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17ème émission juillet 2006

(diffusion les 1er mardi du mois à 21h et les 3ème lundi à 20h30)

 

Bovins et Agro pastoralisme en vallée d’Aspe

 

 

Aujourd’hui 17ème émission de « Regards du Sud ». Nous avons le plaisir d’avoir avec nous au studio de « Radio Voix du Béarn » trois jeunes intervenants. Bonjour Messieurs (bonjour). Et donc je suis vraiment très, très heureux d’accueillir ici Xavier Parailloux Caubet, Clovis Héraud et Léo Morlane Hondère qui ont 16 ans et qui sont tous trois en 1ère au lycée agricole de Montardon. Les 4 dernières émissions de « Regards du Sud » étaient consacrées à un récent voyage au Mali dans le cadre d’un projet d’autosuffisance alimentaire en milieu sahélien, avec l’association « Terre et Humanisme » et Pierre Rabhi. Nous étions à Tacharane, à 20km au Sud de Gao, sur la boucle du Niger en relation avec trois ethnies caractérisées toutes trois par une composante pastorale essentielle : les Peuls, les Songhaï et les Touaregs. Eh bien aujourd’hui, nous allons poursuivre sur le pastoralisme avec nos trois jeunes amis, qui sont partis en voyage, à proximité, en vallée d’Aspe avec une intéressante interrogation « Est-ce que les bovins sont adaptés au système agro-pastoral ? »

Avant d’entrer dans le vif du sujet, juste un mot pour expliquer les multiples raisons de leur présence ici et dans cette émission. Je me limiterais à quelques-unes d’entre elles :

  1. la VDB est une radio d’ouverture et de proximité et l’émission « Radio du Sud » se veut une émission d’espoir qui élargit le regard aux dimensions du monde et s’adresse aux jeunes tout particulièrement,
  2. l’agriculture nourricière est essentielle à nos vies et à nos survies, et personne ne devrait jamais l’oublier,
  3. la raison dominante de leur présence à tous trois, il faut bien le dire, c’est eux seuls qui ont pris l’initiative courageuse d’utiliser l’outil radio pour rendre compte de leur stage à leurs professeurs, et aussi pour l’offrir en partage aux auditeurs, et j’ai beaucoup apprécié leur initiative et aussi cette liberté, cette chance qui leur était offerte par leurs professeurs et leur lycée.

Voilà, aussi, le cœur de l’émission sera la présentation aux auditeurs et à leurs professeurs de leurs travaux et de leurs conclusions.

Chers auditeurs, en préalable et confidentiellement, je vous propose une première partie, où nos jeunes amis se présenteront un peu plus et nous expliqueront tout ce qu’il est indispensable de savoir pour profiter pleinement de cette émission. Il devrait être question de vaches laitières, de vaches allaitantes, de vaches taries, de chaleurs, de gestation, de vêlage, de lactation, de bovins viande, de bovins lait, etc.etc.

 

Tout de suite je vais donc donner la parole à chacun pour se présenter aux auditeurs et nous dire son âge, où il habite, ses centres d’intérêt, etc.

….

Encore une question à chacun. Vous êtes tous au lycée agricole de Montardon et j’ai tout à fait compris que vous êtes motivés pour l’agriculture ou l’environnement. Quelle est votre motivation profonde à chacun, et comment elle vous est venue ?

...

Maintenant, nous allons essayer de familiariser les auditeurs avec l’élevage bovin. Peut-être serait-il intéressant que vous racontiez la vie d’une vache ordinaire, en essayant de décrire un cycle complet. Je suis sûr que les auditeurs vont apprendre plein de choses. Qui se lance ?  Xavier.

Partons de la jeune vache, la génisse, dès ses 2/3 ans elle a ses chaleurs périodiques (environ toutes les 3 semaines ) correspondant à ses périodes de fertilité, puis il y a insémination artificielle ou naturelle suivie de la conception à la 1ère ou 2ème saillie (on dit aussi au 1er ou au 2ème service). La durée de gestation est de 9 mois (elle « porte » 9 mois) jusqu’au vêlage, c’est-à-dire l’arrivée du veau. Il faut savoir qu’une génisse est une vache qui n'a pas de veau donc elle n'a pas de lait, alors il faut la faire vêler pour qu’enfin la vache devienne productive. Ensuite, deux solutions soit elle reste quelque temps avec son veau (broutard) et est appelée vache allaitante (on parle de bovin viande), soit le veau est enlevé rapidement et elle est vache laitière pour tirer des revenus du lait (on parle de bovin lait). On parle aussi de vaches taries quand on ne tire plus le lait deux mois avant le prochain vêlage.

