace. Pour pouvoir évoluer librement, les plages ont besoin d'avoir, sur leur marge terrestre, des espaces restés à l'état de nature. Il est important de savoir qu’elles peuvent être érodées et que leur rivage peut se replier sans pour autant disparaître s'il existe en arrière d'elles des terrains sableux suffisamment étendus. C'est le cas, par exemple, pour celles de la côte Aquitaine, adossées à de vastes champs de dunes, qui reculent rapidement depuis l'époque gallo-romaine, mais qui ont continué à exister. De même, il y a des siècles que les lidos du littoral languedocien sont mobiles, roulant en quelque sorte sur eux-mêmes en direction de la Terre. Le problème ne s'est posé qu'à partir du moment où les communes littorales, dont le bâti permanent était en fait localisé à quelques kilomètres à l'intérieur des terres, se sont dédoublées, avec le développement du tourisme, en créant une station balnéaire sur le rivage en état d'érosion ou sur les lidos. Ailleurs sur nos côtes, rares sont les agglomérations en bordure de mer qui n'ont pas leur digue-promenade, souvent bâtie sur l'emplacement qu’occupait le bourrelet dunaire. L'erreur a été de s'installer à proximité de plages en situation d'érosion et de recul. Il eût fallu se tenir à distance, ce qu'il est encore possible de faire aujourd'hui là où les côtes sont restées à l'écart des aménagements. La loi littoral de 1986 prévoit qu'en dehors des espaces déjà urbanisés, une bande de terrain d'au moins 100 mètres de large, comptés à partir de la limite supérieure du rivage est inconstructible. La côte du département de la Gironde, où les plages se replient à une vitesse moyenne de l'ordre de 1m par an, la prudence commande d'élargir cette bande inconstructible à 500 mètres. Les plans de prévention des risques naturels prévisibles, institués par une loi de 1995, interdisent les constructions nouvelles sur les espaces qui, à échéance de son temps, pourraient être gagné par la mer à la suite du recul * du rivage.

En conclusion, vivre avec des plages en état d'érosion et de recul, sans qu'elles perdent pour autant leur caractère et leur beauté, est possible à une double condition : d’abord leur apporter les sédiments dont elles ont besoin là où les établissements humains se sont imprudemment rapprochés d’elles et ensuite accepter d'éloigner les aménagements à venir là où elles sont encore restées à l'état de nature. En agissant de la sorte, on pourrait sauver les plages. Ce serait une application concrète du concept de développement durable, dont on parle beaucoup aujourd'hui  mais dont la mise en oeuvre est encore souvent dans l'impasse.

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Maintenant, juste avant de clôturer cette émission centrée sur « le réchauffement climatique et la disparition des plages », je voudrais faire quelques commentaires supplémentaires en relation avec le soleil :

1-le point déterminant du devenir des plages, au-delà même de la pénurie sédimentaire liée aux barrages, est la pénurie sédimentaire naturelle, liée au cycle glaciaire/interglaciaire voisin de 100 000 ans, lui-même lié au cycle solaire de même période, résultant de la trajectoire de la terre autour du soleil, la terre étant perturbée par la gravitation des autres planètes,

2-c’est ce même cycle glaciaire/interglaciaire de 100 000 ans qui était également important quant à la montée des eaux, dans la précédente émission. Nous avions vu que nous étions toujours dans les conséquences de la fin du cycle glaciaire et de la fonte des glaciers avec un surélèvement localisé des continents, par allègement de charges.

3-pour ceux qui voudraient mieux comprendre l’influence du soleil sur le climat, je les orienterais vers le texte d’une émission radio (n°18) en avril 2004 sur ce thème, où Odile Wurmser, que j’interviewais, concluait * ainsi ses propos :

« Les effets liés aux paramètres orbitaux …, se reproduiront immanquablement puisqu'ils reposent sur la mécanique céleste. Il ressort d'une étude liée à ces paramètres orbitaux qu'une grande glaciation débutera avant 25 000 ans; elle s'installera par phases successives et culminera dans quelque 90 000 ans. En conclusion, on peut dire que depuis sa formation, la Terre a subi de nombreux changements climatiques. L'arrivée de l'Homme sur Terre est tardive à l'échelle géologique. Il a traversé des conditions climatiques très difficiles et il a survécu. Mais les choses changent à l'heure actuelle car nous avons la capacité de modifier les conditions de Vie sur Terre. Une chose est certaine, c'est que le climat est en train de se réchauffer. Le déséquilibre chimique actuel, (lié à l’homme,) se poursuivant et l'activité solaire croissant (jusqu’en 2040), des modifications climatiques sont à craindre et ces modifications seront d'autant plus grandes que la population mondiale est importante».

Le texte (émission 18) est aisément accessible, en relation avec le lien radio Voix du Béarn, sur mon blog personnel :  http://jackdesendets.blogspot.com

* 4-il apparaît clairement que le soleil joue un rôle essentiel, et pour ceux qui voudraient en savoir un peu plus, je les inviterais à aller voir le texte « Le Pic du Midi de Bigorre et les Observateurs Associés (les OA) », qui était la 14ème émission de la série « A la découverte du ciel »,

5-enfin, restons toujours sur le soleil, je voudrais terminer par une confidence qui explique le choix des deux derniers thèmes. C’est en octobre 2006, qu’étant OA au Pic du Midi de Bigorre avec Marie-Claude Paskoff pour une semaine de mission, j’ai découvert la dimension et l’expertise de son mari géographe Roland Paskoff, décédé en 2005.

 

Ces deux émissions ont voulu lui rendre hommage, en faisant partager aux auditeurs les connaissances acquises et les enseignements tirés au cours d’une vie au service de sa passion du littoral et de notre futur.

 

Sur ce, sans vouloir dévoiler le thème de la prochaine émission, il ne me reste plus qu’à vous souhaiter une très belle fin d’été sur les plages ou ailleurs, en vous transmettant mes salutations fraternelles coutumières. Et à très bientôt.

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