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25ème émission mai 2007

(diffusion les 1er mardi du mois à 21h et les 3ème lundi à 20h30)

 

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La rencontre de la différence

au cœur du « Vivre ensemble »

 

 

 

 

Bonjour à toutes et bonjour à tous.

Bonjour bien sûr à nos deux intervenants, que j’ai énormément de joie à accueillir aujourd’hui : Françoise et Pierre Guillaume.

Bonjour Jacques, bonjour à tous.

 

Le mois dernier j’annonçais le thème de l’émission d’aujourd’hui, la 25éme de la série, en ces termes : « Ce sera aussi une belle émission, très dense humainement, puisque je recevrais les responsables d’une association admirable ». Ecoutez-moi bien, « chaque année le jeudi de l’Ascension, depuis plus de vingt ans, l’association « Vivre ensemble » organise à Os Marsillon, dans le Béarn une extraordinaire fête pour les handicapés. Et j’aime leur credo humaniste, écoutez bien encore : « Vivre ensemble, c’est un défi permanent contre l’égocentrisme, une volonté farouche à surmonter le handicap et surtout un pari permanent sur les vraies valeurs humaines ». Ce rendez-vous annuel est l’évènement majeur, le point d’orgue de l’association, mais il n’est pas seul, il existe aussi d’autres manifestations fort sympathiques.

Eh bien, je vous propose tout de suite d’embarquer pour cette belle aventure, qui se tiendra donc le jeudi 17 mai 2007, et tout de suite aussi, nous allons faire connaissance avec le président Pierre et son épouse Françoise, chargée de communication.

 

   

                   I.       Françoise et Pierre, une question très directe, qui êtes-vous ?

Nous sommes mari et femme, nous sommes dans la vie active les responsables d’une petite société qui œuvre dans le domaine de la maintenance industrielle, plus précisément l’instrumentation dans le domaine pétrolier.

Pierre est métrologue et se déplace en France et à l’étranger et moi-même je m’occupe de tout le côté administratif et comptable.

Maintenant à toi Pierre. Eh bien Françoise nous a très bien présentés, je n’ai pas grand-chose à rajouter sur la présentation. Nous sommes très actifs puisque nous avons quand même dans nos occupations, beaucoup d’actions : « Vivre Ensemble » qui est une très grosse association et qui nous demande beaucoup de temps, ensuite je suis moi-même, avec Françoise, responsable de secteur de l’Hospitalité basco béarnaise. Là aussi, nous avons un très gros travail. On tourne toujours autour de l’Humanitaire et des Handicapés, qui nous apportent énormément de joie et de bonheur.

 

                II.       Maintenant, pourriez-vous, l’un ou l’autre, je crois que c’est Pierre qui va s’exprimer, nous raconter la genèse de cette aventure, il y a déjà bien longtemps, et puis nous dire ce qu’est l’association aujourd’hui ?

L’association a démarré au sein de l’USOM, l’Union Sportive d’Os Marsillon, qui était principalement inscrit au district de football, qui avait une vingtaine d’années d’expérience déjà, dans une toute petite commune d’Os Marsillon, trois cent habitants à l’époque. Vous voyez un peu le contexte, petit village, très serein et très dynamique. Nous avons, enfin moi je n’étais pas encore là à l’époque quand çà a démarré, je suis arrivé deux ans après que l’association « Vivre ensemble » et que le but humanitaire à destination des handicapés ait été lancé. L’association a démarré tout simplement par l’invitation du Lion’s club d’Orthez qui avait une demande de Salies de Béarn, de l’ADAPEI de Salies de Béarn, comme quoi ils voulaient faire un match de foot. De ce fait, ils avaient contacté Artix, qui n’avait pas répondu présent pour faire ce match de foot entre handicapés et valides, organisé par le Lion’s club à Orthez. De ce fait, c’est arrivé à Os Marsillon par le biais de Monsieur Diez, qui était récupérateur poubelles, enfin déchets industriels, sur la zone d’Artix. M Diez a appelé M. Segaud qui était président à l’époque, Hervé Segaud. Il lui dit, écoute, tu ne voudrais pas me fournir une équipe de foot pour dimanche là parce que j’ai des jeunes, on voudrait faire un match, avec des jeunes handicapés. Pourquoi pas ? Donc le match s’est fait à Orthez avec notre ami Jean-Pierre Aguerre, qui était responsable du Hameau de Bellevue, donc principalement des handicapés physiques. Tout çà s’est très bien passé, mais quand ils se sont quittés, ils avaient un petit manque, quelque chose qui n’allait pas. Donc, ils se sont promis tous les deux de se revoir et de voir si cette action ne pouvait pas être répétée à Os Marsillon directement et puis d’organiser des petits jeux comme çà, sympathiques entre joueurs de football uniquement, et voilà qui est fait l’année suivante. Donc, ils se sont retrouvés au stade d’Os Marsillon et c’est quarante cinq personnes qui étaient là. Notre ami Jean-Pierre Dottax, illustre restaurateur au pays basque à Ainhoa, je conseille vivement à tout le monde, était là pour faire la première paella, je n’étais pas encore au club, je suis arrivé la deuxième année. Et voilà qui s’est très bien passé, il y avait encore quelque chose qui n’allait pas, parce qu’en fait le système voulait que d’un côté, ils voulaient mettre les handicapés, et de l’autre côté, ils voulaient mettre les valides. Alors il fallait encore trouver quelque chose, un autre système parce que c’était vraiment des différences assez importantes. Donc la troisième année de rencontres, c’est ce qui s’est fait, où ils ont intégré les jeunes handicapés dans les équipes de foot, jouant en district, au niveau district, pas des grosses équipes mais ils ont fait deux équipes de football. Une vingtaine de jeunes sont arrivés de Salies de Béarn et à partir de là, çà y est, on avait mis les œufs, on avait mis l’huile, on avait mis l’ail, et on commençait à prendre la mayonnaise. Et voilà comme est partie cette idée de « Vivre Ensemble » à Os Marsillon, d’inviter les handicapés. Alors, moi je suis arrivé donc la troisième année, ils m’ont demandé bien sûr de fournir les camions, puisque j’avais une petite entreprise, de fournir les camions, les pointes, les chevrons et puis les bâches pour aller boire le pastis en cas de pluie, donc on était tous là, bénévoles, çà fait maintenant vingt-trois ans que je suis là, comme président et c’est vrai que l’histoire était belle au début parce que chacun allait chercher dans son garage ses bâches, les pointes, les chevrons, les morceaux de ferraille, les fils de fer pour essayer de faire quelque chose. Donc, si vous voulez pour aller très vite, partis de 40 pour faire un bond en 2006 où nous étions 1200. Voilà.

