2ème émission mars 2005
Bonjour à toutes, bonjour à tous. Aujourd’hui 22 février 2005, enregistrement du 2ème épisode de « Regards du Sud », épisode diffusé les 1er et 21 mars.
Le mois dernier, Océane me lançait dans cette redoutable émission en m’interviewant sur mon dernier voyage au Burkina Faso, et sur les raisons de cette émission. J’avais répondu que cette émission tournerait autour d’un paradoxe qui me taraudait depuis au moins 40 ans : d’un côté, le constat qu’il y a des gens et des dévouements exceptionnels partout, la catastrophe de Noël en Asie du Sud Est venait de le prouver s’il en était besoin…..et pourtant nous sommes dans un monde gravement malade, souvent démentiel et d’un égoïsme forcené, impitoyable pour les pauvres, les faibles et les plus démunis de notre petite planète. Est-ce que cela peut continuer longtemps ainsi, avec des riches de plus en plus riches et des pauvres de plus en plus pauvres ? N’est-il pas possible, sans naïveté excessive et sans violences, de construire un monde plus fraternel ? J’avais cité l’appel poignant de Nicomède Biwando, petit producteur de coton à Boni au Burkina Faso. Je le cite à nouveau :
« Il faut dire aux Américains et aux
Européens que nous sommes tous dans un même monde, ils sont des frères, nous
avons besoin les uns des autres. Il ne faut pas qu’ils organisent leur travail
comme s’ils étaient dans un autre monde, à part. Leur façon de faire n’est pas
bonne, puisqu’ils nous empêchent, nous, d’avancer. Qu’ils cherchent une
solution, pour que tous ensemble, eux et nous, nous puissions avancer ».
Voilà, cette émission « Regards du Sud » veut être une tentative de réponse à ce cri de Nicomède. Il paraît important pour les auditeurs d’avoir quelques explications supplémentaires sur le pourquoi, sur le comment, sur les modalités et les ambitions de cette émission. C’est le thème de ce 2ème épisode.
Parlons donc plus longuement de cette nouvelle émission mensuelle. Quelques mots d’abord sur les modalités de celle-ci, la durée sera, en principe, d’une demie heure, avec, grâce à Karine, 1 ou 2 pauses musicales pour vous permettre de souffler, la structure envisagée à priori, sera assez classique en 5 phases :
une introduction assurant à la fois un accueil
des nouveaux auditeurs et pour les plus fidèles, une continuité avec les
épisodes précédents.
un, deux ou trois thèmes plus ou moins
développés, apportant un éclairage sur le sujet.
un survol des actualités significatives aussi
bien locales, que nationales ou internationales.
quelques histoires, poèmes ou contes du Burkina
Faso ou d’ailleurs et enfin,
des références de toutes natures pour ceux qui
voudraient aller plus loin (ouvrages, sites internet, extraits de documents,
évènements,..)
Pourquoi ce titre « Regards du Sud » : parce que, très humainement, nous sommes conditionnés, souvent aveuglés même par ce que nous vivons là où nous sommes, c’est-à-dire dans un pays très riche, où il existe pourtant de nombreux pauvres. « Regards du Sud » essayera d’élargir notre regard aux dimensions du monde en nous situant du point de vue des pays très pauvres comme le Burkina Faso ou le continent africain, sans oublier les pauvres de chez nous.
Le titre aurait pu être tout autre : regards d’Afrique, regards d’ailleurs, regards des tiers et quart monde, regards des pauvres, regards croisés, regards différents,… « Regards du Sud » a été adopté, et si on cherchait un sous-titre plus explicite, ce pourrait être, en réponse au « Cri de Nicomède », le titre-projet suivant :
« Comment
construire, tous ensemble, un monde plus fraternel ? ».
Ce sous-titre exprime à lui seul la folle ambition de cette émission, c’est un défi redoutable et une belle aventure humaine en perspective. Ambition et modestie surtout parce que très nombreux sont ceux qui ont passé leur vie à essayer d’apporter leur contribution à cet énorme projet. Il va de soi que je m’appuierai sur eux pour avancer dans cette émission et ce projet. Ce seront les intervenants majeurs de cette émission. Ils sont de tous âges, de toutes opinions politiques, de tous pays. Il m’arrivera de ne pas nommer l’auteur d’une citation, soit je ne le connais pas ou soit ce sera délibéré de ma part, car souvent un jugement s’établit, alors que l’important, c’est l’idée exprimée.
