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23ème
émission mars 2007 |
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(diffusion les 1er
mardi du mois à 21h et les 3ème lundi à 20h30) |
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L’Humanisme au Cœur du Monde Comment faire s’épanouir l’Humanisme ? |
Bonjour à toutes, bonjour à tous. Bonjour à tous les auditeurs ainsi qu’aux futurs lecteurs de mon blog en construction, merci infiniment Laurent, car il est possible d’y lire dès à présent le texte de toutes mes émissions < http://jackdesendets.blogspot.com >.
C’est, dans notre monde gravement malade, une émission d’ESPOIR, en particulier pour les jeunes. Le mois dernier, j’annonçais ainsi l’émission d’aujourd’hui, la 23ème : « Comment développer l’Eveil de l’Humanisme ? ».
Aujourd’hui, il m’appartient donc de rendre mon mémoire. J’ai préféré intituler ce thème « L’Humanisme au cœur du monde », avec un questionnement légèrement modifié « Comment faire s’épanouir l’Humanisme ? », qui sera décomposé en 10 questions élémentaires ouvertes.
Aussi, l’animateur habituel de l’émission, Jacques Mortier, votre serviteur, va être soumis à la question par « le fou du roi », qui a déjà fait une première apparition à « Regards du Sud », un personnage à qui je prête également ma voix.
Q-Monsieur Jacques,
pourrais-tu d’abord, pour les auditeurs qui découvriraient cette émission,
dire un mot de celle-ci et expliquer le choix de ce thème ?
Aujourd’hui, ce thème « Comment faire s’épanouir l’Humanisme ? » est, à la réflexion, quasiment identique à l’objet même de notre émission « Regards du Sud », sous-titrée « Comment construire tous ensemble un monde plus fraternel ?». Fraternité et Humanisme sont, à mes yeux, des notions assez voisines. Cette émission est en fait une construction progressive au fil des mois et des années, en traitant toujours la même obsédante question, « mais de mille façons, mais par mille détours ».
Quant au pourquoi du thème sur l’Humanisme, il me semble d’abord que c’est un sujet vital qui devrait concerner et interpeller très fort chacun de nous individuellement et collectivement. Les auditeurs habituels ont entendu lors de l’émission du mois dernier, Pierre Rabhi, nous faire partager sa vision du devenir de notre humanité. Il est le fondateur de l’Association « Terre et Humanisme », qui s’appuie sur « le respect de la Terre nourricière et l’Eveil de l’Humanisme comme deux éléments fondamentaux et indissociables ». J’ai la grande chance d’oeuvrer au Conseil d’Administration de cette association, dont la revue du premier trimestre 2007 était centrée sur la Terre, sur l’agro écologie précisément, et il n’est pas exclu qu’une prochaine édition de la revue se centre sur l’Humanisme. Voilà ceci explique aussi le pourquoi de ce thème avec d’autres retombées potentielles, pourquoi pas, par exemple, à l’Association une commission relative à l’Humanisme, pourquoi pas, autre exemple, ce questionnement être un schéma d’intervention ou encore un appui facilitant des débats formels ou informels, ou aussi, pourquoi pas, un sujet de philosophie pour des élèves de terminales, etc. Quoiqu’il advienne, ma motivation à approfondir ce sujet s’en est trouvée agréablement décuplée.
Q-MJ, peut-être pourrais-tu d’entrée, dire un
peu aux auditeurs et à moi-même, là où tu vas, là où tu veux nous
conduire ?
Eh bien, tout simplement, je vais essayer d’apporter quelques éléments de réponse à cette vaste question en m’appuyant sur les actualités, mes émissions précédentes, ma réflexion ainsi que sur divers intervenants, avec le souci d’être à la fois, concret, synthétique et authentique. Et cela devrait nous conduire à un grand voyage, où nous allons côtoyer méthodes, leviers du changement, raisons de vivre, joies quotidiennes, équilibre personnel, etc. Ce survol à grande vitesse devrait peut-être ouvrir quelques voies et élargir nos regards.
Aussi cher fou du roi, je me livre au jeu de tes questions, en exprimant un souhait qui me tient à cœur, à savoir qu’au-delà de ma petite personne, chacun, quel qu’il soit, s’amuse aussi à ce jeu passionnant, s’approprie ce questionnement en 10 points et essaie d’apporter, dans son exigeant face à face avec lui-même, ses propres réponses. Si je peux me permettre, cher ami à distance, auditeur ou lecteur, n’hésites pas à te munir d’un papier et d’un crayon, tu ne devrais pas le regretter.
I-Monsieur
Jacques. Compte tenu de ce thème humaniste, la première question s’impose « Qui êtes-vous ? » ou
« Qui es-tu ? ».
Eh bien, au fil des émissions, j’ai souvent un peu dit qui j’étais, aussi je serai bref : un retraité de 62 ans, mari comblé depuis 37 ans et heureux grand-père depuis quelque mois, passionné du cosmos, de la Nature, de la vie en général et de l’Humain depuis toujours, qui a beaucoup de chance, qui a beaucoup reçu, qui aime les autres, qui aime la fête, qui s’est toujours intéressé « au vivre ensemble », qui croit au partage et qui s’implique de plus en plus dans la sauvegarde et dans l’épanouissement d’une espèce peut-être en voie de disparition : l’espèce humaine. Je me reconnais assez bien dans la formule de Jean Cocteau : « je ne suis pas un touche-à-tout, mais un tout me touche », ce qui se concrétise chez moi, et de tous temps, par de nombreux engagements bénévoles de toutes natures : radiophonie présentement, solidarité, sport, astronomie, animations diverses, etc. Il me semble que j’ai eu la chance de tomber tout petit dans la marmite humaniste et je crois que je ne m’en suis jamais guéri !