 

              III.       Pierre, j’imagine qu’au fil du temps, il y a eu des évolutions importantes. Maintenant il y a une mobilisation fantastique. Pourrais-tu nous en parler, et nous énumérer aussi quelques grandes opérations passées ?

Alors l’évolution obligatoirement, puisque imaginez bien 40 personnes à gérer et puis 1200, c’est une autre organisation, c’est beaucoup de monde. En fait sur les 1200 personnes, nous avons 600 bénévoles. Dans l’Aquitaine, je crois qu’on est l’association la plus importante en tant que bénévolat. Et nous avons à peu prés, je coupe la poire en deux, on a à peu près 540 jeunes et 660 bénévoles, enfin bref on tourne à 1200. A partir de là, c’est sûr qu’il y a eu des évolutions, c’est sûr qu’il a fallu faire un peu de discipline, faire un peu d’ordre et rentrer dans une association beaucoup plus organisée. Pour gérer tout çà, c’est quand même des contraintes, des contraintes au niveau du sanitaire, de toute la réglementation, au niveau de tous les respects de la sécurité,…Pour vous donner un petit exemple, avant on prenait des vieilles 4 L qu’on avait dans le jardin, et on montait nos jeunes dedans sans casque, sans rien, et puis il y a deux garçons d’Os Marsillon qui faisaient le tour du village. On prenait les charrettes et les tracteurs, on montait dessus, on faisait le tour du village, on allait boire un pot dans les maisons, et puis c’était parti, maintenant, on peut plus, la réglementation, les obligations de chacun, on peut plus se permettre de faire de telles gymnastiques. Il y a quand même quelque chose que j’aimerais dire, parce que le but premier de notre association, c’est quand même vachement important, notre motif essentiel à cette association, c’est simplement, mais uniquement de faire connaître le handicap au niveau du grand public, au niveau de toutes ces personnes, qui se disent des personnes raisonnables et bien portantes, qui se disent connaître le handicap, ils ne le connaissent pas, les gens ne connaissent pas le handicap. Et notre association a simplement que cette optique là, de faire connaître le handicap. Alors nous avons fait simplement, nous avons mis d’un côté, des personnes qui sont en attente, qui sont entrain de faire du tricot, ou qui sont derrière la fenêtre entrain de regarder passer la voisine et qui s’ennuient, on va leur faire rencontrer ces jeunes handicapés qui sont eux de leur côté, derrière leurs murs un peu casernés dans leurs campements, et puis, bon, je vais pas dire qu’ils étaient cachés, je l’ai pas dit mais je le pense fortement. Donc on a dit, il faut que ces gens se rencontrent, il faut que ces gens voient ce que c’est que le handicap et connaissent les difficultés de chacun, de chacun parce qu’attention, il ne faut pas croire que le handicapé, c’est celui qu’on s’imagine. Il y a souvent celui qu’on ne s’imagine pas qui est très handicapé, et même s’il est sur ses deux pieds et s’il court, d’accord. Donc, on s’est remis en question en disant : voilà le but de notre association, véritablement faire connaître le handicap. Et ç’a été une mayonnaise extraordinaire, tout le monde y a mis les mains, les pieds, quand ils ont vu ces jeunes tels qu’ils étaient, qu’ils ne connaissaient pas. Ils ne savaient pas du tout qu’un handicapé était capable de parler, on les voit tous mongoliens sur un fauteuil roulant, mais non un handicapé peut être intelligent. Un handicapé, c’est quelqu’un comme vous et moi, qui peut du jour au lendemain, pour une raison x, maladie cardiaque, n’importe quoi, peut être handicapé et on retrouve des gens qui sont intelligents, des gens sensibles, et qui sont capables de pouvoir tenir un dialogue, un grand discours, voilà le but, voilà celui qu’on s’était donné.

