|
Nombre de lecture |
21ème
émission janvier 2007 |
|
(diffusion les 1er
mardi du mois à 21h et les 3ème lundi à 20h30) |
|
|
|
|
|
Interview Passion : Bernard MENOU, les USA à
vélo et en solo |
Bonjour à toutes et bonjour à tous. Bonjour Bernard. Chers vous tous, vous me permettrez de reprendre la bande annonce que j’utilisais dernièrement pour présenter l’émission de ce mois-ci, la 21ème de « Regards du Sud », émission qui a vocation à élargir nos regards aux dimensions du monde. Je vous proposais « de nous dépayser avec le témoignage d’un ami jurançonnais, Bernard Menou, qui vient de réaliser une belle et rude aventure individuelle. Il a traversé les USA à vélo et en solo, à la conquête de l’Ouest. Il devrait être question des US, des merveilles de la Nature, de courage, de volonté, de rencontres avec l’autre, et aussi de partage ».
Et donc aujourd’hui,
Aussi, Bernard, tout
de suite, entrons dans l’avant voyage avec une question préalable directe et
simple : Bernard, qui es-tu ?
Je
viens d’avoir 58 ans. Comme tu l’as dit, je suis jurançonnais. Je suis marié,
père de deux grands enfants, fille et garçon, et après avoir roulé ma bosse
pendant quelques années, j’ai repris à l’âge de 30 ans un commerce de
chaussures, qui compte deux magasins, un à Pau et un à Jurançon.
C’est une vieille affaire qui a fêté ses 150 ans en 2005.
Je l’exploite aujourd’hui en collaboration avec mon jeune cousin, ma femme et quelques collaboratrices.
Sur le plan des loisirs, j’ai commencé à faire du vélo en 1984 et j’ai découvert le cyclotourisme en club l’année suivante.
En 1995, j’ai créé avec quelques amis un club qui s’appelle l’Académie Béarnaise de Cyclotourisme, et l’idée qui a sous tendu la création de ce club, c’était de pratiquer un cyclisme de promenade et de voyage, ce que nous avons fait d’ailleurs.
Ceux sont ces voyages qui m’ont mis le pied à l’étrier.
En 1998, nous avons fait fabriquer, mon épouse et moi des randonneuses, c’est-à-dire des vélos spécialement adaptés pour le voyage par un artisan parisien dans le but de disposer d’engins confortables, pratiques et robustes.
Bernard, il me semble
avoir entendu parler, dans le milieu cyclotouriste de Charles Antonin, je crois
savoir que tu es assez bien placé pour nous en parler ?
Le concours photo littéraire Charles Antonin est un concours
qui est organisé tous les ans depuis plusieurs décennies par
Nous avions ramené de superbes photos, les plus belles étant celles d’Hélène d’ailleurs, j’ai décidé de concourir.
Je suis donc passé du récit personnel à un vrai récit destiné à être lu par d’autres, avec d’autres mots, des mots nécessaires pour faire passer le ressenti, l’ambiance inhabituelle le long d’un canal, le silence, les jeux de l’ombre et de la lumière, etc. L’ensemble a bien plu et le jury nous a accordé le 1er prix cette année-là en 2001.
Bravo Bernard,
maintenant Bernard, pourrais-tu essayer de nous décrire la genèse de ton
aventure américaine ?
Traverser l’Amérique, c’était un vieux rêve qui a sous tendu ma vie depuis très, très longtemps.
C’est un rêve qui plonge ses racines dans le blues, le rock
de Bill Halley
et de Gene Vincent, les nouvelles de Tennessee Williams, les romans de
Steinbeck, les westerns de John Ford, et ceux de Sergio Leone, les road-movies
et les films noirs, les Harley et les Cadillac, le débarquement à Omaha Beach,
et les chewing-gums.
Je
suis de la génération d’après guerre, donc nous avons tous machouillé des
« Hollywood ».
On dit dans mon entourage qu’on m’a toujours entendu parler
de l’Amérique, en tout cas, c’est en 1995 que l’idée de traverser le continent
a pris corps à la suite de la lecture d’un article écrit par un adhérent de
Il n’en fallait pas plus pour que je me décide à l’imiter.
J’imagine que la
préparation de ce voyage a été très importante. Comment as-tu fait pour bien le
préparer, dans toutes ses dimensions ?
Alors, comme j’avais peu d’expérience du voyage en solo et de longues distances à l’étranger, bien j’ai décidé de consacrer plusieurs années à préparer cette aventure.
Il me fallait à le fois du temps, de l’argent et puis quelques bagages annexes. Réunir le budget, çà a pris environ une dizaine d’années, le temps, j’ai attendu que la période soit favorable pour l’entreprise pour pouvoir m’absenter pendant trois mois et demi.