II-MJ. Peut-être à l’énoncé de
ce questionnement, aurais-tu envie de trouver d’autres formulations qui
te paraîtraient équivalentes et qui te conviendraient mieux ? Pourrais-tu
nous les faire partager ?
J’ai beaucoup hésité sur l’intitulé de l’émission, j’ai changé entre celui annoncé le mois dernier « Comment développer l’Eveil de l’Humanisme ? » et celui choisi aujourd’hui « L’Humanisme au cœur du monde. Comment faire s’épanouir l’Humanisme ? ». J’ai dit aussi que c’était équivalent à « Comment construire un monde plus fraternel ? ». J’aurais pu encore l’intituler : Interview Témoignage, interview Passion ou Interview Espoir, puisqu’il s’agit bien d’un témoignage personnel et qu’il est plein de passion et d’espoir. Encore une option, l’intitulé aurait pu être « un Pacte Humaniste », intégrant et élargissant le Pacte écologique de Nicolas Hulot, et base, probablement un jour, d’un futur projet présidentiel courageux et précurseur.
Cette difficulté à donner un titre résulte, me semble-t-il, d’abord de la perception différente que l’on met souvent les uns et les autres derrière les mêmes mots, pour parler de la même chose, à fortiori quand ce mot est lui-même riche de sens comme Humanisme. C’est pour cela que parfois, plusieurs formulations peuvent éviter des querelles stériles en facilitant la compréhension réciproque.
III-MJ. Dans les actualités de
ces derniers mois, quels sont les évènements grands ou petits que tu
retiendrais en relation avec notre thème ?
Quatre familles d’évènements me paraissent significatives :
1-d’abord, tout ce qui tourne autour du réchauffement climatique et de l’après pétrole, qui montre clairement à tous que nous sommes bien dans une transition à gérer, dans une mutation profonde entre deux mondes, un monde qui montre ses limites et un autre monde à construire, qui se cherche et doit se trouver assez vite. Quelques exemples :
- le « Groupe intergouvernemental sur l'évolution du climat » exprime que les émissions de gaz à effet de serre dues à l'activité humaine causeront de graves dérèglements climatiques, avec un réchauffement et une hausse du niveau des mers pendant plus d'un millénaire,
- les propos de notre président Jacques Chirac sont remarquables, à prendre au pied de la lettre "Face à l'urgence, nous dit-il, le temps n'est plus aux demi-mesures : le temps est à la révolution : la révolution des consciences, la révolution de l'économie, la révolution de l'action politique",
-les premières crises de l’après pétrole se manifestent : des dizaines de milliers de personnes ont manifesté à Mexico contre la hausse du prix des galettes de maïs, des tortillas qui constituent la base de la nourriture locale. Le prix a triplé compte tenu de l'augmentation de la demande américaine en éthanol, et on voit surgir un énorme conflit agriculture/transport,
2-Ensuite la campagne présidentielle chez nous :
-j’ai apprécié le Pacte Ecologique de Nicolas Hulot qui s’introduit puissamment dans l’élection présidentielle, à suivre de près,
-Jacques Chirac nous surprend encore dans son récent livre entretien : « je suis convaincu que le libéralisme est vouée au même échec que le communisme et qu’il conduira aux mêmes excès. L’un comme l’autre sont des perversions de la pensée humaine »,
-dans les interventions lors de la campagne en cours, j’ai profondément apprécié la richesse de l’approche participative du bas vers le haut, condition nécessaire d’une politique autrement, j’ai apprécié de même un vrai courage, je cite : « le dialogue social, en France, si terriblement archaïque », j’ai aussi apprécié la volonté de dépasser le clivage droite/gauche pour répondre aux grands défis de notre temps, j’ai moins apprécié le lancer réciproque de « boules puantes », j’ai moins apprécié certains « egos » démesurés dévalorisant de justes causes, j’apprécie moins le poids croissant de la communication, de la forme par rapport au fond, je trouve que les propositions et les interventions ne sont pas à la hauteur des enjeux majeurs, mais j’espère encore de vrais débats sur l’Essentiel,
3-En 3ème point, la croissance de la violence partout, en Irak, au Darfour, etc. de la guerre économique assassine, du bruit de bottes en Iran, du scandale des enfants soldats, etc. :
un seul exemple pour l’illustrer au niveau des maffias russes, j’ai entendu et cela fait froid dans le dos : « si on supprime l’homme, on supprime le problème. C’est facile de supprimer le problème puisque l’assassinat politique n’est pas cher, de 5 000 à 150 000 $ »,
4-En 4ème et dernier point dans les actualités, et en contrepoint pourrait-on dire, la mort de l’abbé Pierre, plébiscité par les français, qui à travers sa vie, nous a donné de réelles orientations sur ce monde à construire, et il faut vraiment l’écouter, et je cite en vrac :
« la seule religion, c’est celle de l’Amour », sa trilogie : « l’accueil, l’amour, le pardon»,
le sens de la fraternité, de la solidarité, de la générosité, avec cette magnifique interrogation « et les autres ?», pour que chacun « ait sa place ».
Il recommandait de toujours
ouvrir les deux yeux, et je cite de mémoire : un œil sur l’horreur du
monde pour se révolter contre l’injustice, et l’autre sur les merveilles du
monde pour jubiler de la beauté des étoiles ou du sourire d’un enfant.
D’aucun disait qu’il était toujours entre politique et media, d’autre qu’il avait l’Evangile dans une main, le journal dans l’autre, et ce n’était pas quelqu’un qui donnait des leçons, mais quelqu’un qui montrait l’exemple : « regarder la misère en face pour la combattre » disait-il et enfin l’épitaphe qu’il a choisi : « il a essayé d’aimer ».