 

            IV.       Françoise, dans une quinzaine de jours, la grande fête se déroulera. Et je dois avouer que le bénévole de base fidèle que je suis depuis une dizaine d’années, languit de retrouver ses amis handicapés et bénévoles, car c’est toujours pour moi aussi une magnifique journée de retrouvailles, de rencontres, d’émotion et de joie profonde. Alors, je te propose dans un premier temps de décrire aux auditeurs cette journée.

Alors cette journée démarre le matin vers 8h, les bénévoles sur les activités se mettent en place. Vers 9h30 commencent à arriver les groupes d’aînés ruraux et puis les autres bénévoles. Ceux-là se font inscrire et se mettent en attente de l’arrivée de nos jeunes handicapés des centres. C’est toujours un moment très riche parce c’est des échanges entre eux et puis c’est l’attente de ces personnes qui vont arriver pour certains inconnus, pour d’autres c’est des amis, qu’ils connaissent depuis quelques années, et puis vers 9h et demi, arrivent les premiers centres, les premiers résidents qui viennent un peu prendre possession de la journée « Vivre Ensemble ». Donc, c’est la fête, parce que les premiers, ce sont toujours les plus assidus, c’est ceux qui, tout au long de l’année, espère cette journée, et se languissent de voir les personnes qu’ils ont rencontré l’année d’avant. Donc là, on appelle çà le mariage entre le bénévole et le résident handicapé, donc on associe un valide avec un handicapé et ce valide est chargé d’encadrer cette personne là, de lui faire un petit peu participer à toutes les activités qui sont sur le site et de partager complètement cette journée par le vecteur soit du sport, soit de l’activité ludique qui sont sur le site et de partager aussi le repas de midi qui est offert par l’association « Vivre Ensemble ». Donc, c’est des moments, où chacun découvre l’autre, et c’et vrai que ce sont des moments qui sont très forts tout au long de la journée. C’est une journée qui est très éprouvante pour le bénévole, parce que les personnes qui sont là veulent profiter au maximum de toutes les activités. Le bénévole n’est pas forcément lui capable, au départ, de pouvoir faire, toutes les activités, mais, poussé par l’enthousiasme de la personne qu’il accompagne, eh bien lui aussi, il effectue des choses qu’il croyait impossible au départ. Donc c’est une journée de rencontres et de partage qui est vraiment très porteuse parce que nous avons de plus en plus d’activités, on en a une trentaine à peu près. Donc nous avons des activités qui regroupent, comme les motos par exemple, on a une vingtaine de motos qui sont là, on a 4 side-cars, on a 4 quads et on a, peut-être, une quarantaine de personnes bénévoles qui sont là pour conduire les motos, pour installer les jeunes, pour veiller à la sécurité de toutes ces personnes-là et qui font découvrir ce qu’est la moto, ou sur d’autres activités, çà agit de la même façon. C’est vrai que toutes les années, nous essayons de renouveler un peu les activités et de créer toujours l’évènement en apportant de nouvelles activités sur le site.

Je crois que Pierre voulait compléter en matière d’activités, décrire un peu plus les activités. Je le voyais faire de grands gestes à Françoise.

Je voulais ne pas oublier nos amis qui, grâce à eux, cette association vit et surtout cette journée vit. C’est tous des bénévoles, donc ils se donnent pour que ces jeunes puissent avoir une animation lors de la journée comme Françoise vient de le dire. C’est vrai qu’on pourrait les citer parce que je trouve çà sublime. Vous avez depuis 20 ans les établissements Renault Labesque de Pau, qui nous fournissent des camions, le dernier camion du futur qu’on appelle, le dernier cri des camions sorti chez Renault, ils nous le mettent à disposition pour que les jeunes puissent faire un tour. Vous avez deux chauffeurs là qui passent leur journée entière à promener des jeunes, le canoë kayak, mais on imagine, en fait je crois qu’on a du mal à imaginer le nombre d’actions qui se déroulent, mais de gens qui viennent pour faire plaisir, se mettre à disposition pour faire plaisir, donc je crois que çà vaut vraiment la peine de les citer, parce que champion quoi, s’ils étaient pas là, on serait…mais çà va d’un jeu tout à fait ludique de la boule à un tissu pour faire tomber les boîtes, à des activités phénoménales, on a eu des sauts en parachute, on a eu les pompiers qui sont venus avec leur engin, vous savez ce qui fait terre eau, les aéroglisseurs, qui ont fait le tour sur le stade, c’est une petite anecdote, parce qu’en plus cette année, les pompiers ils nous avaient ravis avec cet outil-là, parce que çà faisait des dérapages extraordinaires, c’est l’année où il a le plus plu et le terrain était inondé, çà fait qu’ils ont pas joué au foot, mais ils ont fait que de l’aéroglisseur tout au long de la journée. Voilà il y a des jeux de boules, toutes sortes de jeux qui sont là pour animer ces 1200 personnes qui se donnent la main, qui sont là  ensemble, qui vivent ensemble une journée : ils mangent, ils boivent et ils s’amusent. Le tir à la cabine, combien c’est Françoise, de plombs à la carabine qu’ils tirent ? 3000. 3000 plombs à la carabine, le soir, vous savez que tous les ans, il faut qu’on change trois carabines sur quinze, tellement elles chauffent. Les jeunes font la queue pendant des heures pour tirer à la carabine, et puis bon, la petite primeur, c’est les points qu’ils vont recevoir et ces points vont être échangés pour des petits cadeaux qui eux, vont aussi décorer leur chambre et être une image extraordinaire pour eux. Mais il faut le vivre.