Et, en ce qui concerne les annexes, la principale a été quand même de réapprendre l’anglais. Je n’avais qu’un anglais scolaire qui datait de 35 ans, qui était un peu vieux et vieillissant, et qui était complètement oublié. J’ai donc repris les cours d’anglais en l’an 2000 et pendant 5 ans, toutes les semaines, j’ai suivi des cours, des heures de conversation et puis j’ai bûché : voilà, pour pouvoir me débrouiller.
Bernard, il serait
injuste de ne pas parler de ton précieux partenaire là-bas, ton vélo Red Dog.
D’abord pourquoi ce nom Red Dog et peux-tu nous le présenter brièvement ?
Alors
je vais d’abord présenter le vélo, c’est donc une randonneuse.
J’ai dit que nous l’avions fait fabriquer en 1998, avec ma femme, nous avons fait fabriquer le même type de vélo.
Donc, c’est un artisan qui l’a fabriqué à nos mesures, c’est un vélo robuste, qui à priori, ressemble plutôt à un vélo de course, mais avec des roues plus petites, des roues de VTT. Et puis, il y a quelques pièces annexes comme les garde-boue, les porte-bagages, tout ce qu’il faut pour voyager confortablement.
Alors quant au nom « Red Dog », eh bien, c’est tout à fait anecdotique, je crois que je n’en ai encore jamais parlé, même pas dans le blog ; pendant une ou deux années, je suis allé l’hiver pour des raisons professionnelles vers le Sud de l’Espagne, et nous avons séjourné notamment à Benidorm, et nous allions le soir dans un club de country qui s’appelait « Red Dog », et, c’est en souvenir des bons moments passés dans ce club que j’ai décidé d’appeler le vélo comme çà.
Bernard, tu sais que
la relation de l’aventurier, du promeneur comme tu préfères dire, avec ceux qui
restent au pays est importante. Comment envisageais-tu, à priori, de
communiquer avec eux ?
Alors, j’ai toujours eu quelques problèmes avec le téléphone, et là, sur le plan international, les problèmes étaient encore plus compliqués.
Un
an avant de partir, un des amis de mon fils a fait un grand voyage dans les
régions australes, et nous le suivions au travers de son blog et j’ai trouvé
que c’était un moyen fantastique de communiquer avec eux qui étaient restés au
pays.
Le jeune homme envoyait des messages et on pouvait lui envoyer, nous-même, des commentaires sur ce qu’il voyait et l’encourageait à nous raconter d’autres aventures, ou lui donner des nouvelles du pays.
Et, mon fils étant dans l’informatique, il m’a aidé à ouvrir le blog et à le perfectionner, puisque nous avons ouvert séparément un espace photo et puis mon fils a installé une carte des Etats-Unis et il faisait avancer chaque jour une petite balise qui donnait à tout le monde ma position sur la route.
Bernard, entrons maintenant
dans ton aventure au départ de Jurançon, fin avril. Peux-tu nous narrer cette
étape qui te conduit jusqu’à New York ?
Et nous parler de l’océan ?
Oui, alors j’aurais pu évidemment, comme font la plupart des
gens, partir en avion, et j’ai décidé d’associer le voyage en vélo, la
traversée du continent en vélo, avec une autre traversée
un peu dans le même esprit, c’est-à-dire sur un rythme lent, j’avais entendu
parler il y a quelques années dans une émission de radio des voyages en cargo,
et depuis, je m’y suis beaucoup intéressé.
Il faut savoir que des cargos, c’est-à-dire des navires de commerce, qui sillonnent les océans, certains de ces navires ont à leur bord des cabines accessibles aux passagers, le coût est relativement modeste pour la prestation puisque c’est à la fois un hôtel, on est nourri, blanchi et puis, en même temps, il y a le voyage.
Donc j’ai décidé de partir en cargo, cette traversée de l’océan un peu particulière me permettait par ailleurs de gagner un pari, un challenge que je m’étais fixé, c’est-à-dire de partir de chez moi et d’aller jusqu’à San Francisco sans aucune aide.
Des cargos qui transportent des passagers, il n’y en a pas énormément, en ce qui me concerne pour aller à New York, j’ai eu le choix entre Le Havre, donc traverser l’Atlantique, et Fos sur Mer, traverser la Méditerranée, détroit de Gibraltar, escale à Lisbonne et traverser l’Atlantique.
J’ai choisi Fos-sur-Mer pour plusieurs raisons pratiques et de coût moins élevé, et donc, il me restait à résoudre le déplacement de Jurançon à Fos, comme je n’avais pas l’intention de traverser la France avant de traverser les Etats-Unis en vélo, j’ai contacté un transporteur, les Transports Fournier, le PDG de l’entreprise m’a autorisé à voyager avec un de ses camions, à côté d’un chauffeur.
Donc, je suis parti de chez moi, de Jurançon, entouré de quelques amis, dont tu faisais partie Jacques. Quel honneur !