Assez
parlé en ce qui me concerne, place maintenant à un quatuor d’intervenants qui
souhaitent s’exprimer en relation avec notre projet : le premier, ◄l’abbé Pierre, fondateur des
communautés d’Emmaüs il y a 50 ans, plébiscité par les français, qui a écrit en
1994 et c’est inscrit en très grand sur les murs de la communauté d’Emmaüs à
Lescar, je cite : « La génération actuelle et toutes celles futures
doivent prendre conscience qu’elles ne pourront plus jamais avoir
l’échappatoire de dire « nous ne savions pas ». Aujourd’hui, on sait
l’Afrique, on sait
Une 2ème citation
également percutante, par Nicolas Hulot►,
l’auteur du « syndrome
du Titanic » : Les jours du monde tel que nous le
connaissons sont comptés. Comme les
passagers
du Titanic, nous fonçons dans la nuit noire en dansant et en riant, avec
l'égoïsme et l'arrogance d'êtres supérieurs convaincus d'être " maîtres
d'eux-mêmes comme de l'univers ". Et pourtant, les signes annonciateurs du
naufrage s'accumulent : dérèglements climatiques en série, pollution
omniprésente, extinction exponentielle d'espèces animales et végétales, pillage
anarchique des ressources, multiplication des crises sanitaires. Nous nous
comportons comme si nous étions seuls au monde et la dernière génération
d'hommes à occuper cette Terre : après nous, le déluge…
Ce livre est un ultime cri d'alerte avant de céder au désespoir : si nous ne modifions pas immédiatement notre comportement pour faire " mieux avec moins "…, nous sombrerons ensemble. Nous devons être solidaires du vivant comme du futur…
Un
3ème intervenant, un expert, ◄Joseph Stiglitz, prix Nobel d’économie, ancien
vice-président de la Banque mondiale, ancien conseiller de Bill Clinton, a
écrit en 2002 un ouvrage intitulé « La grande
désillusion » qui est une critique directe du libéralisme
sauvage :
« Aujourd’hui, dit-il, la mondialisation,
ça ne marche pas. Ca ne marche pas pour les pauvres du monde. Ca ne marche pas
pour l’environnement. Ca ne marche pas pour la stabilité de l’économie
mondiale ».
Un 4ème intervenant enfin, Joseph Ki-Zerbo►, grand intellectuel burkinabè, 1er africain agrégé d’histoire à la Sorbonne, il apportait en 1992, un regard concret du Sud. Je cite : « la consommation alimentaire du Nord américain correspond en moyenne à celle de 70 sahéliens et il faudrait 14 milliards de sahéliens pour consommer autant que la population actuelle des USA (Etats-Unis) où l’on engraisse les bêtes avec des céréales, consacrant 700 calories céréalières pour obtenir 100 calories animales. Ce qui constitue un gaspillage alimentaire énorme du point de vue planétaire. Tous les pays du monde sont pourtant invités à imiter le Nord, s’ils y réussissaient, ce serait peut-être l’Apocalypse… ».
Voilà, merci aux 4 intervenants d’avoir introduit notre sujet. Quant à moi, mon rôle essentiel sera de m’appuyer sur une multitude d’intervenants, en apportant modestement mon analyse personnelle et mon propre regard. Pardon d’évoquer un demi instant ma petite personne : pour faire simple, j’ai beaucoup de chance, j’ai beaucoup reçu, j’ai fait de longues études, j’ai la santé et une bonne énergie, j’ai une super famille, j’aime la vie, les gens, la fête, j’ai voyagé, lu, appris, j’ai beaucoup écouté, j’ai eu de multiples engagements, exercé de nombreuses responsabilités en entreprise, en associations, j’ai animé des groupes, conduit des projets, négocié des crises et des conflits, je fais encore plein de choses passionnantes et pourtant, au bout du compte, je sais peu de choses, je n’ai pas de prise sur le monde, le monde est complexe, c’est difficile d’essayer d’être un citoyen du monde éclairé et responsable.
Pardon d’avance pour toutes mes éventuelles maladresses, pour les probables inexactitudes de ma part et merci de me les signaler.
« Comment construire, tous ensemble, un monde plus fraternel ? », s’il fallait détailler un peu plus les objectifs de cette émission au service des auditeurs et de notre projet, je dirais en vrac qu’il s’agit :
D’élargir notre regard pour mieux connaître
notre monde.