IV-MJ, Pour positionner
l’Humanisme véritablement à sa place, comme fondement au
cœur du monde, quels seraient
les points importants que tu aurais envie de développer par ex. au niveau des
constats, des méthodes, du temps, etc. ?
Oui, j’aurais envie de m’arrêter un instant sur six sujets : les constats, le principe fondateur de ce monde à construire, l’homme lui-même, les méthodes, l’Essentiel, le Temps et enfin quelques mots de synthèse.
Un premier sujet concerne les CONSTATS, et nous parlons de l’Humanisme au sens large, il est bien que l’opinion publique comprenne la mutation nécessitée par le réchauffement climatique et la fin du pétrole. Cette mutation offre l’opportunité de prendre en compte aussi toutes les autres graves crises actuelles ou potentielles masquées ou non, le devenir de notre espèce, la faim dans le monde, le problème de l’eau, la paix et à contrario, la montée des violences, du terrorisme aussi, liée pour une part majeure à l’écart croissant entre riches et pauvres. Je cite des experts qui, indirectement, nous soufflent, sans hypocrisie, les seules vraies réponses à la lutte contre le terrorisme et les violences :
-les
Américains, et je rajouterais hélas les Européens, savent qu'avec leurs
subventions agricoles, ils sont en train de tuer de nombreuses économies dans
les pays en voie de développement et de créer un terreau fertile pour
l'instabilité et le terrorisme,
-Hubert
Reeves lui-même : La violence quotidienne, de plus en plus répandue dans
toutes les banlieues défavorisées du monde, est une manifestation du
ressentiment de ceux qui n'ont comme avenir que le chômage et la vie dans des
quartiers délabrés. Cette situation nous rappelle que la misère est le ferment
du désespoir, de la haine et, finalement, le terreau du terrorisme.
-la faim dans le monde : aujourd’hui, on sait comment régler ce problème d’une part « la souveraineté alimentaire », qui nécessite de modifier les règles de l’OMC (Organisation Mondiale du Commerce) et d’autre part une agriculture saine et efficace, comme l’agro écologie.
De grands esprits et j’y reviendrais s’expriment sur les constats :
Dans le dernier ouvrage de Jean Marie Pelt : C’est vert et ça marche! (Fayard), on peut lire : Un scénario catastrophe se dessine ainsi à l’horizon, qui impose des changements rapides et radicaux si nous ne voulons pas que notre légèreté fasse le malheur de nos enfants. Sans oublier celui qui frappe toujours les pays pauvres et les pauvres des pays riches, soumis à des conditions de vie inacceptables.
Et il poursuit : où va la Terre, prise dans ce tourbillon générateur à la fois de fortunes honteuses et de misères abyssales ? Saurons-nous réorienter un mode de développement lourdement matérialiste, si peu préoccupé d’équité et de progrès humain ?
Jean-Claude Guillebaud résume bien dans un éditorial la situation présente : nous voyons bien qu’entre les impératifs écologiques de base et l’hystérie de la consommation, il existe une incompatibilité absolue. Les deux projets sont absolument contradictoires. Ils se ridiculisent l’un l’autre. Nous faisons mine de croire que nous pourrons être à la fois économes et gaspilleurs. On peut crier : « Au fou ! ».
Pierre Rabhi, dont j’ai beaucoup parlé, a le mérite de la clarté : si des extra-terrestres faisaient une étude sur le comportement des êtres humains, ils concluraient sans doute : ils sont surdoués mais stupides. L’humanité génère le meilleur et le pire, mais il semblerait que le pire soit plus important que le meilleur. Pourtant quelques êtres, dont la conscience s’élève, transcendent cet état. Ce sont eux qui constituent la véritable élite de l’humanité.
Et Michel
Serres :
cette mutation nous impose de changer le droit, la politique, les
institutions. Ces dernières me font penser à ces étoiles qui scintillent encore
dans le ciel alors qu’en réalité, elles sont mortes depuis longtemps !
L’homme est face à une immense responsabilité. L’avenir sera ce qu’il en fera.
C’est enivrant ! Je rêverais d’avoir 18 ans pour vivre tout cela ! ►
2ème sujet : Quel PRINCIPE FONDATEUR pour
ce nouveau monde à construire ?
Rendons hommage d’abord à quelques précurseurs : René Dumont, qui était le 1er candidat écologiste à une élection présidentielle en 1974, et son ouvrage mythique « L’Afrique noire est mal partie », que j’avais dévoré lors de sa parution en 1966. Il exposait déjà qu’une croissance infinie était impossible, que nous n’avions qu’une terre, que les solutions existaient, que les opinions les ignoraient car les structures et les détenteurs des pouvoirs économique et politique s’y opposaient. Théodore Monod qui, presque centenaire, pleurait en fin de vie, en disant qu’on n’avait jamais essayé une civilisation de l’amour, le club de Rome, les Alfred Sauvy, et tant d’autres précurseurs non écoutés.
Gandhi résumait bien l’Essentiel : « Il y a
assez de tout dans le monde pour satisfaire aux besoins de l’homme, mais pas
assez pour assouvir l’avidité de quelques uns »
Jean-Baptiste
de Foucault rêvait récemment l’histoire du futur à la recherche d’un
nouveau concept de richesse, un nouveau principe organisateur, une nouvelle
rationalité conciliant créativité, solidarité et écologie qu’il appelait
le principe de « l’abondance frugale », frugale et solidaire,
solidaire parce que frugale. L’aspiration à l’abondance devait être compensée
par un principe de frugalité, nous dit-il. C’était la condition de la
solidarité. Une sorte d’obligation morale collective pour que chacun puisse
accéder à ce qui pour lui est essentiel,… la France devint ainsi promotrice, en
Europe notamment, d’un autre développement compatible avec une mondialisation
juste.