On peut dire qu’entre deux vêlages, il y a 12 à 13 mois. La vie d’une vache ordinaire peut se résumer en 9 mois, où elle est pleine et 3 mois entre 2 vêlages. Quelques mots supplémentaires pour préciser qu’il existe des races de vaches laitières et des races de vaches allaitantes. Le cycle de lactation est le suivant : 8 jours de colostrum, très nourrissant pour le veau, puis au bout d’un mois il y a le pic de lactation avant une baisse jusqu'au tarissement 2 mois avant le vêlage.

 

Voilà après cette 1ère partie, nous entrons tout de suite dans le cœur du sujet, avec notre deuxième partie, qui s’adresse celle-ci à la fois aux professeurs, que je salue respectueusement, ainsi qu’aux auditeurs que je salue comme d’habitude très fraternellement.

 

«  Les bovins sont-ils adaptés au système agro-pastoral ? »

 

A la lumière de votre stage en vallée d’Aspe. Comment pensez-vous traiter cette question ?

Le point de départ de notre TPE est un stage en vallée d’Aspe que nous avons effectué durant 5 jours au début de l’année scolaires, du 12 au 16 septembre 2005.

Les visites chez deux éleveurs du village de Lescun, leur témoignage et les informations données par les professeurs qui nous encadraient mais aussi par les intervenants extérieurs, ont amené à une réflexion sur « Les bovins et le pastoralisme ».

Nous traiterons la question en étudiant quatre paramètres communs aux vaches laitières et aux vaches allaitantes qui constituent l’élevage bovin en montagne :

*      la reproduction

*      l’alimentation

*      les installations

*      les aspects vétérinaires

 

Q2- Démarrons donc par la reproduction. Que pouvez-nous en dire ?

Les vaches laitières

            En hiver, au début de l’année, l’éleveur procède à un regroupement des chaleurs donc d’insémination artificielle pour obtenir ensuite un groupement de vêlages et d’automne.

            Ainsi la vache à son maximum de production dispose de toute l’alimentation nécessaire (réserve de fourrages).

            Le groupement de vêlage permet également un groupement des ventes de veaux et un groupement des vaches taries qui vont en estive.

Les vaches allaitantes

            Au début de l’été (juin juillet), l’éleveur effectue aussi un groupement d’inséminations pour obtenir des vêlages printaniers, saison où la vache dispose avec son veau d’herbe abondante dans les prairies autour de l’étable.

            Durant trois mois, la mère pâture et allaite son veau ; elle est ensuite à nouveau inséminée et part en estive jusqu’à fin septembre.

 

Q3-Et donc quelles conclusions tirez-vous de l’analyse de ce 1er paramètre qu’est la reproduction ?

Le paramètre de la reproduction est le seul que l’éleveur peut contrôler (regroupement des chaleurs, insémination artificielle).

De ce fait, il adapte la période des vêlages en fonction de la courbe de lactation et de l’alimentation disponible, selon les différentes saisons de l’année.

Pour les vaches laitières, les regroupements d’insémination sont intéressants pour obtenir des groupes de vaches taries facilitant le déplacement et le rationnement.

Pour les vaches allaitantes, les regroupements des vêlages sont intéressants pour obtenir des lots de veaux du même âge destinés à l’engraissement (broutards).

Ainsi, l’éleveur a adapté la reproduction des bovins au système agropastoral.

 

Q4-Le 2ème paramètre concerne l’alimentation. Est-ce un paramètre important ?

L’alimentation constitue un des paramètres importants permettant de se faire une opinion sur l’adaptation des bovins au système agropastoral.

Les vaches laitières

En production

Les vaches laitières ont besoin d’une ration complète et équilibrée pour fournir une production importante, un bon rendement.

En hiver, cette ration se compose de fourrage (foin et luzerne) et d’aliment complet en granulés intégrant des céréales (maïs, orge, blé) du tourteau de soja, des minéraux et des vitamines.

La ration des équilibrée ; chaque vache bénéficie par jour, de foin à volonté, de 2 kg de luzerne en bouchon, et de 6 kg d’aliment complet (60% de maïs, 10 % de céréales à paille, 10 % de tourteau de soja, 15 % de minéraux (bicarbonate) et 5 % de CMV)

en été, les réserves de fourrage sont épuisées et l’alimentation journalière est constituée alors de pâture à volonté durant la journée, sur l’exploitation, et de 6 kg d’aliment complet (30% de maïs, 40% de céréales à paille, 10% de tourteau de soja, 15 % de minéraux (bicarbonate) et 5 % de CMV)

Les vaches taries

En hiver, les vaches taries sont nourries de foin à volonté ; celles qui sont taries en été de juin à fin septembre montent en estive, propriété communale car en cette saison, l’herbe de la vallée est réservée à la pâture des vaches en production et à la récolte du foin pour constituer les réserves hivernales.