Nous nous sommes rendus en vélo près de l’aéroport, sur la
commune de Lescar, là nous avons chargé le vélo dans la remorque d’un camion et
je me suis installé à côté du chauffeur et nous sommes partis vers Marseille,
le chauffeur m’a laissé à Fos-sur-Mer, il me restait
Le départ de Jurançon était le 19 avril.
Le cargo et l’océan,
alors ?
Alors la traversée en cargo a été un moment exceptionnel
parce que je savais qu’il n’y avait pas
grand-chose à faire sur un cargo, mais je ne m’étais pas rendu compte à quel
point, comme c’était gratifiant subitement dans une vie extrêmement occupée,
comme sont toutes nos vies, de ne plus rien faire pendant douze jours, mais
plus rien faire du tout, c’est-à-dire que, on peut pas dire, tiens je vais
aller embrasser une amie ou saluer un copain, on peut pas dire je vais aller
faire du shopping, on a rien à faire, si ce n’est rêver, lire, écouter la
musique, regarder
Bernard, nous sommes
à présent au cœur de l’aventure, à vélo avec toi, à New York à la conquête de
l’Ouest vers San Francisco ? Alors, dis-nous tout : que
fait-on ? A quoi pense-t-on ? Et la logistique ? Raconte nous
ton quotidien à vélo.
On peut le diviser en deux parties, d’abord il faut faire
l’étape, j’avais à peu près 80
jours,
Après il y a le reste, il y a la vie, arrivé à l’étape.
J’ai réalisé à peu près mon programme, tu as dit avant que
j’avais fait une moyenne de 95 km/jour, il y a eu des jours de repos, je n’ai
pas pu tenir tout à fait les
Très rapidement, je me suis aperçu qu’il me fallait arriver à l’étape le plus tôt possible pour diverses raisons, pour avoir le temps de me reposer, d’assurer l’intendance, c’est-à-dire de laver mes vêtements, auparavant de trouver un motel, de réserver une chambre, très vite l’écriture du blog a commencé à occuper mon esprit, il fallait que je trouve des bibliothèques équipées d’ordinateurs pour pouvoir envoyer des messages sur le blog.
Donc je suis parti de plus en plus tôt dans la journée, plus j’avançais vers l’Ouest, plus un horaire centré sur la matinée était intéressant parce qu’il me permettait d’éviter les grandes chaleurs de l’après-midi, les orages vespéraux, le vent, en allant vers l’Ouest on va contre les vents dominants, le vent qui se levait vers 10h environ, le fait d’arriver tôt à l’étape, me permettait de trouver à coup sûr une chambre de motel, de choisir ma chambre même quand il y avait par exemple des différences de prix, et ensuite, il me restait donc du temps pour écrire, faire mes petites affaires, trier des photos, ainsi de suite et me restaurer évidemment.
La partie la plus intéressante a été quand même les étapes en vélo parce que c’est là que j’ai eu le plus de contacts, parce qu’un voyage en vélo, évidemment celà surprend.
Et sur le vélo, que
fait-on ? A quoi pense-t-on ? Parle-nous un petit peu alors de ce
quotidien, les fesses sur le vélo.
Alors sur le vélo, j’ai eu l’occasion d’en parler un petit
peu quand j’ai écrit le blog, on pense déjà évidemment à la route, les routes
américaines sont extrêmement dangereuses et il n’y a pas
comme en France tout un réseau de routes secondaires. Pour traverser le
continent, il faut donc utiliser les grandes routes, qu’on appelle les highways
et qui sont l’équivalent de nos nationales ou des grosses départementales, la
plupart sont équipées de ce qu’on appelle des surlargeurs, ceux sont des voies
de côté qui sont faites pour que les automobilistes puissent s’arrêter en cas
de pépin éventuel.
Evidemment pour le cycliste, c’est une protection parce qu’il n’est pas au milieu du trafic, mais ces surlargeurs sont souvent en mauvais état ou très encombrées par des saletés et puis, quelque fois, elles n’existent pas, donc on se trouve confronté à un trafic infernal, des gros camions, des énormes camions qui vont très, très vite, les gros 4x4, les américains ont beaucoup de 4x4, il faut donc apporter à la circulation une attention maximum et pendant les étapes en vélo mon regard est toujours allé de l’avant vers le rétroviseur de mon vélo pour voir ce qui arrivait derrière et j’ai toujours essayé de me tenir le plus à droite possible et le plus protégé possible : çà c’est l’occupation principale.
Il n’y a pas toujours du trafic, quelquefois on roule dans de très bonnes conditions, il arrive qu’on trouve aussi des routes secondaires, alors dans ce cas-là, évidemment l’esprit peut se laisser un peu plus aller, et c’est très agréable d’abord de regarder le paysage qui n’est jamais monotone. Je ne me suis jamais ennuyé, même dans les grandes plaines du Midwest avec des champs de céréales à perte de vue, il y a toujours quelque chose à voir, un petit oiseau qui vous suit, sur les fils électriques, ou des biches dans un champ, ou des fermes très proprettes, ou regarder les types de culture, ensuite on pense évidemment à tous ceux qui sont restés au pays, on pense à tous les problèmes d’intendance, et puis, il y a aussi la part de rêve, on se dit qu’on est dans les grands espaces et puis on prend plaisir à être là, seul, et à aller vers l’Ouest.