Sur le nouveau principe fondateur, mes recherches depuis deux ans m’ont amené à la conclusion, qu’à ma connaissance, Pierre Rabhi est celui qui a la pensée la plus globale, la plus cohérente, la plus constante dans la durée sur cette question : c’est un autodidacte, un esprit clair et brillant aussi bien dans l’écrit que dans l’oral, le partisan de la sobriété heureuse, cousine de l’abondance frugale. Il ne peut y avoir, nous dit-il, d’alternative globale sans changement radical de la logique qui domine le monde d’aujourd’hui et qui concerne tous les domaines : l’agriculture, mais aussi l’industrie, les ressources naturelles, l’économie, la santé, l’éducation, l’artisanat, l’art, etc.
Là est la spécificité de Pierre Rabhi : il est l’un des seuls, le seul peut-être, à dire clairement que le modèle dominant actuel n’est pas aménageable, qu’on ne peut plus jouer au pompier pyromane, et qu’il faut passer de la logique actuelle du « profit illimité » à une logique du vivant, c’est-à-dire « de l’humain et de la nature », que j’appelle pour simplifier l’Humanisme au sens large. Ce qui veut dire que les priorités sont fondamentalement inversées : l’objectif essentiel devient « l’humain et la nature » et tous les efforts et moyens dans tous les domaines, se concentrent sur cet essentiel. Et ce bouleversement de fondement, de paradigme, est immédiatement porteur de compréhension profonde de nos multiples crises et de notre crise planétaire, porteur aussi d’espérance, de sens, d’enthousiasme, de projets mobilisateurs, d’alliances nouvelles, de paix, de fraternité… ►
A mes yeux, Pierre Rabhi,
qui a été candidat à la présidentielle en 2002, sans obtenir les 500
signatures, possède ainsi le fondement d’un nouveau monde solidaire, ainsi que
l’atout majeur avec l’agro écologie. Si vous souhaitez avoir plus
d’informations, n’hésitez pas à aller et à puiser sur le site du
« Mouvement Terre et Humanisme » http://www.mouvement-th.org , en particulier la charte : qui se
récapitule sous la forme : Notre mouvement a pour vocation fondamentale
de concilier l’histoire de l’humanité avec la réalité de la nature.
Nous sommes aujourd’hui plus
que jamais appelés à construire un monde généreux, à retrouver l’enthousiasme,
c’est-à-dire le divin en soi. Et tout changement, poursuit Pierre Rabhi, implique
le changement de soi car si l’être humain ne change pas lui-même, il ne pourra
changer durablement le monde dont il est le responsable.
Et Gandhi l’exprime
aussi en un beau raccourci : Nous devons être le changement que nous voulons
voir dans le monde.
3ème sujet : Quelques mots sur l’HOMME :
Nous sommes tous pareils et différents, pareils dans nos limites humaines et, je crois aussi, dans nos aspirations de fond, mais nous sommes fondamentalement différents par nos vécus, nos motivations particulières, nos modes de fonctionnement, nos réactions, nos objectifs personnels. Et donc, nos imperfections et nos désaccords sont totalement normaux, il faut le savoir et c’est en les dépassant que doit se construire notre « vivre ensemble ». Pour analyser nos différences, j’ai trouvé intéressante une grande étude menée dans 11 pays industrialisés auprès de quelques 7000 personnes, de tous continents, moitié en activité et moitié en retraite. Elle débouche sur le constat de deux grandes familles, résumé ainsi : 52% d’actifs et 48% de passifs. D’abord 52% de personnes actives avec 5 profils : les hyperactifs au grand cœur 5% du total organisant leur vie en fonction des autres, les hédonistes 16% pour profiter de leur vie, les inconditionnels de la famille 9% s’épanouissant en se dévouant à leur famille, les accros du boulot 17% par goût ou nécessité et les obsédés de la santé 5% et ensuite 48% de personnes passives avec 3 profils : les désoeuvrés 25%, les apathiques 12%, les démunis 11%.
4 ème sujet : Au niveau des METHODES, quelques observations en vrac :
Jean-Baptiste de Foucault, a co-écrit avec Denis Piveteau, un ouvrage intéressant « Une société en quête de sens », qui veut répondre à la triple crise de l’emploi, du lien social et du sens, à travers l’analyse croisée de 4 axes : initiative, coopération, conflit, contrainte. Par ailleurs je me suis rendu compte que ces 4 axes, concernant chacun de nous, correspondaient exactement aux 4 notions d’un autre auteur, concernant le management. Le titre de l’ouvrage est « le management situationnel » et il détaille le management délégatif, participatif, persuasif, directif.
Le visionnaire Louis Armand, lui nous disait que les « sociétés se développent comme les ammonites, en secrétant des cloisons et qu’il sera de plus en plus nécessaire, en l’absence de communication et de langages communs, d’avoir des personnes qui fassent le lien », des traits d’union en quelque sorte.
Dans la mutation en cours, il y a deux questions importantes de nature différente : l’esquisse de ce monde pluriel à venir, ainsi que l’animation de cette transition, de ce passage.
Quelques autres points de méthode, en bref : il est indispensable de fédérer sur l’essentiel, de mutualiser les moyens, de s’appuyer sur des leviers, d’articuler les divers niveaux de l’individuel au planétaire, de dépasser les « egos », d’activer et de relier les réseaux personnels, d’assurer la cohérence entre discours et comportements, d’insister sur ce qui rassemble plus que sur ce qui divise, par ex. j’aime l’expression « économie sociale de marché » qui peut faciliter les discussions et limiter les bagarres idéologiques : + ou - d’économie sociale, + ou – d’économie de marché selon les situations, etc. tout se discute.