 

Les vaches allaitantes

L’alimentation d’un bovin viande est moins complexe que celle d’une vache laitière. En effet, c’est seulement durant les mois d’hiver de mi-octobre à fin mars que le bétail reçoit une ration constituée de foin à volonté et de 6 kg de maïs grain humide, ration indispensable pour une bonne gestation.

Au printemps, les vaches qui ont vêlé pâturent dans les prés de l’exploitation en compagnie des veaux.

A partir du mois de juin, les vaches allaitantes qui ont vêlé depuis 3 mois quittent leur veau pour partir en estive jusqu’à la fin septembre.

 

Q5- Et maintenant, quelles sont vos conclusions quant au paramètre alimentation ?

La pâture et le foin sont des éléments de l’alimentation communs aux vaches allaitantes et aux vaches laitières produits sur l’exploitation.

Il est à noter cependant que certaines exploitations possédant un nombre de têtes de bovins trop élevé par rapport à leur SAV sont obligées d’acheter du fourrage à l’extérieur.

L’aliment complet et la luzerne donnés aux vaches laitières qui constituent approximativement la moitié de la ration sont achetés à l’extérieur.

Le maïs distribué aux bovins viande correspondant environ à un quart de l’alimentation annuelle est également acheté en plaine : le climat montagnard, le relief et la structure du sol ne permettent pas de cultiver des céréales.

Au vu de ces données, on peut constater donc que l’agriculture de montagne ne répond qu’en partie aux besoins alimentaires des bovins avec cependant une différence notable ; en effet si elle fournit les ¾ de l’alimentation des vaches allaitantes, elle ne pourvoit qu’à la moitié des besoins alimentaires des vaches laitières.

 

Q6-Vous avez cité les installations comme 3ème paramètre. Dites-nous ce que vous entendez par ce mot et puis pouvez-vous nous résumer ce qui vous a paru important ?

1.      Le logement

*      Généralement, les vaches laitières comme les vaches allaitantes sont à l’attache dans des étables situées dans la vallée, près de la maison d’habitation.

*      Les vaches sont sur une aire paillée (coûteux) ou fougère et prennent la nourriture dans la mangeoire devant elles.

*      L’été, les vaches laitières passent la journée dans les prairies autour du bâtiment et rentrent à l’étable le soir pour la traite.

*      Les vaches allaitantes ayant vêlé depuis 3 mois et étant inséminées, sont envoyées en estive, celles qui ont récemment vêlé restent à l’exploitation avec leur veau ; elles sont libres d’aller à l’extérieur et de rentrer à l’étable comme elles veulent.

2.      le matériel de traite

*      La traite a lieu exclusivement dans la vallée, à l’exploitation. Il n’y a pas de salle de traite, elle s’effectue à l’aide d’une trayeuse constituée de pots suspendus déplacés de vache en vache.

3.      la fromagerie

*      C’est une pièce attenant à l’étable, mise aux normes européennes où sont élaborés les fromages ; à côté se trouve le saloir où les fromages sont affinés.

4.      le stockage

*      le fourrage :

*      Il est stocké directement au-dessus de l’étable, sur le plancher.

*      Il est à noter que la ration est distribuée manuellement.

*      les effluents :

*      La litière est sur un caillebotis et la fosse à purin est située sous l’étable.

*      Le fumier est évacué manuellement puis stocké sur une fumière à l’extérieur.

5.      matériel de contention.

*      Ce matériel est utilisé pour faciliter le chargement et le déchargement des bovins qui vont en estive.

*      Le bétail est transporté dans des bétaillères jusqu’au bout de la voie carrossable, le matériel de contention est utilisé pour canaliser les bovins à la descente du véhicule.

*      La même opération a lieu à la descente de l’estive pour faire monter les bovins dans la bétaillère et rejoindre l’exploitation.

 

Q7-Nous avons bien saisi ce paramètre installations. Et quelles sont vos conclusions en la matière ?

Comme pour le paramètre de l’alimentation, on remarque que le bovin viande est plus adapté au système agropastoral que les vaches laitières.

Comme il n’y a pas de contrainte de traite, les vaches allaitantes ont besoin d’un minimum d’installations (4 à 5 mois en estive).

De plus la traite manuelle est trop pénible pour que l’éleveur envisage de monter ses vaches laitières en production.