D’apporter de la confiance, du sens, de
l’espoir, en particulier aux jeunes, dans notre monde actuel souvent
désespérant.
De rendre hommage, en citant leurs propos
souvent visionnaires, à ceux qui ont apporté leur énergie au projet d’un monde
plus solidaire.
D’informer sur les expérimentations porteuses,
ici et ailleurs.
De partager aussi ce que la vie m’a appris au
cours des années.
De fournir une grille d’analyses de l’actualité
ainsi qu’un cadre de références pour enrichir les opinions et les actions de
chacun.
De donner des pistes pour faciliter l’engagement
de chacun dans ce projet vital et pour multiplier le nombre de ceux qui
partagent cette espérance.
En résumé c’est une invitation à « oser l’utopie » car il a été aussi dit les utopies d’aujourd’hui sont les réalités de demain, et j’ai la conviction raisonnée qu’un monde plus fraternel souhaité par plus de 80% de la population mondiale est possible et qu’il dépend de nous tous.
Valeurs :
Quelques mots souvent présents dans cette émission : paix, partage, solidarité/fraternité, justice, espérance, respect de chacun, appui sur ce qui nous unit, dialogue, pas de polémique, acceptation et richesse de la différence, prise de conscience, distinction entre l’essentiel et l’accessoire, engagements…
Une valeur de tolérance, qui me tient à cœur. Sachant que personne n’est parfait, chacun peut faire des erreurs, chacun peut évoluer et quelque soit l’auteur d’une bonne idée, quelle que soit son étiquette, la bonne idée mérite d’être encouragée.
Ex
thèmes :
A chaque séance, un, deux ou trois thèmes seront abordés, le projet étant vaste, il n’y aura pas de hors sujet, pas de sujet tabou : les sujets potentiels ne manquent pas, j’ai noté l’Etat du monde, l’agriculture, le commerce, ... la paix, la faim et la pauvreté, souveraineté alimentaire, aide alimentaire, micro crédits, les grandes institutions OMC/FMI/BM, commerce équitable, démocratie/politique, OGM, Europe, relations avec la nature, risques naturels, que peut nous apporter l’Afrique ?, science, SIDA, religions, les media, accords de Kyoto, démographie, géopolitique,...Nous parlerons aussi de méthodes (projet, gestion du temps, gestion de la complexité, gestion des conflits).
Une part de l’émission sera consacrée à analyser les actualités du Nord et du Sud, en discernant les événements qui sont porteurs d’espoir.
Il est des périodes, où l’histoire s’accélère,
et il me semble que nous sommes entrés dans une telle période avec des signes
positifs, quelques exemples allant dans ce sens là pris dans l’actualité
récente :
La catastrophe du tsunami en Asie du Sud-Est le 26 décembre 2004 avec la formidable
mondialisation de la générosité des peuples. C’est un authentique vote mondial
des peuples, sans abstention, pour un monde plus fraternel. L’expérience montre
que toute catastrophe, qu’il ne faut surtout pas souhaiter, peut être un
accélérateur de l’histoire,
La tenue simultanée des forums mondiaux
(économique à Davos et social à Porto Alègre) avec
des thèmes voisins (lutte contre la pauvreté, situation de l’Afrique…)
A Davos même, les dégâts humains à l’échelle
mondiale, d’un libéralisme débridé sont exprimés et un éminent professeur
d’Harvard exprime ce qui aurait été sacrilège quelques années auparavant :
« nous avons besoin de régulation par des politiques publiques ».
Des signes de paix se multiplient : dans le
conflit israélo-palestinien, au Soudan avec le processus de paix en cours, au
Sénégal avec l’accord de paix pour la Casamance après 22 ans de conflit
armé,... en Sierra Leone après 11 ans de guerre.
Des avancées existent en Afrique en particulier
avec la création de l’UA (Union Africaine) qui s’est donné comme axe
prioritaire « restaurer la paix pour favoriser le développement » et
également des décisions plus régionales aussi porteuses d’espoir : les 15
pays de l’Afrique de l’Ouest (du Niger, Nigeria, Mali au… Sénégal, Côte
d’Ivoire), ont adopté en janvier dernier une Politique Agricole Commune (PAC),
fondée sur la défense des petits paysans et sur la souveraineté alimentaire,
dont nous reparlerons longuement pour « vaincre la faim ».