5ème sujet : Un mot sur l’ESSENTIEL : insistons sur la différence entre l’essentiel/le fondamental d’un côté et de l’autre l’important, le plus ou moins important jusqu’au plus futile. L’important doit être toujours second par rapport à l’essentiel. Il me paraît bon d’afficher l’Humanisme, qui est l’intelligence du cœur, qui est l’Essentiel par excellence, sous peine de le voir plus facilement s’évaporer, s’oublier au bénéfice du moins important ou du secondaire. Il est beaucoup de personnes qui, hélas pour elles, échappent à leur Essentiel, toute leur vie, …c’est vrai aussi chez celles qui ont fait des études, qui ont réussi, qui passent leur temps à s’occuper de choses plus ou moins importantes, sans jamais s’occuper de l’essentiel, et c’est ce que j’entends quand j’en parle à pas mal d’amis qui tiennent des postes de responsabilités, si les élites intellectuelles aux commandes, souvent la tête dans le guidon, démissionnent de fait, quel gâchis ! Ils passent à côté de leur vie, à côté de leur mission d’homme.
En 6ème et dernier sujet : Quelques mots sur le TEMPS
Que fait-on de son temps ? Que fait-on de sa vie ? C’est la question majeure, temps imposé, temps choisi, marge de manœuvre, organisation personnelle, temps de repos, temps de sommeil, temps de ressourcement, temps pour soi, temps pour les autres…
Le présent est l’essentiel, vivre pleinement le temps présent, le présent se nourrit du passé, le présent de demain s’anticipe aujourd’hui.
De nos jours, dit-on, tout va vite, on court, on ne se parle plus, on ne s’écoute plus, on s’occupe de survivre, on n’a plus le temps de la maturation de la pensée, on a peu de temps pour les autres, on passe à côté de beaucoup de choses, on peut passer à côté de son essentiel.
Pour
Jean-Baptiste de Foucault, l’essentiel de chacun, qui varie d’un moment à
l’autre, d’un moment de sa vie à l’autre, cet essentiel repose fondamentalement
sur un équilibre à trouver entre les besoins matériels, satisfaits par
l’activité professionnelle, les besoins relationnels, qui relèvent de dons et
contre dons maintes fois répétés, et les besoins spirituels, qui exigent du
temps long d’intériorité.
Enfin, pour conclure cette question, et aller plus loin sur notre long chemin, il me semble que 4 ingrédients sont incontournables : un nouveau principe fondateur humaniste, les politiques, les medias et l’opinion publique (intégrant tout le reste : société civile, entreprises, associations, chacun de nous et nous tous à la fois,..). Pour poursuivre notre chemin : il importe donc de supprimer les obstacles et de mobiliser les leviers du changement.
V-MJ. Justement, je voulais te
dire qu’il existe un long chemin à parcourir, avant d’aboutir à un monde plus
humain, et le temps presse. Quels sont les blocages, les obstacles majeurs
qui freinent notre convoi ?
Les blocages sont nombreux, liés à la complexité
croissante, à la peur du changement, à la priorité de survivre, et aussi à la
dualité de toutes choses : tout levier positif du changement est
accompagné de son opposé. Et tout domaine possède son intégrisme : ex.
levier patronal ou syndical, accompagné d’intégrisme patronal ou syndical, etc.
Passons en revue maintenant nos 4 ingrédients précédents
: principe fondateur, politique, media, opinion publique. Je viens de
découvrir, avec joie, que la journaliste Hélène Risser, dans son livre
« Faiseurs de rois », décrypte les relations complexes unissant la
sphère politique, l’univers médiatique et l’opinion publique. Il ne lui manque
que le principe fondateur.
Parlons-en justement : l’actuel principe fondateur, de fait, et de plus en plus est le profit illimité, la ressource humaine étant une encombrante contrainte. Aussi chacun sait que tout s’achète, achats de voix, de politiques, de medias,…trafics multiples, brevetabilité du vivant, avidité, prédation, violence etc. les multiples mensonges, les affaires, les manipulations, les corruptions, les maffias sont légion et ne facilitent pas la confiance, même s’il existe encore des gens honnêtes. Le grand blocage est le dieu argent, qui domine et pervertit presque tout. Le grand blocage, la grande faiblesse à mon sens, notamment dans les projets présidentiels actuels, est donc cette absence de principe fondateur humaniste, du sens de l’Essentiel.
Restons donc avec la politique, les politiques. Citons
quelques blocages.
La mission politique, relative au « vivre
ensemble » est essentielle, elle est d’anticiper et de piloter. Mais,
globalement, un désamour du politique est installé lié à la perception ou à la réalité de son impuissance. Il est
pathétique de voir l’ancien vice-président des EU, Al Gore faire du porte à
porte avec le film « Une vérité qui dérange ». Al
Gore toujours, définit assez bien la politique, c’est une danse entre
les dirigeants et les électeurs et les limites de l’action politique sont
fixées à la fois par le courage et l’imagination des dirigeants et les
connaissances et le courage des électeurs.
Dans son ouvrage intitulé
« La dissociété » Jacques Généreux exprime un constat
sévère que l’offre politique, le projet proposé, résulte du débat interne
aux partis, et quasiment pas de la demande politique des citoyens. Au niveau des
partis, nous dit-il, la minorité de militants qui représente l’aspiration
majoritaire des citoyens accède très difficilement à la candidature aux
élections, puisque les investitures sont pilotées par la majorité qui gouverne
les partis. Et de plus, rajoute-t-il, la majorité des citoyens s’adapte à une
société inhumaine plutôt que de la combattre, et les opposants lucides sont
trop minoritaires pour inverser le sens.