Tout à fait. Comme je le vis depuis 10 ans, je peux compléter et dire qu’il y a également le tir à l’arc, il y a le rafting, il y a les 4x4, il y a les petits ânes, il y a la promenade en calèche, voilà c’est vrai que c’est extraordinaire. Il y a le judo, la pétanque, la poterie, la peinture, la musculation, les perles,... J’ai souvenir, là je m’exprime en tant que bénévole, j’ai souvenir d’avoir passé en 2002 je crois, d’avoir été avec un Régis qui était aveugle de naissance, qui avait le prénom de mon fils, qui avait le même âge et je m’étais régalé avec lui, notamment je lui avais fait découvrir la poterie, et il était monté à la fin pour remercier, la poterie, également le contact avec des ânes, il était resté une heure sur les ânes, c’était magique, j’étais à côté de lui et puis on avait fait également du tandem tous les deux. Je me souviens, c’est un superbe bon souvenir et chaque année, il y a de bons souvenirs. Cette année, je m’exprime également, je vous prends la parole, cette année, j’aurais beaucoup de plaisir et c’est la première fois à retrouver quelqu’un que j’ai eu l’an passé Julie, qui est sur un fauteuil roulant et çà va être superbe. Alors Pierre, maintenant, je complète et je peux même compléter, le camion que tu évoquais, il a fait le Paris Dakar et çà c’était important.

 

 

 

               V.       Alors Pierre, maintenant, dans un deuxième temps, après avoir évoqué cette journée, nous évoquerons les divers préparatifs de cette journée, notamment la mobilisation humaine. Comment vous y prenez-vous pour réussir chaque année de tels énormes défis ?

Eh bien voilà, tu l’as dit Jacques, mobilisation humaine. Ce qui est à remarquer quand même, Fan, c’est mon épouse Françoise, c’est un diminutif, c’est pour aller plus vite. Ce qui est à remarquer, c’est que l’équipe qui est depuis le début, à part ceux qui nous ont quitté, deux personnes nous ont quitté depuis 23 ans, depuis le début, l’équipe est la même. Nous avons renforcé notre équipe avec des techniciens dans le métier du handicap, Michel Pirrote, qui est responsable animateur, il est plus qu’animateur, il est éducateur à Salies de Béarn. On a aussi Pascale Labarrère qui nous a aussi renforcés. On a renforcé, pourquoi ? Parce qu’on se rend comte qu’il faut pas qu’on fasse de boulettes, qu’on aille dans le bon sens de l’action. Il ne faut pas qu’on aille instaurer des choses qui ne seraient pas bonnes ni pour eux, ni pour nous, donc on a besoin maintenant de professionnalisme pour essayer de continuer cette action qui est importante. On me donne souvent cette image, vous avez mis un train sur ses rails, vous êtes la locomotive, maintenant vous ne pouvez plus vous arrêter, donc voilà la force que nous avons en fin de compte, elle est là, c’est que derrière, on a tout un train considérable qui nous pousse. Cà fait que, même nous, on a beau mettre les deux pieds sur le frein et Dieu sait si on les met parce qu’on serait submergé, on a de la demande pas possible de tout le département. Faut quand même savoir qu’on a 26 centres du département qui viennent et qui amènent ces jeunes handicapés. Alors, je crois qu’on est dans un système où nous avons tellement de monde qui nous appuie et qui nous réconforte et qui nous pousse maintenant, voilà çà se fait. Cà se fait si bien que maintenant, c’est devenu, eh Fan, quelque chose de simple, on a tout mis sur informatique, on a notre ami André Lebon qui est un informaticien, qui a tout mis sur informatique. Cà fait que le 15 janvier, on commande le vin, le 18 février on commande…à part le temps qu’on ne commande pas, c’est le seul truc qu’on maîtrise pas.