Bernard et s’il fallait
que tu sélectionnes les points les plus forts, quels seraient-ils ?
Il y a les rencontres évidemment, j’ai rencontré beaucoup,
beaucoup, beaucoup de gens extrêmement sympathiques qui m’ont apporté leur
amitié, leur aide, très souvent m’ont offert des repas par exemple. On m’a
offert dans les stations service des cafés, on m’a offert des bouteilles d’eau,
c’est la chose principale qu’il va me rester de ce voyage, c’est
vraiment le côté très fraternel des américains, qui sont un peuple évidemment
au contact très facile, et donc, il est extrêmement aisé de faire connaissance
et de lier conversation. Ensuite, il y a des paysages somptueux, qu’on ne peut
pas imaginer même quand on les voit sur des DVD de reportage ou au cinéma. Etre
dans ces paysages, c’est quelque chose d’absolument unique à tel point que
quelque fois, on a le ventre noué par l’émotion, tellement les paysages sont
grandioses, donc je vais retenir cette succession de paysages que j’ai
traversés, les paysages de l’Est avec des parties industrielles, ensuite tout
le middle West, j’en ai parlé déjà, des champs de céréales à perte de vue, puis
les grandes plaines du Kansas, les Montagnes Rocheuses, et ensuite les déserts
et puis la Californie.
Et, est-ce qu’il y a
des étapes qui ont été plus difficiles que d’autres ?
Il y a eu des étapes très difficiles. J’ai commencé par
traverser les Appalaches, qui sont juste quelques jours après le départ de
Et l’étape du désert,
que peux-tu en dire ?
La traversée du désert a été exaltante. A la sortie des Montagnes Rocheuses, j’étais très, très fatigué parce que j’ai eu beaucoup de vent dans la montagne, j’ai eu du beau temps mais du vent.
Et
donc très fatigué, j’avais prévu à ce moment-là de traverser la partie
désertique qui se trouve à peu près l’aplomb de San Francisco, c’est une région
qui s’appelle « The Great Basin », le Grand bassin, en fait ce n’est
pas un bassin, c’est une succession de chaînes de montagnes primaires et il y
avait 15 ascensions à effectuer dans le désert et sous la chaleur avec deux
étapes, l’une de
J’ai été un peu effrayé par l’ampleur de la tâche, j’ai
décidé donc de descendre vers le Sud, mais il faut savoir que pour arriver sur
Je me suis retrouvé à l’aplomb de Los Angelès, à quelques
centaines de kilomètres de Los Angelès, dans une ville qui s’appelait Parker et
là, je n’ai pas eu d’autre solution que de traverser une étape de désert qui a
été très, très longue puisqu’elle faisait
Il me restait à ce moment-là une trentaine de kilomètres à
faire, et c’est là que j’ai commencé à coincer physiquement et qu’en plus le
vent s’est levé dans la dernière ligne droite qui faisait
Et malgré tout, je suis arrivé dans la ville étape, où j’ai pu trouver un motel après 13h de route.
Bernard, tu me
permettras de te citer le jeudi 6 juillet 2006, donc dans cette étape
de quelques 200km et 45 à
Tu nous dis, et nous avons eu ce compte-rendu en quasi direct : « J'ai traversé le désert, ces quelques mots : "j'ai traversé le désert" vous paraîtront banals. Pour moi, ils pèsent très lourds. J'ai traversé le désert. Je suis passé outre une foule d'appréhensions de tous ordres : la distance, la chaleur, la soif, le vent contraire, la panne, l'accident. J'ai traversé le désert. Je suis allé au bout de moi-même, au-delà de la souffrance, au-delà de la douleur, jusqu'à l'inconscience ».
Bernard, après cette
traversée du désert, heureusement tout ne fut pas souffrance. Arrêtons-nous un
instant sur les merveilles de la Nature ? Que peux-tu nous en dire ?
Dans le grand Ouest, j’ai roulé au milieu de paysages à
couper le souffle. N’ayons pas peur des mots. Lorsque je suis arrivé juste
après les Rocheuses, les Rocheuses ne sont pas tellement impressionnantes, les
cols sont très hauts, j’ai passé deux cols à plus de
Bernard, peut-être
pourrais-tu dire ou rappeler aux auditeurs quel a été ton itinéraire pour
aller de New York à San Francisco ?
Oui, je suis parti de New York, où j’ai séjourné trois jours avec un couple d’américains qui habitent à Manhattan. J’ai eu la chance donc de passer trois jours à Manhattan et je suis parti en vélo du centre de New York, on peut le dire, West Side.