Il est bien vrai qu’un président potentiel a un rude parcours du combattant : être vainqueur dans son camp, auprès des citoyens, savoir gérer, savoir conduire les changements, nécessitant des aptitudes à gérer des contradictions impossibles.
Un mot sur les Media : pour faire bref, je me
limiterai à un récent sondage sur l’indépendance des journalistes et sur
la lucidité des citoyens, paru dans le journal « La Croix » : 63% des
sondés pensent que les journalistes ne résistent pas aux pressions des partis
politiques et du pouvoir, et 60% qu’ils ne résistent pas aux pressions de l’argent.
Quelques mots sur les blocages liés à l’opinion publique :
Einstein disait « Le monde est dangereux à vivre. Non pas tant à cause
de ceux qui font le mal, mais à cause de ceux qui regardent et laissent
faire. »
L’abbé Pierre nous donnait la
solution en 1952 « Si vous tous, vous faites pression à tous les
échelons des pouvoirs publics, si l’opinion publique le voulait, les choses
bougeraient ! Parce qu’ils tiennent à être réélus, les élus font ce que
veut le public. Ce qu’ils ne font pas, c’est parce que le public ne l’exige
pas ».
VI-MJ. Archimède disait
« donnez-moi un levier et je soulèverai le monde ». Quels
seraient, à ton avis, les
leviers du changement à mobiliser pour accélérer la construction de ce monde plus
fraternel, souhaité par la majorité de l’Humanité ?
Notre émission, c’est justement au fil des mois, de recenser, d’analyser les leviers de toutes natures, et ensuite de voir comment il est possible de les faire fonctionner ensemble.
Une mention toute particulière pour le levier humain : c’est, sans aucun doute, le levier essentiel. Ces hommes qu’on pourrait appeler des Mutants, ceux sont des précurseurs, des sages, des pacifiques, des prophètes d’aujourd’hui, des consciences. C’est eux tous qui tiennent les divers leviers du changement et le devenir du monde. « Partout sur tous les continents, des hommes ne baissent pas les bras et inventent en tâtonnant le monde de demain ». Et, nous sommes tous appelés à être levier, à être mutant, là où nous sommes, avec nos forces, nos faiblesses et nos maladresses : nous sommes tous des leviers en puissance. Et cet autre monde que nous souhaitons, basé sur de nouvelles fondations, oui, il existe déjà, souvent discret ou caché.
Dès mes premières émissions, j’énonçais 5 leviers majeurs :
1-nécessité de grands ensembles régionaux, comme l’Europe pour nous,
2-mobilisation essentielle de l’opinion publique, grâce aux moyens techniques de communication,
3-appui sur les opportunités, l’actualité, l’« agenda »,
4-passage du « face à face » épuisant au « côte à côte » motivant, c’est-à-dire de la confrontation au dialogue,
5-engagement individuel,
Et puis, d’autres catégories de leviers se sont découvertes, traitées dans des émissions passées, ou prévues pour des prochaines.
J’avais commencé à lister ces leviers : thématique, géographique, artistique, médiatique, politique, scientifique, spirituel, sémantique, sportif, politique, syndical, numérique, levier de l’entreprise, etc.
Le constat est qu’il existe partout et en tout domaine des leviers, des alternatives, des échantillons effectifs du monde futur souhaité.
Je citerais
deux leviers seulement, qui mériteront un jour prochain, des émissions
spéciales : le levier médiatique et le levier spirituel. Je vous propose
d’abord quelques extraits du magazine de l’association « Reporters
d’Espoirs » : la culture journalistique n’est pas très ouverte au
positif, car « l’incendie de forêt est toujours plus spectaculaire que la
forêt qui pousse », aussi la philosophie de l’association est de favoriser
la médiatisation d’initiatives porteuses de solutions : faire savoir,
partager, donner envie d’agir au plus grand nombre pour construire ensemble le
monde de demain.
Et je citerais ensuite le levier spirituel : le croyant que je suis, adepte du « aimez-vous les uns les autres », a beaucoup aimé l’ouvrage d’André Comte-Sponville sur la spiritualité laïque, une spiritualité sans Dieu, qui a été écrit contre les nihilismes et les intégrismes, et qui cite Spinoza. « Jésus pour Spinoza, n’était qu’un être humain mais exceptionnel, celui qui, en matière d’éthique, a le mieux su dire l’essentiel, que la justice et la charité sont toute la loi, qu’il n’est d’autre sagesse que d’aimer, ni d’autre vertu, pour un esprit libre, que de bien faire et se tenir en joie ».
VII-MJ. Le témoignage est un
levier majeur, et nous sommes tous témoins, aussi excuse-moi d’entrer
maintenant dans des questions plus personnelles : « Quel est
l’Essentiel de ta vie ? » ou avec une formulation voisine
« Quelle est ta mission d’Homme ? ». Pourrais-tu aussi, s’il te
plaît, nous faire partager quelques bonheurs, quelques joies de ta vie, dans le
quotidien ?
Je
crois au mimétisme pédagogique, écoutons encore l’abbé Pierre : si je peux transmettre une
certitude à ceux qui vont mener la lutte pour mettre plus d’humanité en tout,
c’est : « la vie, c’est apprendre à aimer ». J’ai adopté ainsi
que l’idéal de vie, intitulé « Artisan de paix » d’un italien, nommé
François, dont vous avez probablement entendu parler. Il pourrait servir à fédérer
spirituellement tous les humanistes, athées ou croyants. Je vous le
livre : « …Là où est la Haine, que je mette l’Amour. Là où est
l’Offense, que je mette le Pardon. Là où est la Discorde, que je mette l’Union.