Pierre, il serait quand même bon que tu nous donnes quelques chiffres qui illustreraient un petit peu la situation parce qu’ils sont impressionnants.

Oh les chiffres, il y a deux chiffres, le chiffre en nombre et puis le chiffre en coûts. Le chiffre en nombre, c’est 1200 invités, çà veut dire qu’il y a les crêpières, qui faut qu’elles tournent à fond, parce qu’elles font les crêpes gratos, donc çà fait à peu près 60 kg de pâtes à crêpes, non 60 kg de farine, qui ne traduit pas la totalité en pâte, çà fait plus de pâtes. Bon, 60 kg de crêpes, ensuite on a 1400 repas, faits gracieusement par notre ami Jean-Pierre Dottax, on a 4000 m2 de surfaces couvertes en chapiteau, on a, mon Dieu (ter). Quand on énumère, je vous disais tout à l’heure pour les carabines, si on compte les 4x4, les 4x4 font dans la journée 600 Km, donc vous voyez, c’est quelque chose de grand.

 

            VI.       Maintenant, je vais me tourner vers Françoise, vers Fan si j’ai bien compris. Restons à la prochaine Ascension, le jeudi 17 mai. Comment se présente cette fête 2007, dans quelques jours ? Y aurait-il quelques messages particuliers à passer ? Par ex. des bénévoles à solliciter ?

Alors oui, parce que de plus en plus nous avons des personnes handicapées qui se motivent les uns les autres dans les centres, donc les 26 centres que nous avons, en emmènent encore plus et nous avons des centres à côté qui nous demandent à participer à la journée, et malheureusement dans les bénévoles que nous avons actuellement, nous avons beaucoup de personnes vieillissantes du fait que pas mal d’aînés sont parmi nous, et donc que nous sommes tout le temps à la recherche de nouveaux bénévoles.

Comme nous ne faisons pas de publicité, parce que notre but est de ne pas emmener sur le site de voyeurs mais uniquement de personnes qui veulent vraiment découvrir ce qu’est le handicap par le cœur, cela ne se fait que par le bouche à oreille. Donc évidemment, nous avons un peu de mal, donc on profite un petit peu de passer à l’antenne, justement parce que s’il y a parmi les auditeurs qui écoutent cette émission, des personnes qui souhaitent un petit peu nous aider, elles seront les bienvenues.

C’est une journée qui démarre à 9h et demie le matin, qui se termine vers 18h le soir. Il ne faut pas avoir de compétences particulières pour venir à cette journée, si ce n’est d’avoir son cœur avec les portes grandes ouvertes, et vouloir se mettre à la découverte de l’autre et vouloir apporter aussi à l’autre ce qu’on est nous-même.

Donc, comme Pierre l’a dit, nous avons eu aussi des scouts qui sont venus, une quarantaine de jeunes qui avaient de 12 à 18 ans, qui sont venus au départ pour simplement faire des animations et montrer ce qu’ils savaient faire et, au fil de la journée, tout seuls, ils ont pris des initiatives parce qu’ils ont vu qu’avec ces personnes-là, ils pouvaient faire des choses, notamment ils avaient monté un camp de scouts, ils ont monté la tente, fait le feu, faire cuire des chamalous avec de jeunes handicapés. Ils ont réussi à faire des matchs avec eux, ils ont effectué de grandes balades, et c’est vrai que çà était très émouvant, parce que le soir les larmes étaient au rendez-vous quand il a fallu se séparer. Et ces jeunes-là avaient vraiment vécu une expérience grandiose.

Donc, de tous niveaux, de tout endroit où que l’on soit, de toutes compétences que l’on ait, eh bien, on est les bienvenus à vivre ensemble, il suffit que l’on veuille donner un peu à l’autre un petit peu de son temps. Vous serez toujours les bienvenus, il n’y a pas de soucis, il faut simplement appeler à l’association, au 05.59.60.71.71, c’est le n° de téléphone de notre société à Pierre et à moi, et je suis toujours au téléphone, donc pas de souci, n’hésitez pas à nous appeler.

 

 

 

 

          VII.       Pierre, au-delà de cette journée traditionnelle de l’Ascension, d’autres manifestations sont organisées. Pourriez-vous faire un petit flash sur les récentes manifs vécues et puis nous dire s’il y a quelques autres projets en perspective ?