Je
suis monté légèrement vers le Nord pendant une étape et demie environ pour me
dégager de la mégapole qu’est New York et ensuite j’ai pris carrément la
direction de l’Ouest. Donc là, c’est pas difficile, j’ai tracé carrément un
trait de New York jusqu’au milieu du continent à peu près, le centre
géographique du continent qui se trouve dans un Etat qui s’appelle le Kansas.
Je suis allé tout droit, c’est là que j’ai traversé d’abord les Appalaches, comme je l’ai dit, puis derrière les Appalaches, il y a deux ou trois étapes qu’on appelle le Midwest ou le middle West, ceux sont donc des paysages de culture, sur les Etats de l’Ohio, l’Indiana et l’Illinois. Ensuite, une fois passé le Mississipi, on rentre dans le Missouri ; les paysages sont assez semblables mais on abandonne un peu les très grandes étendues cultivées pour un paysage qui ressemble plus au bocage, en Europe, et ensuite on arrive dans le Kansas qui est le milieu du voyage, le Kansas ressemble un peu dans sa partie orientale à l’Etat précédent, au Missouri, et au milieu de cet Etat, on arrive dans les grandes plaines, où vivaient autrefois ceux qu’on appelait les indiens des plaines, c’est-à-dire les tribus cheyennes par exemple, et là on a des espaces qui ont été conservés depuis l’origine des temps, qui sont des espaces de prairies et il y a, en cet endroit là, beaucoup d’élevage, c’est là qu’on trouve énormément de ranchs.
Le western Kansas touche le Colorado et dès qu’on rentre dans le Colorado, pratiquement en une étape, on se trouve auprès des Montagnes Rocheuses. Donc là, il m’a fallu plusieurs étapes pour franchir les Rocheuses, il y a plusieurs chaînes parallèles qui constituent l’ensemble du massif. A la sortie des Rocheuses, je me suis donc dirigé légèrement vers le Sud pour aller voir un paysage absolument exceptionnel qui est celui du territoire des Navajos et qu’on appelle Monument Valley.
Là, je tenais absolument à voir ce paysage qui était un des buts de mon voyage. A ce moment-là, si j’avais suivi mon itinéraire prévu à l’origine, comme je l’ai dit tout à l’heure, je serais remonté vers le Great Basin, mais comme j’étais fatigué, je suis allé encore plus vers le Sud, je suis rentré dans l’Arizona.
J’ai traversé l’Arizona pour buter sur le désert, la 1ère étape du désert était en Californie et ensuite, il me restait à remonter la Californie puisque j’étais à la hauteur de Los Angelès et que San Francisco se trouve plusieurs centaines de kilomètres au Nord. Voilà l’itinéraire.
Bernard, au cours de
ces 3 mois sur ton vélo, tu as fait de nombreuses rencontres, tu as beaucoup
observé. Bernard, une question difficile : quel regard portes-tu sur ce
vaste pays et sur les américains ? Et dans quel monde sommes-nous ?
C’est une question très difficile, parce qu’il faut éviter
de généraliser. A San Francisco, j’ai rencontré un jeune homme avec qui j’ai passé
une soirée, qui est conducteur de transport en commun, et je lui ai dit que
j’étais étonné de voir comme sur la route, c’était la loi du plus fort qui s’imposait,
j’ai failli souvent être accroché par des voitures ou des camions que
visiblement je gênais. Il y avait ce contraste entre la loi de la jungle sur la
route et puis l’accueil extraordinaire que me réservaient les gens lorsqu’ils
étaient descendus de leur voiture.