Là où est l’Erreur, que je mette la Vérité. Là où est le Doute, que je mette la
Foi. Là où est le Désespoir, que je mette l’Espérance. Là où sont les Ténèbres,
que je mette la Lumière. Là où est la Tristesse, que je mette la Joie…Que je ne
cherche pas tant d’être consolé que de Consoler. D’être compris que de
Comprendre. D’être aimé que d’Aimer. Car, C’est en se donnant que l’on reçoit.
C’est en s’oubliant soi-même que l’on se retrouve soi-même. C’est en pardonnant
que l’on obtient le Pardon… ». Il s’agit en fait de la prière de Saint François d’Assise, et passant ainsi du spirituel au
religieux chrétien, je rajoute l’introduction et le final que j’avais
volontairement omis : « Seigneur, faites de moi un instrument de
paix », et en final, « C’est en mourant que l’on ressuscite à
l’éternelle vie ».
Quelle est ma mission d’Homme ? Pourquoi sommes-nous sur terre ? Il est intéressant là aussi de tenter, avec ses propres mots, ou avec des mots adoptés, d’autres formulations :
« pour vivre ensemble, s’aimer, s’émerveiller, transmettre aux enfants ».
Il y a 20 ans, je m’étais déjà défini ma mission d’Homme et je la revalide : « Vivre debout et joyeux, à la lumière de ma foi, en aimant les autres, proches et lointains et, en cherchant à contribuer efficacement à l’élaboration d’un monde plus humain et plus solidaire, à partir de mes compétences, insuffisances et charismes particuliers et cela, avec courage, avec clairvoyance, avec humilité et avec enthousiasme ». D’autres formulations plus courtes en 4 mots : « connaître, comprendre, contempler, construire », en 3 mots de l’abbé Pierre « apprendre à aimer », en 2 mots d’un ami « devenir meilleur », et mon résumé à moi en un seul mot : « grandir ».
Maintenant tentons de partager quelques joies quotidiennes :
D’abord il faut bien le dire, comme tout le monde, j’ai mes faiblesses, je fais des erreurs, je ne suis pas un exemple, il m’arrive de douter, de me dire parfois par ex. « à quoi bon cette émission ? », mais j’ai aussi beaucoup de chance, tout me passionne, tout m’est joie et je me retrouve dans les propos de Confucius, qui nous dit : « la joie est en tout, il faut savoir l’extraire ». J’aime tout, j’aime m’amuser, j’aime la joie d’apprendre et de transmettre en jouant et je crois à la formule « nous n’arrêtons pas de nous amuser parce que nous vieillissons, nous vieillissons parce que nous arrêtons de nous amuser ». Mes joies s’appuient sur ce que je suis, mon vécu passé, mon enthousiasme et mes rencontres. Bien sûr, joie d’admirer les beautés de la Nature et des œuvres humaines, joie d’approcher le mystère de la Vie, joie de créer, mais surtout joies partagées, joie en retour. Dans une précédente émission sur le levier associatif, où la relation humaine est le moteur essentiel, j’avais cité une dizaine de grandes joies, résultant d’engagements et liées à la relation aux autres. Aussi, je choisirai quelques autres exemples :
-galérant pas mal sur cette présente émission, je suis parti marcher un matin où il faisait très beau, marcher une trentaine de kilomètres sur le chemin Henri IV, chemin de crête millénaire entre Pau et Lourdes, avec papier et crayon, magnétophone, appareil photo, sac tyrolien et casse croûte. Joie d’être au cœur de la Nature, jubilation de concilier activités du corps et de l’esprit dans la proximité et la beauté des sommets pyrénéens,
-joie d’aimer, joie d’être aimé, joies familiales de la vie au quotidien,
-chance et joie d’être sportif avec les sportifs, jeune avec les jeunes, artiste avec les artistes, ancien avec les anciens, étranger avec l’étranger, joie de me rendre proche de chacun des plus jeunes aux plus âgés, ici et ailleurs,
-joie, sur un télésiège, d’accompagner des jeunes du primaire au ski, d’échanger sur le sens de la vie et de les entendre dire spontanément : pour se faire plaisir, pour s’aimer, pour s’entraider,
-joie émouvante récente à la réception d’un message d’une jeune handicapée en fauteuil de 20 ans, Julie, que je devrais retrouver à la prochaine fête des handicapés à Os-Marsillon, et qui m’écrit : « ça me tarde de vous revoir et de passer un peu de temps avec vous »,
-joie profonde de participer à l’animation du foyer logement du Charnivet en Ardèche, où était mon père décédé il y a peu à 95 ans, avec de nombreux exemples : lors d’une animation poésie, ma mémoire flanchant sur un vers, une pensionnaire âgée m’a soufflé et nous avons, à deux voix et avec beaucoup d’émotion, achevé le poème ; à la fin d’une autre animation sur un récent voyage en Afrique, délicate attention d’une autre pensionnaire m’adressant une enveloppe et un billet accompagnés d’un mot discret « pour vos enfants d’Afrique », et puis le bonheur d’appeler au téléphone mes amis de cette maison de retraite et d’échanger dans une touchante complicité.
VIII-MJ. Le « Connais-toi
toi-même » a longuement occupé Socrate. Etre bien avec soi-même, avec sa
conscience est déterminant. Comment essaies-tu de trouver ton équilibre
personnel, de grandir et de bien avancer
sur ce chemin d’humanité ?