Oui, effectivement l’association tout au long de l’année, a de multiples actions, hormis cette journée de Vivre Ensemble. Nous avons le marché aux plantes et aux fleurs, qui a pris de l’ampleur, une idée extraordinaire. Nos élus de plusieurs communes environnantes à Os Marsillon, une quinzaine de communes, nous offrent des fleurs. C’est beau çà, offrir des fleurs. Ces fleurs sont vendues lors d’une journée, en principe en avril. Elles sont vendues, justement au profit de la journée « Vivre Ensemble » pour pouvoir construire cette journée. Mais nous avons aussi, et çà nous l’avons souhaité fortement parce que les gens n’ont pas une vision véritablement du bonheur qu’ils peuvent apporter. Alors comment faire ? On a réfléchi, on a la chance extraordinaire d’avoir un animateur de podium, je ne le nommerais pas parce qu’il m’engueulerait, Patrick Laffitte, il va m’engueuler si je le dis, un animateur extraordinaire et on a réfléchi et on s’est rendu compte que les gens, il fallait quand même leur faire voir, leur faire sentir le bonheur qu’ils pouvaient apporter en accompagnant ces jeunes. Et donc, nous faisons la soirée qu’on appelle la soirée des bénévoles et là, nous avons 400/500 personnes et c’est une très belle soirée, et là on renvoie un peu les remerciements, c’est-à-dire, c’est les jeunes qui viennent nous remercier. On essaye de communiquer aux personnes bénévoles toutes ces actions et tout ce bonheur qui ont été donnés. Cà, c’est systématiquement tous les ans. Et ensuite, bien sûr on appelle çà des défis. Alors les défis, c’est des grandes opérations où nous avons en 92 emmené des jeunes à Barcelone, après la demie finale de la Coupe du monde de football Brésil Hollande à Marseille, des actions magnifiques où nous avons une vingtaine, une quarantaine de jeunes que nous accompagnons sur des territoires français et étrangers. La Coupe d’Europe de football au Portugal, il y a 2 ans, maintenant quelque chose de gigantesque, on a emmené ces jeunes dans des stades d’une beauté extraordinaire et nous avons vécu des journées exceptionnelles, avec des jeunes à aucun moment, ils se sont plaints de quoique ce soit, et pourtant dans des conditions qui n’étaient pas faciles : la chaleur, le bruit, le monde, et nous sommes revenus fatigués, mais heureux d’avoir participé à ces actions-là. Et la dernière en date, qui restera aussi en mémoire, extraordinaire parce qu’à force d’aller très loin, on s’est dit, on va quand même œuvrer dans le périmètre d’Os Marsillon. Une personne a eu l’idée géniale et pourquoi pas, on les emmènerait dans les Pyrénées en 4x4, çà y est, c’était parti parce que le problème chez nous, c’est quand il y a une idée qui naît, on en a 10 derrière, le lendemain on en a 100, et après on se retrouve, ben voilà il faut le faire quoi. Donc on s’est retrouvé à Os Marsillon avec 50 4x4, nous sommes partis 40 jeunes dans les 4x4, chaque 4x4 avait un accompagnateur, un jeune, un chauffeur. Et ils ont fait des groupes, il y avait 8 groupes de 5 voitures, et donc chaque groupe, les 5 jeunes, 5 chauffeurs et 5 accompagnateurs, avait un chemin de piste le soir, c’est pour vous dire que c’est grandiose, quand à la fin, on voit ce qui s’est fait. Le soir, ils sont partis le vendredi soir, il y avait un chemin de piste, ce chemin de piste, ils devaient savoir où ils allaient dormir, mais on avait été énormément aidé et épaulé par les aînés ruraux. Il y avait donc 8 villages qui nous attendaient, 8 endroits différents dans les Pyrénées qui nous attendaient. Ces jeunes ont été accueillis dans les villages les bras ouverts, il y en a qui ont eu des réceptions à la mairie, avec des médailles de la ville, çà était un truc chaleureux, donc ils ont été hébergés par les aînés à leurs frais, ils ont eu le repas le soir, hébergés par les aînés. Il y en a qui ont fait la fête jusqu’à 2h, 3h du matin, le lendemain matin, ils sont partis, ils ont fait tous des chemins différents pour aller dans les Pyrénées pour faire vraiment du 4x4, sous la flotte, dans le froid, ils ont galéré pas possible et tout le monde, 140 personnes, s’est retrouvé le soir au Somport dans une magnifique ambiance. Tout le monde était ravi de cette journée, on a tous dormi là-bas, le lendemain on est reparti, réception par la commune d’Os Marsillon, le lendemain c’était le dimanche midi. Et l’apothéose, l’apothéose, quand ces jeunes sont partis, tout le monde pleurait, et voyez Jacques, j’ai encore les larmes qui me viennent parce que c’est vrai que c’était vraiment très émouvant, très émouvant de voir cette adhésion, ce partage qu’il y a eu pendant ces trois jours où les gens étaient vraiment côte à côte. Les gens ont pu apprécier chacun et çà a été un phénomène extraordinaire, et voilà ce qu’est Vivre Ensemble tout au long de l’année.

 

       VIII.       Pierre en fait, ma question suivante, c’est le prolongement de ce que tu exprimes, mais je vais donner la parole tout de suite à Françoise. Je vous propose à tous deux un exercice délicat. Pourriez-vous nous raconter quelques grandes joies ressenties dans cette aventure au long cours ?

 

Alors Françoise à toi pour commencer, Pierre a commencé mais il va continuer tout à l’heure, j’attends un petit peu qu’il se remette. A toi Françoise.