Il suffisait que je m’arrête dans une station service et là,
il y avait pratiquement que des automobilistes puisqu’il n’y a pas de vélo aux
USA, et on me disait aussitôt, sans me connaître, comment çà va ? où
est-ce que vous allez ? est-ce que
je peux vous offrir quelque chose ? Ce jeune homme à San Francisco m’a
répondu la chose suivante. Il m’a dit : c’est un peu le produit de notre
histoire. Quand les pionniers ont avancé vers l’Ouest, ils arrivaient dans un
territoire totalement inconnu avec un viatique minimum. Si les gens qui étaient
déjà installés, ne les avaient pas accueillis, ils n’avaient aucune chance de
s’en sortir, et, en même temps sur ces territoires là, c’était peu ou pas
organisé, c’était la loi du plus fort qui régnait, c’était chacun se défendait,
chacun avait des armes à la maison et se défendait contre les voleurs, contre
tous les dangers d’une société inorganisée et il me dit : c’est un peu la
même chose qui se passe quand on fait la route, on est confronté à la fois à la
loi de la jungle et puis on reçoit de l’aide. J’ai reçu beaucoup d’aide aux
Etats-Unis, comme je l’ai dit tout à l’heure, j’ai été hébergé plusieurs fois,
chez des gens exceptionnels, à New York, je suis resté trois jours avec un
couple d’américains dans un tout petit appartement, il m’avait laissé une
chambre qu’ils avaient débarrassée pour que je puisse dormir et pour que je
puisse y mettre le vélo. Quand je suis passé dans le Kansas, j’ai rencontré à
la sortie d’un restaurant un couple de californiens, et, au bout de dix minutes
de conversation, sans du tout me connaître pratiquement,
on avait parlé que du vélo et du voyage, ces gens-là, la dame m’a dit :
quand vous serez à la fin de votre voyage, si vous avez quelques jours, vous
pourrez venir chez nous, vous serez hébergé, il y aura un lit pour vous et vous
resterez le temps que vous voudrez. Et je suis allé chez eux, j’y ai passé cinq
journées magnifiques, ils m’ont fait visiter toute la côte pacifique. Par
ailleurs, j’avais rencontré sur Internet, un autre couple d’américains qui
vient souvent en Europe et qui habite à Seattle au Nord de San Francisco. A la
fin de mon voyage, je me suis rendu à Seattle et là encore, j’ai séjourné trois
jours chez ces gens-là. Alors la chose la plus impressionnante, aux USA, quand
on fait la route, la confrontation avec la circulation routière et là, on comprend
physiquement pourquoi les américains consomment le quart de l’énergie de la
planète, ils ont des engins énormes, ils n’ont pas de jambes, ils se déplacent
tout le temps en voiture, il n’y a pratiquement plus de centre ville. Les
centres villes sont à l’abandon, tout se passe dans les zones commerciales, où
les magasins sont ouverts en permanence, jours et nuits, semaine et dimanche.
Il n’y a pas de fermeture, même les jours fériés, donc les américains roulent,
consomment, ils mangent en voiture, ils boivent en voiture, c’est très
impressionnant. On comprend pourquoi ils consomment le quart de l’énergie de la
planète et on comprend aussi pourquoi ils font la guerre : pour les mêmes
raisons. Ils ont besoin d’énergie et je dois dire que les couples, chez qui
j’étais hébergé, qui avaient tous, disons, je vais lâcher un grand mot, un côté
européen, tous connaissaient l’Europe, qui avaient un style de vie qui se
rapprochait tout à fait du nôtre, notamment au niveau des séquences de repas et
des mentalités, eh bien, ces trois couples là, très curieusement, étaient des
opposants à la guerre en Irak, c’est très curieux, c’est presque caricatural,
voilà.
Tu aimes à dire,
Bernard, que le blog a changé ton voyage, le blog avec tes beaux textes et tes
belles images. Pourrais-tu nous en dire un petit peu plus sur le rôle du
blog ?
Alors, je ne sais pas si tous les auditeurs savent ce que
c’est qu’un blog. C’est un espace sur internet que vous créez vous-même et où
vous pouvez raconter ce que vous voulez. Dans mon cas personnel, le blog était
donc un récit de voyage. Il y avait donc les messages que j’envoyais qui
constituait le récit, les commentaires que les amis faisaient en retour, c’est
un lieu interactif, un lieu d’échanges, et il y avait donc
je l‘ai dit, un espace photo, qui était accessible par le biais des messages,
plus la carte qui permettait de voir mon avancée. Ecrire le récit d’un voyage
pendant le voyage, c’est quelque chose que je n’avais jamais fait. Je suis
comme beaucoup de gens, je prends des notes, pour écrire quelques souvenirs ou
pour légender des photos. Mais écrire un véritable récit pour intéresser une
foule d’amis, je ne l’avais jamais fait et le blog m’a donné un travail
incroyable, çà était un voyage laborieux, j’ai passé des heures et des heures à
écrire, j’ai eu d’énormes difficultés dans certains endroits pour trouver des
ordinateurs, j’ai eu des difficultés avec la technique parce qu’au début, je
maîtrisais mal la technique, je maîtrisais mal la langue anglaise et sur les
ordinateurs américains, tout est écrit en anglais, j’avais des problèmes
extrêmement pratiques comme trouver des prises pour transférer des photos,
enfin je me suis heurté à des obstacles incroyables et, malgré tout le travail
que j’ai eu, malgré tous les soucis que m’a procuré cette écriture pendant le
voyage, et la difficulté à écrire car je suis très lent pour écrire, malgré
tout, le blog a été une expérience inoubliable, je crois que si je refaisais le
voyage, je referais exactement pareil parce que il y a deux mots qui ont
caractérisé ce voyage : le premier, c’est l’espace, on en a parlé tout à
l’heure quand j’ai parlé des grands paysages, mais même les routes au milieu
des grands champs de culture, c’est un espace incroyable, on a l’espace pour
soi, et puis quand on est seul, on a l’espace personnel, on a le temps de
rêver, de penser à toutes les choses auxquelles on ne peut pas penser lorsqu’on
est pris par le quotidien. Mais le deuxième mot, à côté d’espace, çà a été le
partage. Beaucoup de gens qui font des voyages grandioses regrettent de ne pas
pouvoir faire partager, moi, je dois dire que le blog, l’écriture du blog m’a
permis presque en temps réel de faire partager, par exemple, pour la traversée
du désert, je suis arrivé le soir à la ville étape à 6h, j’ai passé la nuit là,
j’étais très fatigué. Le lendemain, j’ai fait une petite étape de
Et puis, peut-être,
il me semble, sans le blog, tu ne serais peut-être pas allé au bout de ton
voyage ?