La formule « un autre monde est possible », est
maintenant reprise, me semble-t-il par une immense majorité de personnes, c’est
encourageant, bien sûr il faut savoir ce que chacun entend derrière ces mots…
L’information, large et rapide, est un élément
essentiel de la connaissance et de la prise de conscience des situations par
l’opinion publique, et l’opinion publique est un levier essentiel pour l’action
des politiques.
L’année 2005 est une année avec de nombreuses
échéances internationales importantes, année souvent propice à des avancées
positives.
Au niveau des actualités locales, je citerai quelques exemples récents significatifs :
« le réveillon solidaire » de fin
d’année au parc des expositions de Pau, organisé par plusieurs associations Actaa (Association Cultures et traditions d’Afrique et
d’ailleurs), Cap solidaire, Tandem.
La braderie du 20 février à Emmaüs Lescar au
bénéfice de l’Asie du Sud-Est. La communauté d’Emmaüs
effectue un travail extraordinaire….
En cohérence avec les forums sociaux mondial et
européen, le lancement à Pau d’un « forum social local » le 19
février avec des rendez-vous prochains programmés en mars, avril. Tout
lancement de lieu de débat ouvert est à saluer, car cela doit permettre de
dialoguer et d’avancer.
Je pense que tous ceux qui ont pris le train
récemment, auront remarqué dans le souterrain de la gare de Pau un affichage
percutant, à la signature de deux organismes CCFD et Terres Solidaires.
J’ai pris soin, à votre intention, chers auditeurs de copier le texte :
TU MANGERAS QUAND TU SERAS COMPETITIF
(Il
faut réformer les règles du commerce international)
Des
centaines de millions de personnes souffrant de la faim dans le monde sont de
petits producteurs des pays du Sud et de l’Est. Victimes des règles injustes et
déloyales de l’agriculture mondiale. Ils ne peuvent plus vivre et se nourrir de
leur production. Pour lutter contre la faim, il faut soutenir l’agriculture des
pays pauvres et réformer les règles du commerce international.
Aujourd’hui
nous allons faire connaissance avec une jeune fille de 14 ans Talato, avec son village et sa famille. Talato,
en moré, la langue des mossis, une des 60 langues du Burkina, cela veut dire
mardi. Talato est née un mardi, c’est pour cela que
ses parents l’ont appelée Talato.
Mais pour nous, elle représente toutes ces filles nées dans un des 8 000 villages du Burkina Faso. Car c'est la vie au village que nous voulons vous faire découvrir. Et nous nous promènerons à travers le Burkina. Au village, il n'y a pas "l'eau courante", pas de robinet à ouvrir pour laisser couler l'eau. Il faut aller chercher l'eau au fond du puits, souvent à plus de 15m de profondeur, parfois à plus de 50m. Et ça, c'est le travail des filles et des femmes.
Matin et soir, c'est la corvée d'eau. Mais c'est aussi l'occasion de se communiquer les nouvelles. La préparation de la nourriture demande beaucoup de temps. Il n'y a pas de boites de conserves, ni de plats préparés ! Même la préparation de la farine de mil est à faire. Il faut commencer par piler le grain, puis le vanner. Ensuite il faudra l'écraser (le moudre) pour en faire une fine farine. Après, c'est la cuisine proprement dite.
La nuit, pas facile de surveiller la cuisson quand il n'y a pas de lumière : ni électricité, ni lampe à pétrole.
Alors, on allume une paille pour s'éclairer et jeter un coup d'œil dans la marmite.
Malgré tous ces travaux, les filles trouvent quand même le temps de jouer !
Elles aiment bien se retrouver entre elles pour chanter et danser; surtout la nuit quand il y a clair de lune !
Visitons son village.
Des cases rondes, avec un toit en paille sont typiques de l'habitat mossi. C'est que chaque ethnie a sa façon de construire. Chez les samos, les maisons et les cours sont très proches les unes des autres. Chez les mossi ou les dagara, l'habitat est dispersé, avec des champs autour des maisons. Quand la récolte a été bonne, aussitôt, il faut penser à construire des greniers pour la protéger des animaux. Dans un bon grenier, le mil peut être conservé plusieurs années.
Tous les paysans font un petit élevage de volailles : Des poules, mais aussi des pintades. Beaucoup ont aussi quelques chèvres et moutons. Les chrétiens font également l'élevage des porcs. Les villageois construisent eux-mêmes leur maison. Si le village a de l'eau en abondance, ils feront ce travail pendant la saison sèche. Si non, ils profiteront des premières pluies pour s'y mettre; surtout quand une bonne pluie arrive en avance !