Je crois que le plus beau quand on travaille avec ces personnes-là, c’est la lumière qu’ils ont dans les yeux quand on fait quelque chose avec eux. C’est des personnes qui sont vraiment émerveillées de tout ce qu’on peut leur proposer. Déjà qu’on essaye de monter un projet avec eux, çà leur paraît extraordinaire qu’on veuille s’occuper d’eux, qu’on veuille monter une opération aussi importante qu’elle soit, parce que c’est vrai qu’avec eux, on essaye toujours de faire des choses qui sortent un peu de l’ordinaire. Et notamment, je me souviens quand on a préparé l’euro du Portugal, on s’est adressé à des centres dont on n’avait pas l’habitude de travailler avec eux, parce qu’ils s’occupent de poly handicap, ce qui veut dire des enfants avec de lourds handicaps, et jusqu’à présent, c’était des personnes dont on s’était pas trop approché, n’étant pas du milieu médical, ni éducatif. Je suis allée les rencontrer dans les centres, notamment à Hérauritz, et c’est vrai que là, j’ai découvert des personnes avec une sensibilité extraordinaire, des enfants, moi je suis tombée sous leur charme et j’ai vraiment tout fait pour essayer qu’ils viennent avec nous au Portugal. C’est vrai qu’au départ, les membres de l’association, avaient un peu peur, parce que c’est vrai que c’était une population qu’on ne connaissait pas. On est parti au Portugal avec eux, c’était la première fois pour eux, qu’ils partaient à l’étranger, qu’ils sortaient du milieu médical et des structures qu’ils connaissaient. Les parents ont décidé de nous faire confiance, le centre aussi, et quand on s’est retrouvé au Portugal, le Portugal en question de handicap, n’a pas les structures comme ici en France, donc c’est vrai qu’il a fallu s’adapter. On a rencontré des obstacles, mais en aucun cas çà nous a rebuté, on a toujours trouvé des solutions, on a construit des rampes d’accès pour les salles de bains, on a fait appel à des personnes pour nous aider à les faire rentrer pour des visites de chais pour le porto, on est allé au restaurant et comme on voulait manger tous ensemble, on a convaincu le restaurateur de déménager les meubles pour qu’on puisse rentrer avec tous nos fauteuils, on les a mis dans des situations vraiment pas faciles, alors qu’il y avait certains enfants qui ne pouvaient pas bouger, qui parlaient très peu, qu’ils fallaient aider pour manger, mais des enfants avec un sourire inimaginable, et on a eu un très fort attachement sur les dix jours qu’on a passé ensemble, et c’est vrai que quand on a du se séparer, pourtant on avait préparé la séparation, on avait expliqué tout çà dans le bus, on avait dit que c’était simplement un au revoir, c’était pas un adieu, on était là pour de nombreux programmes avec eux, mais çà a été très dur. Et c’est vrai que pour moi, je crois que c’est l’opération qui m’a vraiment le plus touchée, parce qu’on a vécu dans leur intimité avec eux et que çà a été des leçons de vie mais à tous instants, et c’est inimaginable tant qu’on ne le fait pas, et c’est vrai qu’on se dit : les rencontrer a vraiment un sens et un grand bonheur. Je crois que c’est ce que je retiendrais surtout.

Merci Françoise. Et toi Pierre, côté grandes joies ? Je crois que tu as commencé à l’exprimer, mais encore un petit peu.

C’est de voir Françoise contente ! Bien sûr qu’il y en a des émotions, bien sûr qu’il y en a du plaisir, mais il y en a des milliers. Une qui m’avait énormément frappé, une petite qui avait 22 ans, qui n’avait jamais côtoyé le handicap, qu’on avait emmené en 4x4, son père avait un 4x4, il lui a dit, mais ma fille si tu veux, ce week-end, je vais faire du 4x4, elle n’avait jamais eu l’occasion de côtoyer le handicap, elle est partie, je veux dire, c’est une petite qu’on n’oubliera jamais Sarah, qui s’est chargée d’une autre jeune qui avait 18 ans, Julie, jeune handicapée moteur. C’était phénoménal, il y a eu un mariage qui s’est fait. A l’heure actuelle, elles s’appellent, se téléphonent, elles partent ensemble promener et voilà deux enfants qui se sont découverts tous les deux et Sarah qui a eu un bond dans sa vie extraordinaire, je vais pas dire un coup de pied au cul, mais ce n’est pas loin. Les gens n’ont pas assez l’habitude de côtoyer le handicap et quand on voit ces mariages qu’on est capable de faire. Voilà, punto, heureux.

Parfait, merci, heureux nous dit Pierre.

 

            IX.       Encore une question individuelle à chacun. Quel est le moteur profond de votre motivation dans ces engagements exigeants et sublimes ?

On le devine, mais c’est bien de l’exprimer. Françoise.