Oui, tout à fait, comme je l’ai dit tout à l’heure, j’ai
vécu des moments très difficiles, bon physiquement, c’est dur, parce qu’au bout
d’un moment, on commence à manquer de force, la fatigue s’accumule, il y a les
petites misères des cyclistes, c’est-à-dire les brûlures provoquées par
les shorts sur la selle, parce qu’on est tous les jours, tous les jours sur la
selle, avec les températures élevées, il y a transpiration, malgré une hygiène
irréprochable, on finit par avoir des petits problèmes, des petites douleurs un
peu partout, à force de pousser sur les pédales contre le vent ou contre les
côtes, on finit par avoir mal aux orteils, enfin il y a tout un tas de petites
douleurs, et souvent on se demande ce qu’on fait là. Eh bien moi je me suis
posé la question un moment, mais après quand j’étais en relation avec tous ces
amis, qui m’envoyaient leurs encouragements, rien que pour eux, je ne pouvais
plus abandonner. J’étais obligé d’aller jusqu’au bout et je dois dire que, je
pense que, sans le blog, j’aurais eu beaucoup de mal à aller jusqu’au bout,
peut-être aurais-je quand même atteint la Californie, mais, disons, en
changeant mon voyage, en faisant du camion stop, de l’auto stop, ou en louant,
par ci, par là, une voiture, alors que là, je peux me targuer d’avoir parcouru
la totalité du continent à vélo.
Bernard, pourrais-tu
brièvement, nous raconter ce qui s’est passé entre le 23 juillet, jour de ton
arrivée à San Francisco et la soirée du 11 août, où l’aéroport de Pau a retenti
d’enthousiastes acclamations ?
J’ai passé quelques jours avec mon épouse sur la côte Ouest et nous avons visité un parc national qui s’appelle Yosemite, et nous sommes allés à Seattle voir les gens qui nous avaient invités. Je voudrais parler du retour qui a été quelque chose d’inattendu, puisque la famille et les amis étaient là ; et on a entendu des hourras, des vivas, des hip hip hourra dans l’aéroport, et il y avait même le jurançon, les autres passagers de l’avion se demandaient ce qu’il se passait. C’était une soirée très sympathique.
Quelle suite as-tu,
ou comptes-tu donner à cette aventure ?
Alors, j’ai réuni quelques amis pour leur présenter un film de photos, nous étions 120, et j’ai fait réaliser par un professionnel un DVD de photos qui dure une heure et qui reprend un peu tout le voyage, sans commentaire, avec simplement des illustrations musicales. Je ne compte pas donner d’autre suite à ce voyage en ce qui concerne son côté public, le blog est encore sur internet, il est très facile de copier les pages et de les imprimer, c’est ce que j’ai fait. Je peux donner si vous voulez l’adresse du site : http://transam-bernard.blogspot.com
Bernard, quels
enseignements tires-tu finalement de ce voyage ? Un blogger te disait
« Tu reviendras de ton périple transformé, encore plus philosophe, encore
meilleur, encore plus homme. » Qu’en est-il ? As-tu changé ?
Il me semble que je suis un peu différent de ce que j’étais avant de partir. Déjà, comme je suis quelqu’un qui a toujours douté, toute sa vie, qui a toujours douté de lui, ce voyage m’a donné un peu plus d’assurance, je me sens un peu plus sûr de moi. Dans la mesure où j’ai traversé des épreuves que je n’avais encore jamais connues, et je les ai affrontées et surtout vaincues avec succès, donc j’ai un peu plus de confiance en moi. Et j’ai aussi une vision un peu plus large des choses, je suis un peu moins attaché aux petites choses, aux petits ennuis de la vie, et je me sens un peu au-dessus de tous les petits ennuis qui nous arrivent.
Bernard, j’aurais presque pu faire l’émission sans toi
en m’appuyant uniquement sur la richesse de ton blog. Bien sûr, il n’y aurait
pas eu la même saveur. J’aurais pu ainsi reprendre tes propos, je cite
« c'est à chacun de nous, avec nos goûts et nos envies, nos certitudes et
nos doutes, nos forces et nos faiblesses, de choisir un domaine, de fixer la
hauteur de barre, de tracer les contours du possible, de donner une définition
de l'extrême… Et bien, après, la question est de savoir si on veut vraiment y
aller et si la volonté est assez forte pour entreprendre ». Une belle
leçon, Bernard.