Talato en famille
Talato et une de ses
sœurs Fati ont passé la nuit dans une des maisons de
cette cour. Elles se lèvent en même temps que le soleil. Pendant que Talato et sa maman vont au puits, Fati s'occupe de sa petite sœur. Talato et Fati ont passé la nuit dans une des maisons de cette cour.
Elles se lèvent en même temps que le soleil. Pendant que Talato et sa maman vont au puits, Fati s'occupe de sa petite
sœur. Un jour, quelqu'un demandait à Fati :
« Tu n'es pas fatiguée de porter un lourd fardeau comme cela sur ton
dos ? » Elle répondit : « Ce n'est pas un fardeau !
C'est ma petite sœur ! » Au puits, Talato et sa maman retrouvent les autres femmes du village. Chaque matin, chaque soir,
il faut puiser l'eau nécessaire aux besoins de
Les travaux de constructions sont réservés aux
hommes et aux garçons. Ils se font le plus souvent pendant la saison sèche. Ou
au moment des premières pluies, dans les villages qui manquent d'eau. Les
filles sont chargées d'apporter l'eau nécessaire à ces travaux. Tout le monde
participe, même les plus jeunes ! Chacun selon ses forces ! Souvent, toutes les
filles du quartier se retrouvent pour piler ensemble. Comme ça, elles
travaillent dans la bonne humeur, en chantant au rythme des pilons.
La grand-mère de Talato a fini de préparer la farine de mil. Il est temps d'aller la porter à la
cuisine pour le repas du matin. Talato prépare le tô, appelé saghabo en mooré (prononcez sarabo !). Il
s'agit d'une sorte de semoule épaisse préparée avec de la farine de mil ou de
sorgho (cela ressemble beaucoup à la polenta des italiens ou des savoyards). Il
faut également préparer la sauce qui sera servie à part.
Très tôt, chez Talato,
les enfants apprennent à rendre service. Comme ces deux enfants qui
s'entraident pour se coiffer. Ici, les filles ne perdent pas de temps. Tout en
vendant des galettes de mil et des oignons, la sœur de Talato coiffe son amie ! Aujourd’hui, nous laissons à leurs occupations Talato et sa famille, mais promis le mois prochain, nous
reviendrons vers son village et nous parlerons des travaux des champs et aussi
de l’école des adultes.
L’histoire
de Talato est tirée d’un site internet que je
recommande vivement à tous ceux qui sont équipés. Il s’agit du site www.abcburkina.net.
Celui
qui s’en occupe est Maurice Oudet. C’est un père blanc français qui habite à
Koudougou au Burkina Faso, et qui a pris résolument le parti des paysans du
Burkina et du monde afin qu’ils puissent manger à leur faim et vivre. Il est
responsable du SEDELAN (Service d’Editions en langue nationale), qui est un
outil d’information en langues nationales, outil aussi de formation et de
promotion. Son site est remarquable car il y a de très belles photos, des
dossiers,… en particulier un éditorial hebdomadaire intitulé « Vu au Sud,
vu du Sud ». Par exemple, le 11 février dernier, il reprenait un appel
d’organisations paysannes du Sud :
Notre coton se vend mal, car il subit la concurrence de producteurs fortement subventionnés. Nos produits agricoles subissent de plein fouet la concurrence de produits importés à des prix cassés car subventionnés ou de mauvaise qualité. Nous refusons de devenir la poubelle du monde. Aussi, nous demandons des règles internationales justes en faveur d’un commerce équitable. Nous pensons que « le droit de maintenir, de protéger et de développer notre propre capacité de production alimentaire, en respectant la diversité de nos produits et de nos cultures, et sans nuire à la sécurité alimentaire des autres pays » devrait être reconnu par la communauté internationale. C’est ce droit que nous appelons, pour chaque pays ou union de pays, le droit de souveraineté alimentaire.
« Comment
construire, tous ensemble, un monde plus fraternel ? » :
L’énoncé de ce projet peut faire peur, nous irons progressivement, comme si c’était un jeu, avec méthode. Le thème proposé pour le mois prochain pourrait s’intituler « Gestion du projet » et consistera à se poser trois questions essentielles :
« Dans quel monde sommes-nous ? Où
voulons-nous aller ? Comment y aller ? ».
Vaste sujet, rappelons un proverbe africain qui nous livre une partie de la réponse :
« Si les bouches des fourmis s’unissaient, elles
transporteraient un éléphant ».
Fraternellement Vôtre.
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