C’est l’envie d’aller vers les autres, c’est l’envie de se remettre en cause, de s’investir, de s’engager, de découvrir, de partager, d’exister avec ces personnes-là, de les rencontrer, de déplacer les montagnes, d’aller toujours plus loin, d’essayer d’être à la hauteur, et moi, je dis surtout d’être porteur d’espoir parce que je veux dire, qu’à leur contact, c’est ce qui prime en premier, ce sont des gens formidables. Moi, pour eux, j’ai une estime incroyable parce que ils nous donnent l’envie de se battre pour leur cause qui est juste parce qu’on aimerait construire un monde où le handicap n’aurait plus à se justifier, il devrait cohabiter comme on cohabite tous, qu’on n’ait pas à les juger et d’essayer d’ouvrir encore plus grandes les portes de son cœur et de sa générosité et de faire en sorte que tout avance, mais c’est surtout se remettre en question à tout moment, et toujours aller vers l’autre, essayer de trouver des solutions aux problèmes qu’il rencontre.

Et toi Pierre, la même question, quelle est ta motivation profonde ?

Moi je vais retourner la question, c’est eux qui me donnent la motivation. Je ne voudrais pas rentrer dans des grandes phrases, mais je suis peut-être chargé d’une mission. Cette mission me plaît, et en fin de compte, c’est grâce à ces jeunes que je suis motivé et c’est ces jeunes qui me donnent la motivation.

 

               X.       10-Et, enfin, pour terminer, une dernière question, en guise de conclusion, que souhaiteriez-vous rajouter ?

Françoise.

J’aimerais que l’on agisse tous ensemble, que çà soit aussi bien en France ou dans les pays défavorisés, qu’on soit tous capables de se mettre les uns à côté des autres et qu’on œuvre pour un monde plus juste et plus solidaire, où le handicap n’aura plus à se justifier et où la solidarité sera monnaie courante.

Et toi, Pierre ?

Combien de temps tu me donnes, Jacques ? 3 jours ou 3 minutes ? Un peu moins, 5 minutes.

Moi, c’est de vivre ensemble. On le voit tous les jours, dans les journaux, il n’y a pas une page qui marque Vivre Ensemble, mais on ne sait pas faire le premier pas, alors qu’il est si beau quand il est fait et on en a un retour considérable.

Eh bien, merci infiniment Françoise et Pierre, pour ce que vous êtes, pour ce que vous apportez, merci à toute votre équipe, merci à tous les participants. Et vive la fête 2007 à Os Marsillon. Une grande joie nous habite dans cette attente.

Quelques mots sur la prochaine émission. Elle nous emmènera à la découverte d’un sujet majeur dont on parle beaucoup actuellement : le réchauffement climatique. Et, nous l’aborderons en nous intéressant tout particulièrement aux côtes et aux rivages avec une double question « Jusqu’où la mer va-t-elle monter ? » et « Les plages vont-elles disparaître ? ». Ce sera un clin d’œil et un hommage à un grand géographe Roland Paskoff, récemment disparu et spécialiste éminent de ces questions.

Voilà, cette présente émission va s’achever, nous avons choisi de l’intituler « La rencontre de la différence au cœur du Vivre Ensemble ». Nous aurions pu en parler beaucoup plus longuement encore ; Françoise et Pierre nous auraient dit par exemple qu’il y avait dés octobre 2007, une nouvelle opération 4x4 avec le département des Landes.

Pour clôturer en beauté cette émission, Françoise m’a confié un trésor que j’ai le bonheur de vous faire partager. Il s’agit d’un superbe poème écrit par une bénévole Annie Massey, et qu’elle a intitulé :

 

 

 

 

 

 

« Pour toi qui est différent ».

 

J’avais peur, je dois le reconnaître,

Mais ça, c’était avant, avant de te connaître,

J’avais peur comme on craint ce qu’on ne connaît pas,

J’avais des préjugés, toi tu n’en avais pas.

 

Je ne savais pas ce qu’il fallait te dire,

Si tu me comprenais, les gestes à proscrire,

Si tu étais, pour moi, un adulte, un enfant,

Mais j’ai compris très vite : tu es toi, simplement.

 

Tu es venu vers moi, visage souriant,

Tu m’as pris par la main, d’un geste rassurant,

Moi, je voulais t’aider, c’est toi qui m’as guidée

Et notre "différence" s’est, très vite, effacée.

 

Si tes yeux sont bridés, je le sais aujourd’hui,

C’est d’offrir, tout le temps, ce visage ravi,

Si ton cœur est si gros, c’est pour mieux contenir,

Tout cet amour, immense que tu veux  nous offrir.

 

Veux-tu que je te dise où est la différence ?

Toi, tu sais tout donner, sans pudeur, sans méfiance,

Moi, de mon côté, j’apprends à regarder,

Derrière le handicap, ta belle humanité.

 

La tolérance, vois-tu, c’est quand l’intelligence,

Pas celle de l’esprit, mais bien elle du cœur,

Réussit à gommer toutes les différences,

Apprendre à reconnaître, d’un homme, sa valeur.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Voilà, c’est sur cette merveille d’Annie Massey, que je vous adresse comme d’habitude mes fraternelles salutations, en vous disant à très bientôt.