Les bovins allaitants sont assez bien adaptés au système agropastoral car ils montent l’été en estive ce qui permet de garder l’herbe de la vallée pour les réserves d’hiver. A l’inverse, les vaches laitières en production, en raison des contraintes de traites, restent sur l’exploitation toute l’année.

 

Q8- Si je me souviens bien, le 4ème paramètre était relatif aux aspects vétérinaires. Pour vous, qu’est-ce que cela veut dire exactement et qu’avez-vous appris en ces domaines ?

Choix de la race

*      ◄ Vache laitière : la Brune des Alpes est une race de vache laitière rustique, adaptée aux conditions difficiles de la montagne (relief, température…). Leur morphologie et physiologie favorisent cette adaptation et privilégie la rusticité plutôt que la productivité.

*      Vache allaitante : la Blonde d’Aquitaine est une race de vache à viande naturellement adaptée puisqu’elle est issue de la région et qu’elle est également rustique dans sa morphologie et sa physiologie.         

 

Les contraintes liées à l’estive

*      Les aspects vétérinaires sont une part très importante pour l’agriculture de montagne car sans cela le troupeau pourrait être mis en danger et mettre en danger les autres troupeaux.

*      Le vétérinaire suit le troupeau tout au long de l’année ; c’est lui qui autorise un bovin à partir en estive.

*      Il effectue un test sanguin pour tous les bovins devant partir en estive afin de détecter d’éventuelles maladies comme la brucellose, la tuberculose, l’IBR (une maladie pulmonaire : infection bovine rhino trachéite) ou encore le charbon.

*      Ces maladies étant contagieuses, le vétérinaire ne peut laisser partir un bovin atteint de l’une de ces maladies pour ne pas contaminer les autres bovins en estive.

*      De plus, le carnet de santé du bovin et son passeport doivent être à jour.

*      Lors d’un accident en estive (patte cassée le plus couramment), le bovin doit être hélitreuillé afin que le vétérinaire puisse le soigner.

*      Le vétérinaire permet donc le bon fonctionnement du système agropastoral et constitue un élément essentiel pour le troupeau.

 

Q9-Vous devinez ma question. Dans ces aspects vétérinaires que vous avez définis, quelles sont vos conclusions ?

Ainsi le bovin en montagne, du fait de sa race et du peu de contrainte de prévention spécifique à l’estive, semble adapté au système agropastoral, l’inconvénient majeur est lié au risque d’accident en estive et aux difficultés pour secourir et soigner l’animal blessé.

On peut noter que l’éleveur prend le plus souvent une assurance pour couvrir ce risque qui peut entraîner des frais importants.

Q10-Au stade actuel, nous disposons, les auditeurs, vos professeurs et moi-même, de quatre conclusions partielles. Pouvez-vous maintenant conclure en une synthèse globale, et nous donner votre réponse à la question : « Est-ce que les bovins sont adaptés au système agro-pastoral ? »

Ainsi le bovin en montagne, du fait de sa race et du peu de contrainte de prévention spécifique à l’estive, semble adapté au système agropastoral, l’inconvénient majeur est lié au risque d’accident en estive et aux difficultés pour secourir et soigner l’animal blessé.

On peut noter que l’éleveur prend le plus souvent une assurance pour couvrir ce risque qui peut entraîner des frais importants.

 

Eh bien, merci infiniment Xavier, Clovis et Léo. J’ai beaucoup apprécié de m’immerger dans votre sujet. Je suis très heureux que vous vous soyez lancés dans cette aventure radiophonique. C’était une première pour vous. Ce ne sera pas, j’en suis sûr la dernière. Merci encore et bravo. Mais je voudrais prolonger encore quelques instants cette émission avec quelques questions :

J’aurais envie de poser à chacun la même question d’imagination. Vous avez tous les trois 16 ans. Comment vous voyez-vous dans votre vie professionnelle, dans une vingtaine d’années ? Et il n’est pas interdit de rêver.

Chers jeunes, en final, je voudrais vous dire en vous remerciant très fort que j’ai beaucoup apprécié de vous initier à la radio, et aussi de préparer et d’enregistrer avec vous cette émission. Mon ultime question, posée à chacun sera donc : et vous, qu’avez-vous à dire de cette expérience radiophonique ?

 

Encore un grand merci à tous les trois. Il ne me reste plus qu’à vous annoncer le thème de la prochaine émission, la 18ème diffusée à la rentrée de septembre, le 5 septembre à 21h. Nous tenterons la synthèse de là où nous en sommes actuellement de notre vaste projet : « Comment construire tous ensemble un monde plus fraternel ? ». Et donc, en ce qui me concerne, au boulot et en ce qui concerne les auditeurs, à très bientôt, avec mon amical et fraternel bonsoir.