L’équilibre personnel est une construction progressive, me semble-t-il, lié pour une part au passé, et j’ai toujours eu beaucoup de chance : chance d’être dans une famille modeste de 4 enfants, où l’amour, malgré l’absence de gestes et de mots d’affection, était très présent ; chance d’être, déjà tout pitchoun, plein de vie, plein de santé, plein d’énergie, extraverti, à la différence de mon frère aîné, presqu’un jumeau, plein d’énergie aussi mais de santé fragile, timide, introverti, et décédé accidentellement à 30 ans ; chance de tout positiver, d’être toujours content avec des aptitudes à faire le clown, l’acrobate, à faire rire ses petits camarades, à leur apprendre ce que je savais faire : nager, plonger,… probablement aussi parfois, sans m’en rendre compte, j’ai du prendre beaucoup de place, j’ai toujours été heureux de vivre, vivant plusieurs vies à la fois, passionné de tout, passionné de découvrir, passionné d’apprendre sur les livres et dans la vie. Et le temps a ainsi passé dans cette même tonalité : études, boulot, famille, enfants, petits-enfants, engagements multiples, voyages, etc. et retraite maintenant. Et l’équilibre personnel futur devrait se poursuivre ainsi : de plus en plus proche de l’autre, de plus en plus dans le présent, de plus en plus dans l’anticipation du futur, de plus en plus dans l’Essentiel.
Ouvert au monde, je crois être lucide sur sa situation, et je me suis toujours senti un rebelle constructif, un révolutionnaire pacifique et un esprit libre équilibré.
Toujours sur l’équilibre personnel, je listerai quelques éléments importants pour moi :
-d’abord la famille au sens large qui a une place majeure, en commençant par le couple qui est le passage du « un au deux », qui est le collectif élémentaire fondamental, pour moi du moins,
-« la foi en Dieu, source de la foi en tout homme » comme dit l’abbé Pierre, qui apporte espérance, présence, communion au monde et aux autres,
-la connaissance fine de son propre fonctionnement, de ses limites, de ses réactions : je sais que mon esprit est vif le matin aux aurores, la nuit également, mais qu’il a besoin d’un environnement favorable, d’un repos suffisant, je sais que l’activité physique et la relaxation me sont indispensables,
-j’ai toujours eu une forte attirance pour les autres et pour la différence, en particulier pour partager et me sentir utile auprès des étrangers, jeunes, anciens, malades, handicapés, …
-un point essentiel pour moi est mon organisation personnelle, mon agenda pour, bien sûr, noter les échéances, caser les tâches incontournables, anticiper et planifier une part du futur, mais surtout pour me rendre libre et disponible à l’écoute et à l’essentiel. J’apporte aussi une vigilance particulière à l’équilibre de mon pentagone magique : la lecture, l’écriture, la parole, la réflexion et l’action.
-j’ai besoin de connaître, de comprendre, d’apprendre. Aussi ma formation est permanente et multiforme. J’ai beaucoup picoré au long des années, lors de formations en entreprise, dans les livres, sur le tas, en voyageant, lors d’échanges, sur le net aussi etc.
IX-« Chacun d’entre nous
est responsable de la trajectoire du monde » dit-on. Chacun doit
« faire sa part », en référence au colibri de la légende
amérindienne. Concrètement, que fais-tu ou penses-tu faire pour apporter
ta contribution aux autres et à l’œuvre commune ?
A travers cette émission et les précédentes, j’ai souvent évoqué mes engagements et je ne saurais épuiser le sujet aujourd’hui. Aussi, je me limiterai ici à évoquer le thème de mes prochaines émissions radio, qui sont au confluent de deux engagements lourds : la radio Voix du Béarn et l’association Terre et Humanisme.
La prochaine émission du mois d’avril devrait être une expérience intéressante, j’envisage d’abord d’enregistrer, 5 ou 6 pensionnaires du foyer logement du Charnivet déjà évoqué, en concertation étroite avec leur animateur, avec deux questions de base : raconter un de leurs meilleurs souvenirs de jeunesse, et exprimer ce qu’ils aimeraient transmettre aux plus jeunes, et j’envisage ensuite deux jours plus tard, après un mini montage, de faire une animation restitution à tous les pensionnaires avant la diffusion habituelle sur la radio Voix Du Béarn, et peut-être aussi sur une radio ardéchoise.
Au mois de mai : interview des responsables de l’association « Vivre ensemble », qui anime tous les jours de l’Ascension depuis 25 ans, une exceptionnelle fête des handicapés à Os-Marsillon (64).
Au mois de juin, nous nous pencherons sur le réchauffement climatique avec le problème des côtes, lié à la montée des eaux.
Le mois de juillet devrait en principe être une interview témoignage de Laurent Mouchague au Burkina Faso, sur un projet d’informatisation d’un collège.
X-MJ. Comment as-tu apprécié
ce questionnement sur l’Essentiel ? Et que souhaiterais-tu dire en
conclusion ?
D’abord, je pourrais dire que j’ai passé beaucoup plus de temps que prévu à écrire cette émission « Comment faire s’épanouir l’Humanisme ?», et ensuite que j’ai apprécié de prendre le temps qu’il faut pour réfléchir et mettre en forme ces propos. Et, en conclusion, je ne peux qu’inciter les auditeurs et lecteurs à faire cette même démarche, en prenant leur temps. Je me permets donc de leur rappeler ces 10 questions abrégées :
1-Qui es-tu ?2-Quelle
autre formulation préfèrerais-tu ?3-Que retiens-tu des actualités ?
4-Quels points importants ?5-Quels
sont les blocages ?6-Quels sont les leviers du changement ? 7-Quelles sont tes raisons de vivre ? Et
tes joies quotidiennes ? 8-Comment
assures-tu ton équilibre personnel ?
9-Comment apportes-tu ta contribution à l’œuvre commune ? 10-Quelques mots de conclusion.
Maintenant, il ne me reste plus qu’à vous saluer fraternellement en disant bon courage à ceux qui vont jouer au questionnement essentiel, et bonsoir à toutes et à tous, et à très bientôt.