Cette ouverture,
Bernard, sur « le nouveau Monde » te rend-elle plus optimiste, ou
plus pessimiste sur la nature humaine, sur notre avenir commun au sein de notre
minuscule planète ?
Dans la mesure, où je crois que les deux principaux problèmes de la planète actuellement sont les problèmes environnementaux, et la répartition des richesses entre les riches et les pauvres, je n’ai pas trouvé aux Etats-Unis de grands motifs d’optimisme, vue la manière effrénée dont les américains consomment.
Bernard, une question
bateau et si c’était à refaire ?
Alors, si c’était à refaire, je repartirais parce quand on a un rêve, il faut chercher à le réaliser. Moi, j’ai la chance d’avoir la force physique, d’avoir la possibilité de m’absenter pendant trois mois et demi, d’avoir le budget. Imaginez que je n’ai pas fait ce voyage, j’aurais traîné ce regret toute ma vie et je ne voudrais pas arriver au moment de disparaître et de me dire : tu aurais pu le faire et tu ne l’as pas fait.
Bernard, qu’aurais-tu
envie de rajouter, ou de dire en final ?
Je voulais dire que j’avais été très impressionné aux Etats-Unis par la multiplicité des églises et la religiosité de beaucoup d’américains. Beaucoup m’ont parlé de leur foi, ce qui est très curieux alors qu’en France, c’est un sujet que nous n’abordons que très rarement surtout entre inconnus. La deuxième chose qui m’a surpris aux Etats-Unis, c’est le nombre de drapeaux qui figurent partout sur les maisons particulières, sur les voitures, sur les motos, le drapeau américain qui traduit un nationalisme très vif et qui est, d’ailleurs, un phénomène qui gêne un peu certaines personnes et notamment, comme je le disais avant, les gens chez qui j’étais hébergé, qui m’ont tous dit qu’ils n’étaient pas trop d’accord avec cette exhibition de drapeaux sur tous les lieux et dans tous les domaines.
Cher Bernard, il
m’appartient maintenant de conclure cette 21ème émission.
Je le ferai en deux temps, je rappellerai tout d’abord que
nous sommes bien au cœur de notre émission « Regards du Sud »,
sous-titrée « Comment construire tous ensemble un monde plus
fraternel ? ». Le grand voyageur et éditeur Emeric Fisset, ayant
traversé l’Alaska à pied en solitaire, disait que ce besoin d’aventure qui
invite à se dépasser et ouvre
sur la différence, est une chance inouïe d’ouverture et de compréhension du
monde. Et je rajouterai volontiers « et une chance de fraternité
universelle », comme Bernard, tu nous l’a passionnément prouvé, et comme
j’ai eu le bonheur de te l’exprimer en direct sur ton blog en ces termes :
« il me semble que la qualité de l'écriture, l'acuité du regard,
l'humanité des propos, la beauté des images devraient pouvoir apporter beaucoup
à tous, aussi bien à ceux qui sont dans la souffrance physique ou morale, qu'à
ceux qui ont la chance d'être en santé et dans la plénitude ».
Quant au 2ème temps de cette conclusion, il va de soi, que je m’appuierais sur tes propos, toujours sur ton super blog, lors de ton ultime étape, et je te cite : « Le 23 juillet à 12H51 (heure locale, Pacific time), j'entre dans SAN FRANCISCO. Je ne roule pas vers l'arrivée. Je vais vers l'accomplissement.
Après tant de routes sillonnées, tant de plaines traversées, tant de collines affrontées, tant de montagnes escaladées, après le crépitement de la pluie, la morsure du soleil, la pesanteur de la chaleur, la puissance du vent contraire ou favorable, après les villes, les champs, les prairies, les forêts, les déserts, après toutes ces femmes et tous ces hommes rencontrés, ces visages entrevus, ces relations ébauchées, ces amitiés nouées, après la souffrance et la douleur, le plaisir et l'émerveillement, après le banal et le grandiose, l'heure est venue de l'achèvement ».
L’émission aussi va s’achever.
Merci infiniment Bernard pour ce que tu es, pour le bonheur que tu nous as
procuré en quasi direct durant trois mois, et aussi, bien sûr, pour ta
remarquable intervention d’aujourd’hui.
Il ne me reste plus qu’à vous
annoncer le thème de la prochaine émission, la 22ème de
« Regards du Sud ». Nous nous appuierons sur une récente interview,
pour aller à la découverte d’un des plus grands esprits de ce siècle :
Pierre Rabhi, fondateur et président d’honneur de l’Association « Terre et
Humanisme », un Homme de Parole avec une Parole d’Avenir. Il sera question
du devenir de notre Humanité. Et, pour terminer nous vous souhaitons, avec
notre fraternel bonsoir coutumier, une excellente année 2007 faite de joie, de
paix, d’émerveillement et de courage.
Et à très bientôt.